Par
Clémence Pays
Publié le
20 sept. 2025 à 6h42
La cathédrale Saint-Pierre et Saint-Paul de Nantes n’a pas encore livré tous ses secrets. Mais depuis 2023, les archéologues de l’Inrap y travaillent. En effet, ces derniers sont intervenus à plusieurs reprises au sein de l’édifice religieux, dans le cadre du projet de restauration du tombeau du duc de Bretagne, François II et de la duchesse Marguerite de Foix, et plus largement dans le cadre du programme de restauration de la cathédrale, après l’incendie du 18 juillet 2020.
Deux fouilles réalisées
L’Institut national de recherches archéologiques préventives a mené deux opérations de fouilles, prescrites et financées par l’État (Drac des Pays de la Loire/Conservation régionale des Monuments historiques).
La première aux abords du tombeau dans le bras sud du transept ; la seconde dans une tranchée réalisée à travers la cathédrale pour installer un nouveau réseau électrique.
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Communiqué de presse
Le résultat ? La découverte « d’abondants vestiges (maçonneries, sépultures, mobilier, éléments architecturaux) et ont révélé le plan général de la cathédrale romane jusqu’ici inconnu », dévoile l’Inrap.

Le plan de la cathédrale romane a été dévoilé lors des fouilles archéologiques. (© Emmanuelle Collado/Inrap)
Le tombeau a également été démonté intégralement pour être restauré, « donnant une lecture inédite de cet exceptionnel objet de la Renaissance ».
Un travail à découvrir aux Journées du patrimoine
Samedi 20 et dimanche 21 septembre, à l’occasion des Journées européennes du patrimoine, les archéologues de l’Inrap se mobiliseront auprès des services de l’Etat, des restaurateurs et de l’entreprise Lefèvre pour présenter leur travail et les principales découvertes au grand public, sous forme d’exposés et d’animations.
Rendez-vous les 20 et 21 septembre, de 10h à 18h, sous le barnum, place Saint-Pierre, porte côté sud. Gratuit.
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De nouvelles connaissances sur l’histoire du bâtiment
Lors des opérations réalisées par l’Inrap, une cellule spécialisée a usé de la « prospection au géoradar, une méthode d’exploration innovante qui permet de révéler la présence de vestiges enfouis ». Une aide précieuse pour « orienter le travail des archéologues » bien que « seule la fouille manuelle permet ensuite de préciser les structures archéologiques et de les interpréter ».
Ces fouilles ont donc permis de livrer un ensemble de maçonneries de la période romane :
- des murs avec des niveaux de sol associés dans le transept ;
- des murs collatéraux nord et sud de la nef avec leurs contreforts quadrangulaires ;
- un massif maçonné jouxtant le transept sud, « peut-être un clocher ? Une tour d’escalier ? ».
L’emplacement du portail occidental roman a également pu être localisé.
Ces données archéologiques permettent pour la première fois de dessiner avec précision le plan complet de l’édifice roman et d’en percevoir l’ampleur. Jusqu’à présent, seuls la crypte, toujours visible, et le chœur représenté sur d’anciennes gravures et photographies étaient attribuables avec certitude à cette période.
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Toutes ces découvertes permettent d’éclairer les connaissances des archéologues sur l’histoire de la cathédrale avant sa reconstruction progressive au XVe siècle.

Le tombeau de François II et Marguerite de Foix avant démontage. (©Pymouss – Wikimedia Commons)
« Démarrée au XIe siècle, à l’emplacement d’édifices antérieurs pouvant remonter à l’Antiquité, la construction de la cathédrale romane n’a jamais été achevée. Un clocher est attesté par les sources écrites, détruit et reconstruit par deux fois lors d’incendies en 1405 puis 1415 », complète l’Inrap.
Un mobilier archéologique varié
Autre découverte : « un mobilier archéologique très varié », comme des éléments architecturaux, des céramiques, des objets en métal ou en pierre, ou encore de la monnaie.
Dans le transept sud, les archéologues ont par exemple mis au jour les restes d’un sol en tomettes (carreaux de terre cuite) du XVe siècle, tandis que l’étude de bâti a mis en évidence des décors peints sur les murs sud de l’édifice.
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Des spécialistes doivent effectuer des datations, analyser les mortiers et les enduits et établir des comparaisons, afin d’étudier ces vestiges.
Quatre sépultures
Les archéologues ont également trouvé « quatre sépultures isolées et trois caveaux funéraires qui abritent de nombreux ossements ».
Une étude documentaire associée à une étude anthropologique « essayera de préciser le statut des défunts (laïcs ou ecclésiastiques, illustres ou chanoines) et d’évaluer l’état sanitaire de la population enterrée, mais aussi de cerner l’organisation spatiale de cet espace et les pratiques funéraires », détaille l’Inrap.
Des recherches archivistiques compléteront cette phase d’étude afin de proposer une histoire de la cathédrale romane et de son évolution architecturale.
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Un tombeau, trois individus inconnus
La Drac a fait procéder au démontage intégral des œuvres sculptées de la Renaissance française et du tombeau de François II et Marguerite de Foix, les parents d’Anne de Bretagne.
Ce tombeau est considéré comme « le joyau de la cathédrale ».
Les archéologues de l’Inrap ont été associés étroitement à cette opération et ont pu faire de nombreuses observations et découvertes sur les étapes de construction du tombeau et son
évolution.Inrap
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Ainsi, les archéologues étudient les ossements découverts lors de l’ouverture du tombeau, au printemps 2023. « Enfermés dans un coffre en bois, ces derniers semblent provenir de trois individus, qui n’ont pas été identifiés à ce jour. Des analyses sont toujours en cours. »

Des ossements humains ont été découverts dans un coffre en bois, dans le tombeau de François II et Marguerite de Foix. (©Inrap)
Tout au long de la restauration, les observations archéologiques du tombeau se poursuivent. À ce stade, des renseignements sur l’histoire matérielle du tombeau, son démontage à la Révolution et son remontage à la cathédrale en 1817 ont été mis au jour.
Une fois la restauration achevée, le tombeau sera remonté au sein du transept sud.
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