Omar Diaby, alias Omar Omsen, aurait à lui seul enrôlé plus de 200 candidats au djihad. Le nom de cet ancien braqueur niçois qui, dans sa communication bien rodée, dit avoir trouvé la foi en prison, est considéré comme le principal recruteur de combattants de Dieu du pays.

La France et Nice, Diaby l’a lui-même quitté en 2013, pour son Sénégal natal d’abord, avant de rejoindre la Syrie. C’est dans le nord du pays alors en pleine guerre civile, à bout touchant de la frontière Turque, que le prédicateur a établi sa katibah, son camp de combattants. Dix ans plus tard, le peuple syrien s’est débarrassé de son tyran Bachar al-Assad… Mais pas d’Omar Diaby.

Une bonne décennie après son hijra, cette émigration en terres musulmanes que Diaby, sous le pseudo d’Omar Omsen, prônait sur les réseaux sociaux et auprès des gamins de son quartier d’enfance, à Bon Voyage, deux journalistes lui ont rendu visite dans son fief.


Omar Diaby l’ancien braqueur des quartiers est de Nice devenu recruteur de djihadistes. Photo DR DR.

« Charlot du djihad »

« À l’improviste », précise Noé Pignède de Radio France. « On a tout bonnement toqué à la porte », poursuit son confrère Arthur Sarradin, correspondant au Liban. Les deux reporters voulaient bénéficier de « l’effet de surprise » et ne pas tomber dans la rhétorique bien rodée de ce drôle de djihadiste dont la matrice mentale est plus celle d’un gourou.

Bien qu’inscrit sur la liste noire du terrorisme par Washington, bien que sous le coup de quatre instructions judiciaires en France et recherché par Interpol, l’ancien braqueur niçois « a été surnommé le charlot du djihad », rapportent les deux journalistes dans leur enquête parue ce vendredi dans Libération. Y compris par les services français qui ne le considèrent pas comme une menace directe pour le pays. Et pourtant Omar Diaby continue de recruter de nouveaux adeptes depuis la Syrie, révèlent Noé Pignède et Arthur Sarradin. « Derrière ce sont des familles brisées… Et demain, potentiellement de nouvelles menaces qui pourraient peser sur la France. »

C’est ce que veut mettre en exergue leur enquête. Alors qu’Omar Diaby, le recruteur numéro du djihad français, semble bénéficier d’une « étrange mansuétude » aussi bien de la part de Paris que de Damas. « Tous les émirs de Daesh de son envergure ont été dronés (éliminés par un tir de drone) ou emprisonnés. Mais pas lui. Alors que Diaby retient des enfants en otage, qu’il marie de force des adolescentes de 14 ans », s’étonne Noé Pignède.