Par
Glenn Gillet
Publié le
20 sept. 2025 à 11h14
La présentation du dernier roman de Raphaël Enthoven à la Fnac de Saint-Lazare, à Paris, ne s’est pas déroulée comme prévu pour les organisateurs. Alors que le médiatique essayiste était venu échanger autour de son dernier ouvrage portant sur la maladie et la mort de sa mère, L’Albatros, plusieurs dizaines de militants propalestiniens sont intervenus pour perturber la rencontre vendredi 19 septembre 2025 en début de soirée. En cause : les prises de position de Raphaël Enthoven sur la situation à Gaza.
« Il n’y a aucun journaliste à Gaza »
Partisan d’une offensive israélienne dans l’enclave palestinienne afin de libérer les derniers otages et de détruire le Hamas, Raphaël Enthoven est accusé de « sionisme » par ceux qui dénoncent le « génocide » de la population gazaouie commis par Tsahal. Le 15 août, après l’assassinat de plusieurs journalistes présentés par Israël comme des membres du Hamas qui avait provoqué un tollé jusqu’à susciter la réprobation du ministère français des Affaires étrangères, Raphaël Enthoven avait affirmé sur le réseau X qu’« Il n’y a aucun journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d’otages avec une carte de presse ». Pourtant selon Reporters sans frontières, ce sont bien plus de 220 journalistes qui ont été tués par l’armée israélienne depuis le 7 octobre 2023.
Il avait rétropédalé quelques semaines plus tard, jugeant sa déclaration « malheureuse » et affirmant : « Je n’aurais jamais dû écrire la phrase ‘Il n’y a aucun journaliste à Gaza’», ajoutant que « même si des combattants du Hamas n’hésitent pas à porter des gilets presse, même si des dizaines de pseudos journalistes sont en réalité là-bas des cadres de l’organisation terroriste, même si c’est difficile, impossible de travailler là-bas sans que le Hamas ne vous surveille, il y a sur place des gens qui tentent, au péril de leur vie, d’exercer leur métier dans l’indépendance et il faut leur rendre hommage », estimant que ces journalistes sont des « cas particuliers qui méritent qu’on les honore ».
Cette nuance apportée par Raphaël Enthoven n’a pas suffi à calmer la colère des soutiens des Palestiniens, qui se sont donc mobilisés pour tenter d’empêcher son intervention à l’appel notamment de la CGT Fnac Paris, de l’association Coordination des appels pour une paix juste au Proche-Orient-EuroPalestine, qui dénoncent par ailleurs le choix même de la Fnac d’avoir invité Raphaël Enthoven Une démarche encouragée notamment par le député de Seine-Saint-Denis Thomas Portes (La France insoumise).
Interventions, chants et drapeaux dans la Fnac
Sur des vidéos publiées sur les réseaux sociaux aussi bien par des partisans de Raphaël Enthoven que par des militants propalestiniens ainsi que par l’agence CLPress, tous présents sur place, on voit notamment des militantes se lever au milieu d’un public de quelques dizaines de personnes pour accuser dénoncer le fait que les journalistes assassinés à Gaza « ne sont pas des terroristes » ou accusant encore l’écrivain d’être « pro-génocidaire ». Elles sont alors rapidement expulsées de la salle par des agents de sécurité. Des dizaines d’autres militants ont également déambulé dans les rayons du magasin en criant, drapeau palestinien à la main, « Free Palestine » ou encore « Nous sommes tous des enfants de Gaza ».
Face à cette mobilisation, l’essayiste a réagi sur le réseau X : « À tous ceux qui croient réussir, par l’intimidation, à m’empêcher de parler, comme au misérable député qui les y encourage (Thomas Portes, NDLR) : vous ne me faites pas peur et vous ne me ferez jamais taire. Je vais où je veux. Je dis ce que je veux ».
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