Par

Enzo Legros

Publié le

21 sept. 2025 à 7h42

Vivre au rythme des malaises, des vomissements et des douleurs extrêmes est devenu, comme pour de très nombreuses femmes, le quotidien de Myriam Mariyalzi. Atteinte d’endométriose pelvienne profonde, une maladie dont on ne guérit pas et qui ne s’arrête jamais, elle a vécu un calvaire au collège, au lycée et continue de le vivre dans sa vie de tous les jours. Habituée à être seule face à sa maladie, cette étudiante en lettres classiques de Toulouse ressent, depuis la rentrée 2025, un soulagement immense.

Dans l’université qu’elle vient d’intégrer, les femmes atteintes d’endométriose peuvent bénéficier d’un congé menstruel. Deux jours par mois, qui ne coûtent rien, mais qui changent tout. Témoignage.

Une maladie redoutable

Myriam Mariyalzi habite à Auterive, dans le Tarn-et-Garonne. Tous les matins, elle prend le train pour rejoindre l’établissement dans lequel elle étudie depuis la rentrée, l’université de Toulouse Jean-Jaurès. La plupart du temps, elle mène une vie d’étudiante semblable à celle de ses amies. Mais chaque mois, vient un moment qu’elle redoute, celui pendant lequel s’exprime son endométriose.

« On a des crises dont la douleur est tellement sévère qu’on en perd connaissance », témoigne l’Auterivaine. Des anecdotes embarrassantes, elle en aurait beaucoup trop à énumérer. « Je me suis déjà évanouie dans la rue, à la gare, à me réveiller à l’hôpital », raconte-t-elle. Contrainte d’endurer la douleur tout le long de sa scolarité pour ne pas manquer les cours, elle peut enfin souffler. À l’université toulousaine, le droit à l’absence lui est accordé.

Le congé menstruel, une grande nouveauté à Toulouse

À Toulouse Jean Jaurès, cela fait maintenant un an que le congé menstruel est intégré au règlement intérieur de l’établissement. La première université à avoir testé ce dispositif dans la Ville rose a été rejointe à la rentrée 2025 par l’Université de Toulouse, ex-Paul Sabatier, qui entre en phase de test sur la durée de l’année scolaire 2025/26.

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Pour Myriam, la démarche est simple. « Il faut juste prévenir nos enseignants, tout simplement, et il y a une dame qui s’occupe de la vie des étudiants. On doit prendre rendez-vous avec elle pour la prévenir aussi », explique la jeune étudiante. Ce « congé », qu’il conviendrait d’appeler plus justement une « absence justifiée », correspond à deux jours, forcément successifs.

Un réel handicap pour les études

Cette nouveauté est essentielle pour les personnes qui souffrent d’endométriose ou d’autres maladies causant des dysménorrhées, les douleurs abdominopelviennes précédant ou accompagnant les menstruations, tant les impacts sur la concentration et le confort de vie sont importants.

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« Il y a un réel handicap avéré pour les étudiants et leur capacité à étudier », confirme Thierry Brillac, médecin généraliste et responsable du pôle santé de la femme au département universitaire de médecine générale des facultés de Toulouse.

Lors des crises, on est dans l’incapacité la plus totale de prendre une douche, donc si on met ça dans le contexte des études, avec ce que ça demande déjà comme énergie, c’est quand même assez intense.

Myriam Mariyalzi
Etudiante à l’université Toulouse Jean-Jaurès

Beaucoup de femmes ignorent leur endométriose

Que ce soit à l’Université Jean-Jaurès ou à l’ex Paul-Sabatier, avoir un diagnostic officiel d’une maladie causant des dysménorrhées n’est pas un prérequis obligatoire. La raison est simple : le nombre de femmes vivant, sans le savoir, avec l’endométriose est considérable. « Le diagnostic est plus simple chez des personnes âgées que chez les jeunes filles », développe Thierry Brillac.

Les expressions entendues lors de la puberté comme « il est normal d’avoir des douleurs pendant les règles » peuvent retarder le diagnostic, qui intervient en moyenne 7 à 10 ans en retard, selon l’institut IFEM Endo. « Lorsqu’une jeune fille se plaint de douleurs, il faut l’entendre », préconise Thierry Brillac, qui rappelle que les douleurs liées à l’endométriose ne peuvent être qu’atténuées, mais se ressentent toujours.

« Au collège, j’ai dû me droguer pour aller en cours »

Le soulagement de pouvoir compter sur deux jours d’absences justifiées n’est pas négligeable pour Myriam, qui reçoit sans problème les cours à distance.

C’est déjà deux jours de répit dans le mois où on peut se poser sans angoisse, sans stress, sans se dire qu’on n’a pas le soutien de nos enseignants. Je trouve ça juste… C’est une super initiative et il faudrait que ça soit généralisé.

Myriam Mariyalzi
Atteinte d’endométriose pelvienne profonde

Elle espère que cette avancée dans le domaine du droit des femmes permettra une prise de conscience plus large, et évitera aux futures collégiennes et lycéennes de vivre ce qu’elle a enduré. « J’ai dû parfois me droguer pour aller en cours », confie l’étudiante toulousaine.

Quand elle usera du congé menstruel cette année, peu de choses changeront pour sa vie privée. « Qu’il faille m’emmener à l’infirmerie à l’école ou que je souffre chez moi, le résultat est le même pour moi », indique-t-elle, avant de remettre en lumière toute la simplicité de cette mesure qui vaut beaucoup pour les étudiantes. « Pour l’université c’est une absence injustifiée qui devient justifiée, et pour nous, c’est simplement un soulagement », conclut-elle.

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