Publié le
21 sept. 2025 à 9h40
Le père Bruno Cazin vient d’arriver à Roubaix comme curé de deux paroisses et doyen. Après avoir été médecin, vice-recteur de l’Université et vicaire général pendant 10 ans, il retrouve un ancrage local. Il dresse le bilan de son ancienne mission, et explique ses premiers pas à Roubaix.
Vicaire général, c’est un peu le « superintendant », le numéro deux d’un diocèse. Depuis le 1er septembre 2025, celui de Lille est composé pour la première fois d’un binôme, le père Romuald Carton et Anne-Flore Vildrac. Ils ont succédé au père Bruno Cazin, qui occupa cette mission pendant 10 ans. Que retient-il de ce parcours ?
« Le DRH » des prêtres
« Passionnant ! » Difficile de résumer 10 ans de mission si intense, mais voilà le premier mot qui vient à l’esprit du père Cazin, 65 ans, ordonné en 1991, qui fut aussi oncologue au CHR de Lille jusque 2015. « Vicaire général, c’est surtout beaucoup de rencontres interpersonnelles, sur le terrain et en rendez-vous à la demande ».
Le boulot de « vicaire général », une des plus hautes responsabilités d’un diocèse, il le présente ainsi : « C’est un peu le ‘DRH’ des prêtres (directeur des ressources humaines, ndlr) ! Je les rentrais très souvent, lors des nominations, quand ils avaient besoin d’un vis-à-vis… »
Pour renforcer encore les liens du corps presbytéral, il a instauré une à deux fois par une rencontre des curés. « Et je faisais partie de l’équipe santé des prêtres, attentive aux hospitalisations, aux prêtres aînés… »
Il a eu aussi une particularité : il s’est beaucoup occupé des prêtres africains. « J’ai été coopérant au Brésil, ma sœur réside en Nouvelle-Calédonie, j’aime l’aspect multiculturel ! Même quand j’étais médecin, je donnais des conférences médicales à l’étranger… La proximité avec les prêtres africains assurant un service dans le diocèse de Lille était une évidence, je suivais aussi leurs inscriptions à la fac ! ».
Mais il ne s’est pas seulement occupé des prêtres. « Je rencontrais régulièrement les laïcs en mission ecclésiale, les équipes d’animation paroissiale… » Il a été particulièrement attentif « à la pastorale de la santé, à l’Apostolat des laïcs, à la pastorale des migrants ».
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La partie « organisation » du diocèse
Il gérait aussi les grands moments de l’organisation d’un diocèse, comme le conseil épiscopal, qui se réunit une fois par semaine : « J’en préparais l’ordre du jour et tous les comptes-rendus ». Le conseil diocésain de pastorale, avec 120 membres, se réunissait 3 à 4 fois par an, il en était le coordinateur. « Un bon outil pour prendre le pouls du diocèse, avec des chrétiens de tous les horizons ».
Les victimes d’abus
Bref, ce fut une mission qui a demandé une énorme polyvalence, « sur tous les fronts et surtout en situation de crise ! » résume l’intéressé. Parmi les moments intenses qu’il a eus à gérer, il retient « les rencontres avec les personnes victimes d’abus sexuels dans l’Église ».
J’ai rencontré environ 45 victimes, et j’ai instruit 35 dossiers à l’INIR, l’instance de réparation au niveau national. Pour cela, il a fallu faire un travail d’archives, retrouver des documents…
En 10 ans, il a été témoin de l’évolution de l’Église. Il nous en livre quelques points saillants.
– la forte diminution des prêtres : « Leur nombre a été divisé par deux en 10 ans dans notre diocèse : on en compte 120 de moins de 75 ans aujourd’hui ».
– la fermeture du séminaire de Lille.
– l’afflux des catéchumènes : « Les aumôneries étudiantes sont florissantes, la pastorale des jeunes est très vivante, ça contraste avec le peu de vocations… »
Pendant ces 10 ans, il a gardé un ancrage paroissial en aidant ici et là, en assurant des remplacements le week-end. Il était aussi vicaire épiscopal de 3 doyennés : « D’abord du Baroeul et Lys-Deûle pendant 5 ans, puis du Pévèle, Mélantois et Weppes. En 10 ans, j’ai fait 6 doyennés sur 12 ! Avec notamment des remplacements le week-end quand il y avait une absence de prêtre pour maladie ou autre… »
Il fut le collaborateur privilégié de 2 évêques, Mgr Ulrich et Mgr Le Boulc’h, et d’un administrateur, le père Pagniez, pendant un an en attendant la nomination d’un nouvel archevêque. Il était aussi en lien privilégié avec l’économe pour les finances.
Pourquoi Roubaix ?
Après cette intensité de mission pendant 10 ans, il devient curé de 2 paroisses et doyen. Ce ne sera pas plus calme, mais différent. Il a choisi Roubaix comme destination. « Disons que j’ai mis une option sur cette ville, et l’évêque a accepté ! »
Pourquoi Roubaix ? « J’ai souvent vu le différenciel d’implication des paroissiens selon le lieu. Dans les paroisses en milieu populaire, l’organisation de l’Église repose sur moins de personnes, il y a moins de renouvellement de bénévoles, au contraire de celles sociologiquement favorisées ». Il s’est donc dit que sa place était plutôt là où le besoin était plus grand. Il aime les défis !
Il souhaitait surtout « retrouver un enracinement local, pour animer une vie ecclésiale de proximité ». C’est ce qu’il a connu dans le Dunkerquois au début des années 2000, mais c’était il y a longtemps. Avant d’être vicaire général, il fut pendant 6 ans vice-recteur de l’Université catholique. « J’ai beaucoup travaillé à l’organisation interne ! » Il avait surtout envie de « retrouver le terrain ! ».
« J’ai envie de sortir de la sacristie »
À Roubaix, il vient d’arriver alors avant de lancer des projets, il se laisse le temps de découvrir ce territoire et ses réalités différentes, entre le centre-ville, les quartiers populaires, les établissements catholiques. Surtout que sa mission de doyen de Roubaix concerne aussi les villes alentour comme Leers, Hem, Lys-lez-Lannoy, Wattrelos…
Je ne viens pas avec un programme mais une disponibilité. Je vais écouter et découvrir, j’ai envie de sortir de la sacristie !
Mais il a déjà une priorité : « Je veux rassembler l’Église et la garder ouverte sur le monde qui l’entoure, j’ai le souci d’une Église qui ne se replie pas sur elle-même ».
Il ne sera pas seul dans cette mission. « Je peux compter sur des prêtres aînés, la modératrice de doyenné Myriam Vanrapenbush, les diacres permanents et un diacre en vue du presbytérat qui résidera avec moi, Anthony Loi ».
Il a déjà vécu un temps fort avec les jeunes : « Le collège Ste-Marie m’a invité, ainsi qu’un imam, dès la rentrée pour un temps de recueillement, car durant l’été deux jeunes de cet établissement sont morts ».
À Roubaix, il retrouvera aussi une de ses passions, délaissée avec son emploi du temps précédent : le jardinage. Le jardin du presbytère de Roubaix bénéficiera de son amour des fleurs : « J’en ai apporté 4 remorques ! »
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