Au moment où «les travailleurs et les travailleuses [sont] en position de force», les organisations de salariés fixent «un ultimatum» à Sébastien Lecornu. Au lendemain de la mobilisation du 18 septembre, qui a réuni 1,1 million de personnes à travers la France selon le dernier comptage de la CGT (500 000 selon l’Intérieur), l’intersyndicale a donné jusqu’au mercredi 24 septembre au Premier ministre pour «répondre à [ses] revendications» concernant le budget 2026. Sans quoi, les huit organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) «se retrouveront pour décider très rapidement d’une nouvelle journée de grève et de manifestations», préviennent-elles dans un communiqué lu devant le siège de la CGT par l’un de ses secrétaires confédéraux, Thomas Vacheron.

D’après un responsable syndical, les numéros 1 se sont vus jeudi après-midi à la Bourse du travail à Paris, en marge du cortège qui défilait dans la capitale, pour décider des suites à donner à une première journée de mobilisation considérée comme réussie. Plusieurs organisations, dont la CFTC, ont plaidé pour temporiser, a expliqué le président de ce syndicat, Cyril Chabanier, ce vendredi sur BFM TV : «C’était important de laisser au Premier ministre quelques jours et un petit peu de temps pour envoyer des signes positifs. On poussait ça et on s’est mis assez rapidement d’accord.» La réunion de ce vendredi 19 septembre visait à rédiger le communiqué «conformément aux décisions prises» la veille.

Il en résulte un exercice d’équilibre dans lequel chaque formule est pesée pour convenir aux orientations – parfois très différentes – des uns et des autres. Les revendications soumises aux Premier ministre sont globalement les mêmes que dans le communiqué commun du 29 août. Elles portent notamment sur «l’abandon de l’ensemble du projet de budget» (sont cités le doublement des franchises médicales, l’année blanche sur les prestations, les suppressions de postes de fonctionnaires, la réforme de l’assurance chômage mais aussi «des projets attaquant le code du travail, et le 1er mai»). Les syndicats réclament aussi «la mise en place de dispositifs qui taxent les gros patrimoines et les très hauts revenus», sans citer explicitement la taxe Zucman qui suscite des réserves chez certains. La «conditionnalité sociale et environnementale des 211 milliards d’euros d’aides publiques aux entreprises privées» ressort aussi comme un «point fondamental», précise Thomas Vacheron à Libération.

Enfin, le communiqué demande «l’abandon du recul de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans». Ce qui laisse ouverte la porte aussi bien à une abrogation (retour aux 62 ans), réclamée par la CGT, qu’à une suspension, dont la CFDT a fait sa priorité. En cas de suspension, en raison de la montée en charge progressive de la réforme, la borne de départ pourrait être bloquée à 63 ans.

Jeudi soir, Sébastien Lecornu a annoncé dans une déclaration transmise à la presse qu’il recevrait à nouveau les organisations de salariés ces prochains jours, les «revendications» exprimées par les manifestants étant «au cœur des consultations» qu’il mène actuellement avec les partis politiques.

Mise à jour vendredi 19 septembre à 13h06 : avec les précisions de Cyril Chabanier sur BFM TV.