Maverick Viñales fait contre mauvaise fortune bon cœur depuis son retour de blessure. Touché à l’épaule en Allemagne, avant la pause estivale, il a été stoppé net dans une saison jusqu’ici très réussie. Si réussie que c’est lui, pourtant débutant sur la KTM, qui a donné la première impulsion au clan autrichien pour que s’améliorent les performances, avant l’arrivée de mises à jour dont il ne parvient pas à tirer profit.
Depuis cet accident survenu lors des qualifications du Sachsenring, et lors duquel il a tapé les protections de bord de piste sous la pluie, le pilote espagnol doit faire preuve de la plus grande patience. Sa première tentative de retour a due être avortée en Autriche, et c’est finalement à Barcelone qu’il a repris la compétition.
Il vient désormais d’enchaîner deux week-ends de compétition, auxquels s’est ajouté un test à la suite du GP de Saint-Marin, et ce en se limitant finalement très peu puisqu’il est allé au bout de toutes les courses à la seule exception de l’épreuve italienne, où il est tombé. Viñales a d’autant plus de mérite qu’il a expliqué ne pas s’attendre à retrouver sa pleine condition physique avant plusieurs semaines.
Il aborde ces Grands Prix comme une manière d’entretenir son physique et d’aller chercher ce qui lui manque : du muscle. Cela lui impose néanmoins d’accepter de faire l’impasse sur toute quête de performance, alors qu’il figurait dans le top 10 du championnat avant sa blessure.
« Il est évident qu’il est difficile d’accepter le fait d’être plus passager que pilote, mais c’est comme ça, il faut l’accepter », expliquait le pilote Tech3 après le sprint de Misano, qu’il a terminé à la 15e place.
Maverick Viñales a perdu cinq places au championnat depuis sa blessure.
Photo de: KTM Images
« Dans certains secteurs, je suis compétitif, alors que dans d’autres, j’ai plus de mal pour le moment. Le secteur 3 a toujours été l’un de ceux dans lesquels j’ai été le plus rapide à Misano, mais cette année, je ne peux pas piloter la moto. Je n’arrive pas à tenir la moto et je ne peux pas rouler vite, donc je perds au moins deux ou trois dixièmes à chaque tour, et en course, ça fait beaucoup. »
« Évidemment, on sent bien que l’on pourrait être beaucoup plus proches du sommet, mais pour l’instant, la situation est celle-là. Il faut vraiment l’accepter et continuer le travail que l’on fait », ajoutait Viñales pendant le week-end, lui qui s’est fixé pour première priorité de réussir à bien se caler dans la bulle de sa moto, ce qu’il peine à faire pour le moment.
Dès que j’aurai des muscles, toute cette douleur disparaîtra du jour au lendemain.
Lundi, alors que se tenait un rare test ouvert aux titulaires, il a dû là aussi tirer un trait sur tout travail de fond. « Il s’agissait de faire des tours, de mettre de la pression sur l’épaule et de voir comment ça se passe pour les prochains jours. Je pense que je peux essayer des choses désormais, mais je ne sais pas si mes sensations seront bonnes, car je me bats avec la moto à chaque tour et je n’arrive pas à la pousser à 100%. Donc pour moi, ça n’a aucun sens d’essayer quoi que ce soit », soulignait-il, sans montrer le moindre signe d’agacement.
« Chaque jour est important pour moi. Il faut travailler dur et si ça fait mal, ça fait mal. Pour l’instant, je dois travailler dur, et je sais très bien que si je renforce mes muscles, ce sera beaucoup plus facile », a ajouté Viñales, qui doit momentanément faire l’impasse sur le travail en salle puisqu’il ne peut pas soulever de poids, et privilégie donc les roulages à moto sur une piste de karting.
La douleur se réveille après les courses
Le manque de force est ce qui le limite aujourd’hui le plus, à tel point qu’il n’a pas vraiment d’autre choix que de se montrer patient. « Mon problème, c’est que je manque de force. Quand on a mal, on peut prendre des antidouleurs, oui, mais pour la force… Ce n’est pas comme si on prenait des antidouleurs et que la force était multipliée par 1000 ! »
« Par exemple, il m’a fallu deux ou trois tours après le départ du sprint pour trouver mon rythme », expliquait-il encore à Misano. « Je dois m’adapter à chaque situation, à la façon dont mon épaule se sent. Le matin, elle est beaucoup plus mobile, et l’après-midi, elle est vraiment rigide. La façon dont je me positionne sur la moto est donc également différente. Je fais avec, mais je pense que c’est plus une question de force que de douleur, c’est ce que je ressens. »
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La douleur est en revanche plus présente après l’effort qu’il livre sur la moto. « Pendant la course, probablement grâce à l’adrénaline, je ne la sens pas. Mais dès que je me suis arrêté, et dans les dix minutes qui ont suivi, c’est comme si quelque chose me coupait à l’intérieur, ça brûlait énormément après le sprint », relatait-il samedi en fin de journée. « Par contre, pendant le sprint, je ne sais pas si c’est parce que j’étais avec les autres pilotes, mais je roulais, je ne ressentais pas trop la douleur. C’est après, et pendant la nuit. »
« La nuit, c’est le pire, car dès que je suis immobile, j’ai mal », ajoutait le pilote Tech3, qui avoue dormir peu. « Je bouge beaucoup, je change de position toutes les demi-heures, mais c’est comme ça. Il faut résister et continuer à construire. Je sais que quand je reprendrai des muscles, la douleur disparaîtra, car ce sont les muscles qui tiendront. Pour l’instant, je force sur les articulations, les ligaments, tout, parce que je n’ai pas de muscles. Dès que j’aurai des muscles, toute cette douleur disparaîtra du jour au lendemain. »