EN BREF
- Cédric Jubillar est jugé à Albi pour le meurtre de son
épouse Delphine, disparue en décembre 2020 à
Cagnac-les-Mines. - Le village de Cagnac-les-Mines est marqué par cette
affaire judiciaire, avec une maison inachevée et un mémorial en
souvenir de Delphine. - Les habitants, fatigués par l »attention médiatique,
espèrent des réponses tout en redoutant le retour du tumulte autour
du procès.
Cagnac-les-Mines, paisible
bourgade du Tarn, se retrouve de nouveau sous les projecteurs. Ce
lundi, à quelques kilomètres de là, s’ouvre à Albi le procès de
Cédric Jubillar, accusé du
meurtre de son épouse
Delphine, disparue dans la nuit du 15 au 16 décembre
2020.
Depuis cinq ans, ce village de
2 600 habitants vit au rythme des rebondissements judiciaires.
Derrière ses lotissements discrets et ses rues désertes, il porte
encore les stigmates d’une affaire devenue
nationale. Une maison inachevée, celle des Jubillar,
rappelle chaque jour cette nuit tragique où une
infirmière de 33 ans s’est volatilisée, laissant
derrière elle deux enfants et un mystère jamais élucidé.
L’affaire Jubillar, « les gens
en ont marre »
Ce samedi 20 septembre, nos
confrères de 20 Minutes ont publié un reportage
qui décrit la maison des Jubillar comme un décor figé
dans le temps : murs bruts, fenêtres sans rideaux,
parpaings empilés et un chemin envahi de ronces. Devant, une Clio
blanche immobile et un mémorial de fortune où s’accumulent fleurs,
photos et pancartes qui réclament « Justice et vérité pour
Delphine,
Louis et Elyah« .
Mais autour, le silence
domine. Les habitants se protègent des micros et des caméras.
« Si c’est pour les journaux,
passez votre chemin, je ne parlerai pas », lâche une voisine
agacée, interrogée par nos confrères. Un commerçant du centre-ville
résume le sentiment général : « C’est une petite communauté. Les gens en ont marre
qu’on leur parle de ça. C’est passé, maintenant. Mais avec
le procès, ça va revenir, c’est sûr. » Dans les cafés, le sujet
revient malgré tout, glissé entre deux conversations sur le travail
ou la rentrée. Mais les regards s’évitent, les mots se coupent
vite. « Ras-le-bol », souffle un client avant de
retourner à son café, comme pour mettre un terme à une discussion
qui n’a que trop duré.
« Je
veux savoir ce qu’il s’est passé »
Parmi les voix rares qui
acceptent de se livrer, celle d’une habitante de 79 ans, croisée au
soleil par les reporters. Elle admet son obsession pour cette
affaire : « Je ne les
connaissais pas, les Jubillar, pourtant Dieu sait que je vais
souvent à l’hôpital où elle travaillait. Je veux savoir ce qu’il
s’est passé. En tant que femme, en tant que mère, et grande
curieuse aussi ! »
Des mots qui traduisent une
curiosité mêlée à l’inquiétude qui persiste. « C’est fou, cette histoire. On est si calme ici,
normalement. Je n’arrive pas à croire que ce soit arrivé chez nous.
On nous embête parfois avec toutes ces questions, mais je
comprends. C’est une histoire qui marque. » Dans ce
village où tout le monde se connaît, le procès réveille des
blessures enfouies. Les habitants attendent que la justice apporte
enfin des réponses. Mais beaucoup redoutent aussi le retour du
tumulte médiatique qui, depuis 2020, a bouleversé leur
tranquillité. « Chacun restera
dans son coin de toute manière, quoi qu’il arrive », souffle un
habitant résigné.