C’est un joyau caché qui vient de retrouver toute sa splendeur. Pour les Journées du patrimoine, un monument qui se trouve d’ordinaire à l’abri des regards, puisqu’il trône au fond d’une cour fermée de la place de la Bourse à Bordeaux, va être dévoilé : la fontaine de l’Hôtel des Douanes, dite fontaine « à congélations ».
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Toute en pierre, sa restauration s’est achevée il y a quelques jours seulement, et sa remise en eau a été effectuée dans la semaine. La fontaine, qui n’avait pas été touchée depuis près de cinquante ans, avait littéralement disparu derrière la noirceur de la pollution et l’usure du temps.
Deux sculptures n’ont pu être restaurées
« Nous avons d’abord effectué un nettoyage haute pression, puis nous avons appliqué un traitement avec des biocides labellisés pour pouvoir intervenir sur des monuments historiques, et enfin nous avons resculpté les parties nécessaires, explique Jean-Pierre Pires Vaz Meireis, le chef de chantier, de la société Cazenave, spécialisée dans les travaux sur les monuments historiques. Nous avons également réalisé un travail de micro-injection, à l’aide de petites aiguilles, pour combler les microfissures et éviter la pénétration de l’eau. » Malheureusement, les visages des deux naïades situées au sommet de l’édifice, très abîmés, n’ont pu être restaurés.
La fontaine a été remise en eau il y a quelques jours seulement. - Mickaël Bosredon
La remise en eau s’est faite à l’aide d’un nouveau système. « Nous avons créé un petit bassin de 200 litres d’eau, équipé de deux pompes, ce qui permet un circuit fermé, et évite ainsi le gaspillage de l’eau ».
Style « rocaille »
Son nom de fontaine « à congélations » lui vient de ses « motifs dessinés de chaque côté par le sculpteur flamand Jacques Verberckt, qui ressemblent à des stalactites » explique Elvire Dufour, médiatrice culturelle au musée des Douanes. Le monument a été réalisé en 1738 en même temps que l’Hôtel des Fermes du Roi, l’ancêtre de la douane, bâtiment édifié par l’architecte de la place de la Bourse, Ange-Jacques Gabriel, premier architecte du Roi Louis XV. Le site abrite toujours la direction régionale interrégionale des douanes et le musée national des douanes, qui a rouvert en mai dernier.
Cette fontaine « a été réalisée dans un pur style « rocaille », typique de l’époque Louis XV » poursuit Elvire Dufour. Elle est également ornée d’une tête de Neptune codée de roseaux et d’une grande coquille rocaillée.
Cette rénovation « s’inscrit dans la volonté de remettre en valeur le bâtiment des douanes, et sa cour, qui est une des particularités de la place de la Bourse » ajoute Elvire Dufour. Le bâtiment des douanes s’organise en effet autour de cette cour intérieure rectangulaire, qui recevait au XVIIIe siècle les marchandises débarquées des navires, pour leur dédouanement, opéré dans la grande halle qui accueille aujourd’hui les collections du musée.
Premier port de commerce de France au XVIIIe siècle
« La marchandise, essentiellement des matières premières, entrait dans la cour, puis passait par un petit bureau pour être déclarée, était stockée dans la grande halle pour être contrôlée et pesée, et ressortait par une double porte donnant à nouveau dans la cour, qu’elle traversait avant d’être redirigée vers une autre partie du bâtiment, d’où elle ressortait » explique la médiatrice culturelle.
Le bâtiment qui accueille toujours la direction interrégionale des douanes, et le musée des douanes, sera ouvert au public pour les Journées du Patrimoine. - Mickaël Bosredon
« Les trois-quarts des marchandises coloniales étaient ensuite réexpédiées vers l’Europe du Nord », poursuit-elle, rappelant que « Bordeaux était le premier port de commerce en France au XVIIIe siècle, et un grand port international. » Avec cette particularité qu’il était l’un des principaux ports dits « négriers », c’est-à-dire qu’il pratiquait le commerce triangulaire impliquant des esclaves.
Notre dossier sur les Journées du patrimoine
Le bâtiment, classé Monument historique, sera exceptionnellement ouvert au public pour les Journées du patrimoine, qui pourra donc admirer cette cour intérieure d’habitude fermée, et se plonger dans l’histoire du Bordeaux du XVIIIe siècle. Ce sera aussi l’occasion de redécouvrir le musée des douanes.