Par

Anthony Soudani

Publié le

20 sept. 2025 à 6h56

Le tribunal administratif de Lyon a confirmé « l’utilité publique » du prolongement du tramway T6, au grand dam du Carrefour Market de l’avenue Roger-Salengro à Villeurbanne (Rhône). La société à la tête du supermarché, qui va perdre 2 000 m² de parking, avait saisi la justice. Elle militait pour un tracé alternatif.

Un prolongement « d’utilité publique »

Pour rappel, le projet doit permettre de relier les Hôpitaux Est au pôle universitaire de la Doua « afin de desservir (…) les centres de vie de Villeurbanne, Bron et Lyon en créant un axe Nord-Sud structurant », commence par rappeler la juridiction dans un jugement en date du 31 juillet 2025 qui vient d’être rendu public.

Il s’accompagne « de la création d’infrastructures cyclables le long du tracé avec 2.100 mètres de zones de mixité piéton/cycle, et de 1.290 mètres de voies dédiées (piste ou bande cyclable) », soulignent les juges. Le coût du projet, déclaré « d’utilité publique » par le préfet du Rhône en janvier 2023, a été évalué à 175,8 millions d’euros.

Une expropriation qui passe mal pour le propriétaire du Carrefour

Mais ce prolongement de la ligne de tramway implique aussi l’expropriation de « quelques parcelles privées », comme celle de la société par actions simplifiée (SAS) Provencia.

Cette dernière – qui gère plusieurs magasins Carrefour en Rhône – Alpes, comme le Carrefour Market de l’avenue Roger-Salengro – va ainsi perdre « 2.170 m² » de parking aérien et d’accès à un parking souterrain.

Dirigée par Roger Rosnoblet, un homme d’affaires classé par le magazine Challenges parmi les 500 plus grosses fortunes de France, elle avait donc saisi la justice.

Les ouvriers pour la première soudure du T6 à Villeurbanne.
Les ouvriers pour la première soudure du T6 à Villeurbanne. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)

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Carrefour Market proposait un tracé alternatif

« L’intérêt d’un tramway en rocade n’est pas démontré par rapport à l’actuelle desserte du territoire en transports en commun », trouvait la société, pour qui ni le « report modal depuis les voitures » ni le « gain de temps » des usagers n’étaient prouvés.

Elle militait plutôt pour un « tracé alternatif » passant par la rue Colin, à Villeurbanne, qui éviterait non seulement certaines expropriations mais aussi « la suppression excessive des possibilités de stationnement » et « la modification du schéma de circulation (…) pour le boulevard Pinel ».

L’objectif est d’aboutir à une « baisse de 2 500 véhicules privés par jour »

Reste que « la prolongation de la ligne de tramway a vocation à favoriser le développement du centre-ville de Villeurbanne en améliorant la desserte de ses lieux de culture et de loisir (…), les universités et des établissements d’enseignement primaires et secondaires, l’hôtel de ville, les hôpitaux Est, ainsi que des projets urbains des Genêts, la ZAC Grandclément, la ZAC Gratte-Ciel centre-ville ou encore l’écocampus de la Doua », énumère le tribunal administratif de Lyon.

Le prolongement du T6 va ainsi relier le « secteur d’emploi important » autour des Hôpitaux Est avec « un secteur en attente de maturité urbanistique appelé à se transformer (…) au niveau du campus de la Doua où sont logés 25 000 habitants ».

Il sera « de nature à permettre la décongestion des lignes de transport en commun existantes » en « fiabilisant » les liaisons nord-sud actuelles, qui « ne sont assurées que par des bus dont la fréquence de passage (…) sont soumises aux aléas de la circulation ».

L’objectif est d’aboutir à une « baisse de 2 500 véhicules privés par jour », révèle le jugement du tribunal administratif de Lyon. Si ce projet venait à ne pas se faire, cela entraînerait « une augmentation du trafic routier liée à l’accroissement de la densité urbaine (…) entraînant une hausse des émissions atmosphériques ainsi que des nuisances sonores ».

Les travaux du tramway T6 dans le centre-ville de Villeurbanne. La campagne de 2026 se jouera autour des nouveaux aménagements dans la ville.
Les travaux du tramway T6 dans le centre-ville de Villeurbanne. (©Nicolas Zaugra/ actu Lyon)Les gains de temps vont rapporter « 1,5 million d’euros »

Son coût, évalué à « 37,8 millions d’euros par kilomètre », n’est au final pas « excessif » : il est « dans la fourchette des (…) projets comparables à Bordeaux, à Tours ou en Île-de-France ». Il permettra même de « réaliser des économies » de « 96 millions d’euros » liés à « la réduction des gaz à effet de serre, les émissions de particules et les nuisances sonores ».

« Les gains de temps (…) permettront de générer pour les usagers (…) un gain de 738.135 heures annuelles, pouvant être chiffrées à 1,5 million d’euros pour la période de 2021 à 2040 », est-il noté.

La « suppression des 686 places de stationnement public sur les 794 existantes » était, elle, « difficilement évitable eu égard au caractère particulièrement urbanisé du secteur », concède le tribunal. Mais « le parking de l’Hôtel de ville de Villeurbanne offre 369 places de stationnement, avec un taux d’occupation compris entre 32 % en semaine et 40 % le week-end », font savoir les juges.

« Il existe également 257 places de stationnement, dont 237 gratuites au niveau du secteur Nord/Poizat, avec un taux d’occupation moyen de 64 %. Ces emplacements disponibles sont ainsi susceptibles de compenser, au moins en partie, la perte des places imputable au projet. »

MJ et GF (PressPepper)

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