Conteur et vulgarisateur hors pair, François Reynaert nous revient, non avec l’une des grandes synthèses dont il a le secret ( « La grande histoire du monde », «Nos ancêtres les Gaulois, et autres fadaises») mais avec une déambulation dans le Paris méconnu des exilés : Arabes, Polonais, Russes, Noirs d’Afrique ou d’Amérique…
De l’Égyptien Rifa’a al-Tahtawi en 1826 – auteur d’un récit de voyage, « L’or de Paris », qui a marqué le monde arabe- aux futurs leaders asiatiques Deng Xiaoping ou Pol Pot, sans oublier les artistes (Frédéric Chopin, Nina Berberova ou encore Joséphine Baker), ils sont si nombreux à avoir vécu un moment à Paris, dans des quartiers et des contextes historiques que l’auteur prend toujours soin de nous présenter sans nous noyer sous son érudition.
Quelques uns viennent pour s’instruire, se perfectionner, attirés par la réputation culturelle et historique de la capitale. Mais le plus souvent ils arrivent comme proscrits, fuyants des vies impossibles chez eux. Sans que les Parisiens en aient conscience – et cela n’a sans doute pas changé aujourd’hui-, c’est le fracas du monde qui résonne ainsi mezza-voce sous l’obélisque de la Concorde, sur les pavées des grands boulevards ou dans les loges du Théâtre des Champs-Elysées: révolutions avortées, pogroms, flambées de racisme et catastrophes économiques se conjuguent pour pousser vers Paris des hommes et des femmes en quête d’un présent supportable, sinon de lendemain qui chantent.
Avec cette matière foisonnante – de quoi nourrir des dizaines de romans -, François Reynaert livre un récit passionnant, surprenant, clair et jamais avare ni d’humour, ni d’humanité. On en redemande.
Avec cette histoire des exilés à Paris depuis le XIXe siècle, François Reynaert «un tour du monde qui peut se faire avec un ticket de métro». Flammarion
François Reynaert, «L’histoire du monde passe par Paris: vie et destin des exilés dans la capitale». Flammarion, 360 pages (23€; e-book: 15,99€).