Objectif de septembre : garder la frite. Et elle ne manque pas d’occasions de briller. En librairies d’abord, avec Ma frite adorée de Marie-Laure Fréchet, journaliste et présidente de la toute jeune Confrérie de la frite fraîche maison, créée à Arras en 2023. À Lille ensuite, où près de 30 .000 tonnes ont été englouties lors de la braderie. Et à Arras enfin, qui accueillera samedi la troisième édition du championnat du monde de la frite, organisé avec la complicité de cette même passionnée.

Originaire du Pas-de-Calais, Marie-Laure Fréchet défend avec ferveur ce patrimoine culinaire. Son dernier opus, un petit livre jaune… frite, est un véritable manuel de la frite maison : choix des pommes de terre - bintje, agria ou artemis -, forme de découpe (paille, allumette ou pont-neuf ?), duel entre graisse de bœuf et huile végétale (la seconde n’étant pas la plus écologique, la première permettant à la fois de recycler un sous-produit animal plus stable en cuisson - six bains avec le gras de bœuf contre deux seulement avec l’huile végétale).

Sans oublier la question cruciale du type de friteuse. Même si près d’un tiers des foyers français s’équipent désormais d’un air fryer, star du petit électroménager, les puristes rappellent qu’une vraie frite se plonge dans l’huile. Marie-Laure Fréchet livre aussi ses bonnes adresses - des Hauts-de-France à Bruxelles en passant par Paris -, les recettes de sauces légendaires et quelques plats d’accompagnement de Sa Majesté la frite.

Indétrônable sur la table familiale comme au restaurant, elle défie les modes. Depuis qu’Antoine Parmentier lui a donné ses lettres de noblesse, elle a circulé de banquets en bistrots, s’embourgeoisant parfois telle la frite soufflée, flirtant avec l’exotisme de la patate douce, s’essayant aux épices et aux herbes aromatiques, godillant avec les diktats du bien-manger, moins de sel, moins de gras…

Ma frite adorée Paris-Lille-Bruxelles : sur la route de la frite - Carnet de recettes et d'adresses Marie-Laure Fréchet, Valérie Lhomme.« Ma frite adorée – Paris-Lille-Bruxelles : sur la route de la frite – Carnet de recettes et d’adresses », de Marie-Laure Fréchet, Valérie Lhomme. (Crédits : LTD/Valérie Lhomme ; DR)

Mais elle n’a jamais renié son essence : croustillante dehors, moelleuse dedans. L’industrialisation a bien tenté de nous refiler ses clones surgelés, préfrits et calibrés. En vain : les vrais amateurs savent qu’une frite digne de ce nom naît d’une pomme de terre fraîche.

C’est précisément cette authenticité que le championnat du monde met à l’honneur. Et Arras n’a pas été choisi au hasard : l’Artois concentre de nombreux producteurs de pommes de terre, compte au moins quinze friteries - davantage qu’à Lille – et peut se targuer d’avoir donné au tubercule un pionnier illustre, le botaniste Charles de L’écluse, bien avant Parmentier. Capitale mondiale le temps d’une journée ? Assurément.

Le succès des deux premières éditions (50 .000 visiteurs) laisse présager une nouvelle affluence record. Cinq catégories seront primées : frite authentique, familiale, créative, du monde et sauce frite. Tout se déroulera sur la Grand-Place, transformée en village festif avec dégustations, master class, lancer de frites, course de sacs à patates et, pour clore, une soirée disco frites. Les plus passionnés pourront même être intronisés par la confrérie. Car, comme aime à le rappeler Marie-Laure Fréchet : « Mangez des frites et faites des frites, c’est un acte de résistance. »

Carnet d’adresses

📍À Paris, Savy, 23, rue Bayard (8e)
La brasserie à l’ancienne qui propose de vraies frites maison.

📍Dans le Nord
Friterie Mestré, 305, rue Léon-Gambetta (Lille).
Le gagnant du championnat du monde de la frite 2023.

📍En Belgique
Maison Antoine, 1, place Jourdan (Bruxelles).
Des frites maison servies dans d’énormes cornets  !