Par
Nicolas Gosselin
Publié le
20 avr. 2025 à 12h49
« Avec ce sondage, ses alliés peuvent penser qu’il essaie de leur forcer la main », analyse le politologue Jean Petaux, interrogé par actu Bordeaux. Révélée le 18 avril 2025, une enquête d’opinion menée par l’Ifop, sur commande du parti Renaissance dont fait partie Thomas Cazenave, désigne ce dernier comme le candidat idéal pour conduire la liste de la droite et du centre (Renaissance, LR, Modem, Horizons) aux élections municipales 2026 à Bordeaux. Une démarche qui est mal vécue dans le camp de Nathalie Delattre, héritière toute indiquée de Nicolas Florian.
Depuis le décès de Nicolas Florian, l’union est fragile
Alliés au second tour des élections municipales 2020, Nicolas Florian et Thomas Cazenave s’étaient entendus cette fois-ci pour s’unir dès le premier tour en 2026. Restait juste à s’accorder sur l’identité de la tête de liste. La mort brutale de l’ancien maire a renversé l’échiquier. Dès lors, le député Renaissance et conseiller municipal a créé – involontairement ou non – un climat de tension avec ses amis politiques.
Déjà, le 18 février, quand il a pris la parole dans la presse pour se déclarer candidat. On était alors à moins de trois semaines des obsèques de Nicolas Florian. « Il ne respecte pas la période de décence », avait alors réagi dans actu Bordeaux le camp politique du défunt.
Première discorde. La deuxième intervient donc avec cette enquête d’opinion. Joint par actu Bordeaux, Fabien Robert ne veut pas parler de « manœuvre » ou de « trahison » mais ce proche de Nicolas Florian et de Nathalie Delattre souligne « un sondage commandé sans concertation avec [son] groupe politique ».
La confiance semble rompue entre les deux camps
« Thomas Cazenave se prévaut du soutien des Républicains, du Modem et d’Horizons alors que leurs représentants ont clairement affiché leur soutien à Nathalie Delattre. À ce jour donc, cette configuration n’existe pas. L’union, c’est d’abord la confiance, une vision partagée pour Bordeaux plutôt qu’un accord sous la table sur la base de prédictions statistiques », s’agace Fabien Robert.
Pour Jean Petaux, cette réaction n’est pas surprenante de la part du groupe d’opposition Bordeaux Ensemble. « Le risque politique pour Cazenave est là : il donne l’impression de se payer un sondage pour forcer le destin et utiliser des méthodes pas sympathiques pour bordurer Nathalie Delattre », pointe le politologue.
Ce sondage fonctionne davantage comme du sel sur la plaie que comme une cautérisation des plaies entre ces deux blocs.
Jean Petaux
Comme le souligne le politologue, cette friture sur la ligne entre le camp Cazenave et le camp Delattre « fait les affaires d’Hurmic ». « Si les oppositions de la droite et du centre ne s’allient pas au premier tour, elles perdent toutes chances de l’emporter au second tour. En 2020, avec le confinement, Florian et Cazenave avaient eu 14 semaines pour se rabibocher et ils l’ont fait un petit mois avant le second tour. Pourtant, ça n’a pas suffi. C’est difficile de s’accorder en une semaine. »
Fabien Robert en est bien conscient et il ne veut pas écarter d’un revers de main ce projet d’union. Dans une interview accordée à actu Bordeaux en décembre 2024, il disait : « Il y a une règle d’or en politique : unis, on peut gagner ; divisés, on est sûrs de perdre. On ratisse toujours plus large avec un râteau à plusieurs dents. » Autrement dit : « Il faut que ce soit une union qui transcende les cas personnels. »
Quatre mois plus tard, le problème est pourtant bien là. Un camp comme l’autre ne semblent pas prêts à lâcher la tête de liste et tous les moyens seront bons pour essayer de prendre le leadership. Pendant ce temps-là, c’est Pierre Hurmic qui se frotte les mains.
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