Le 12 février 2024, la première pierre de la nouvelle usine de Rheinmetall était posée à Unterlüß, en Basse-Saxe (Allemagne). Seulement quinze mois plus tard, mercredi 27 août 2025, le conglomérat allemand de défense a inauguré ce qui doit devenir la plus grande unité de production de munitions d’Europe. L’investissement global approche les 500 millions d’euros.


Tous présents sur place, le chancelier Olaf Scholz, le ministre de la Défense Boris Pistorius et le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte ont insisté sur son importance stratégique. «L’industrie de l’armement allemande, européenne et transatlantique compte plus que jamais», a martelé Mark Rutte, rappelant que Moscou comme Pékin gonflent leurs arsenaux «à très grande vitesse».


Une montée en puissance éclair


Le temps record du chantier de l’usine baptisée «Artillery Plant Lower Saxony» illustre la nouvelle doctrine industrielle allemande qu’on appelle localement Zeitenwende, le «tournant historique». Dès cette année, le site produira 25000 munitions d’artillerie de 155 mm de dernière génération, capables d’atteindre des cibles à 30 ou 40 kilomètres. La cadence grimpera rapidement : 140000 unités en 2026 puis jusqu’à 350000 à partir de 2027. À terme, l’usine intégrera également une production de moteurs pour roquettes.


L’installation couvre près de 30.000m² – soit l’équivalent de cinq terrains de football – répartis entre une unité de remplissage des projectiles explosifs (11800 m²) et une zone dédiée aux corps d’obus (18000 m²). Environ 350 salariés y travailleront directement, auxquels s’ajouteront plus de 150 emplois liés à la future unité de propulsion, sans compter les centaines de postes induits dans la sous-traitance et les services.


Répondre à la pénurie européenne


L’Europe souffre depuis plusieurs années d’un déficit flagrant de capacités en munitions lourdes. En Allemagne, la production d’artillerie restait limitée à de faibles volumes depuis la fin de la guerre froide. Or, la demande des forces armées occidentales s’est envolée avec l’invasion de l’Ukraine par la Russie, faisant apparaître une dépendance stratégique aux importations. Désormais, Berlin comme l’OTAN entendent sécuriser un approvisionnement souverain.


Un site déjà stratégique


L’ouverture renforce encore l’importance d’Unterlüß, déjà plus grand site du groupe Rheinmetall au monde, avec ses 60 km² de superficie, dont une immense zone de tests balistiques à ciel ouvert et ses plus de 3200 salariés. C’est là qu’a déjà lieu la modernisation du blindé Puma, la mise au point du futur canon de 130 mm destiné aux chars de combat, la production de composants pour le Leopard 2 ou encore recherche sur les armes laser.


Pour Olaf Scholz, la nouvelle usine s’inscrit dans une logique plus large : celle de construire une base industrielle et technologique européenne capable de répondre à long terme aux besoins militaires du continent. «Nous ne pourrons relever ce défi qu’en mettant en commun nos commandes», insiste le chancelier, appelant à une coopération renforcée entre industriels et États membres de l’Union.

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Céline Ropiquet, cheffe d'orchestre de la transformation informatique de Safran Electronics & Defense