14,5 %. C’est, entre juin 2024 et juin 2025, la baisse du prix de vente médian des maisons individuelles à Liffré, selon le dernier rapport de la Chambre des notaires publié ce vendredi 19 septembre 2025. Si la tendance est à la baisse sur l’ensemble du bassin rennais, Liffré est la commune du secteur où la chute des prix de l’immobilier est la plus notable, après Bourg-des-Comptes (-17,4 %).

Selon Éric Levenez, directeur de l’agence La Française immobilière Liffré, « les prix reviennent quasiment à ce qu’on connaissait avant la covid ». Lors de la grande pandémie qui avait paralysé le pays, « beaucoup de gens se sont jetés sur les campagnes, n’importe qui achetait n’importe quoi sans même visiter. Notre boulot ne consistait qu’à ouvrir la porte. » Résultat, « les prix se sont envolés, de l’ordre de 20 à 23 % » dans cette commune rurale située à une vingtaine de kilomètres au nord-est de Rennes.

« Une maison qu’on vendait 400 000 € il y a cinq ans, on la vend autour de 320 000 € aujourd’hui »

Or, cette bulle a éclaté, à Liffré comme ailleurs. « Une maison qu’on vendait 400 000 € il y a cinq ans, on la vend à 300-320 000 € aujourd’hui. Et les vendeurs ont du mal à l’accepter. Ceux qui ont acheté il y a cinq ans pendant la covid et ont réalisé 80 000 € de travaux perdent de l’argent à la revente ». Pour Jean-Denis Lore, responsable de l’agence Laforêt à Liffré, « certains biens pour lesquels on a été sollicité pour faire une estimation ne sont pas à la vente car les propriétaires ont peur de perdre de l’argent ».

Géraldine, qui vit et travaille à Liffré, a vendu sa maison de 150 m² en juillet. Non sans mal. « La maison est restée très longtemps sur le marché, plus d’un an. Elle avait été mise au prix de 430 000 €, mais on s’est rendu compte que c’était vraiment trop haut. » Géraldine s’estime pourtant chanceuse : elle a pu vendre son bien, construit en 2022 dans un lotissement récent, à 390 000 €. « J’ai au final eu beaucoup de chance, je fais une petite plus-value, mais des acheteurs se sont désistés au dernier moment ».

Pour expliquer ces hésitations et revirements des acquéreurs, Éric Levenez évoque, d’abord, la position géographique de Liffré. « Lors de la covid, il y a eu un besoin de campagne. Mais ensuite, quand vous travaillez à Rennes, vous vous rendez compte que l’essence coûte cher et que vous passez du temps dans les bouchons. Alors quand vous avez 400 000 € à mettre dans un bien, vous allez peut-être opter plutôt pour une commune comme Thorigné-Fouillard qui est plus proche de la ville centre et bénéficie de son réseau de transports ».

« On sent un frémissement »

Autre raison : la flambée des taux d’intérêt. « On est passé de 1 % à 4,5 % et la clientèle a perdu 50 000 € de budget », rappelle Éric Levenez. « On voit que les acquéreurs sont frileux, même ceux qui ont tout bouclé au niveau bancaire. Comme le marché est peu dynamique, ils prennent plus le temps d’analyser, sont plus exigeants sur la qualité et ne font pas le saut », ajoute son confrère Jean-Denis Lore.

Pour les professionnels du secteur, pas de quoi se montrer pessimistes pour autant. « On rentre plus de biens depuis la rentrée de septembre et notre base acquéreurs est plus conséquente. » « Le téléphone sonne davantage, confirme Éric Levenez. On sent un frémissement. C’est le bon moment pour acheter, si les vendeurs ne sont pas sourds à la réalité du marché ».