ANALYSE – Adversaires ce dimanche, lors du Classique OM-PSG, les deux grands amis – et ex-coéquipiers au Bayern – ont fait du chemin depuis le sacre mondial, en 2018.
«Marseille est un club stable». Visiblement, Benjamin Pavard a encore tout à apprendre de Marseille, de l’OM et du Vélodrome. Personne n’est parfait. Stable, ce n’est en effet pas le mot qui vient le premier en tête pour évoquer le volcan phocéen. Il suffit de se replonger dans le début de saison des hommes de Roberto De Zerbi. Une étincelle dans le vestiaire, après une simple défaite à Rennes (1-0), a suffi à embraser la Canebière… L’ex-joueur de Lille, Stuttgart, du Bayern Munich et de l’Inter Milan, excusez du peu, pourra toujours se rencarder auprès de l’un de ses meilleurs amis dans le monde du ballon rond au sujet de l’OM, un certain Lucas Hernandez.
Hernandez et Pavard, les deux font la paire. Vous en doutez ? Interrogé par nos confrères de L’Équipe après le sacre de «son» PSG face à l’Inter de Pavard, en finale de Ligue des champions, le défenseur parisien a tenu à glisser un mot sympa à propos de son «meilleur ami dans le football. Je sais ce qu’il a fait pour revenir de sa blessure à la cheville et jouer cette finale. Je peux imaginer le mal que ça fait de perdre une finale, mais je veux lui tirer mon chapeau, car je suis fier de ce qu’il a fait. C’est important pour moi de le dire. J’ai hâte de le retrouver en équipe de France». À l’époque, il ne pensait pas le retrouver dans le camp d’en face, lors de OM-PSG, ce dimanche (20h45).
Oh mon Ben, qu’est-ce que tu m’as fait Ben ?
Lucas Hernandez
Lucas Hernandez n’a d’ailleurs pas caché sa surprise en apprenant le transfert du natif de Lille à l’OM, devant les caméras de Canal+. En fait, c’est son frère, Théo, qui lui a appris la nouvelle. «Il va à Marseille ?!», s’est égosillé le Parisien. «La fin d’une très belle amitié», s’est amusé le nouveau joueur d’Al-Hilal. «Mon ami Ben… Oh mon Ben, qu’est-ce que tu m’as fait Ben ?», s’est lamenté l’ancien de l’Atlético et du Bayern. Et d’ajouter : «Ben, c’est mon meilleur ami dans le football. Je pense que ça va continuer à être comme ça».
Lucas Hernandez et Benjamin Pavard ont longtemps évolué au Bayern ensemble.
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Tout est bien qui finit bien. Toujours est-il que cette situation est cocasse. Déjà parce que le plus Marseillais des deux, c’est encore… Lucas Hernandez. «Ma femme est Marseillaise», a confié Benjamin Pavard, lors de sa première conférence de presse sous ses nouvelles couleurs. Le numéro 21 du PSG, lui, est né dans la cité phocéenne. Fils de l’ancien joueur marseillais Jean-François Hernandez, il n’a pas vraiment caché son affection pour sa ville natale et le club champion d’Europe en 1993 par le passé, déclarant notamment que «ce serait un peu compliqué d’aller à Paris» en tant que «Marseillais». Le tout sans parler d’un chambrage – dont il s’était défendu – après la victoire de «son» Bayern sur le PSG en finale de C1, en 2020.
Hernandez dans l’ombre de Pacho
«T’es pas le bienvenu le Marseillais… Et on te le fera savoir», avait menacé Romain Mabille, le président du Collectif Ultras Paris, avant l’officialisation de son transfert, en 2023. «On fait tous des erreurs, naître à Marseille en est une», grinçait le CUP sur une banderole déployée lors du premier match de l’intéressé, au Parc. Ambiance… Bien sûr, le guerrier Hernandez a vite fait oublier ce petit défaut. Le public parisien aime les battants, les cols-bleus. Bref, il avait tout pour séduire les habitués de l’enceinte de la Porte de Saint-Cloud. D’autant qu’il a répondu présent sur le terrain. Du moins jusqu’à sa rupture du ligament croisé contre Dortmund, en 2024. Depuis, Lucas Hernandez a dû mal à retrouver son niveau. Et il a d’ailleurs perdu sa place dans le 11 de départ du PSG au profit de Willian Pacho. Qui va à la chasse…
En 2018, les latéraux de l’équipe de France se nommaient Pavard et Hernandez.
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Benjamin Pavard, lui, a souvent flirté avec le Paris Saint-Germain ces dernières années. Son nom a en tout cas régulièrement été cité dans l’orbite du club de la capitale. Et très franchement, il aurait été plus logique de le retrouver à Paris qu’à l’OM, sans offenser personne sur la Canebière. Finalement, Mehdi Benatia, Pablo Longoria et compagnie ont profité de l’aubaine, sachant que les Intéristes souhaitaient s’en séparer cet été.
Marseille, ça ne se refuse pas.
Benjamin Pavard
«Quand j’ai été informé de l’intérêt de l’OM, dans ma tête, c’était clair et net, je voulais rejoindre ce projet ambitieux, jouer au Vélodrome, cette ferveur. En tant que footballeur, ce sont des émotions à vivre», a indiqué le néo-Marseillais lors de sa présentation à la presse. Et d’ajouter : «C’est un très grand club. Marseille, ça ne se refuse pas. J’avais besoin de vivre des émotions, de rentrer en France, me rapprocher de ma famille… Tout est fait pour que je sois heureux ici». Pour ce qui est des émotions, Benjamin Pavard ne devrait pas être déçu. Si Lucas Hernandez a la chance d’évoluer au sein d’un PSG relativement apaisé, le Nordiste, lui, va pleinement goûter à la ferveur marseillaise dans toute sa splendeur, ses excès, sa folie. Bref, l’OM.
Pavard et Hernandez se côtoient depuis bien longtemps chez les Bleus.
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Le quadruple champion d’Allemagne avec le Bayern a toutefois le cuir épais, lui qui a remporté ses plus beaux trophées aux côtés de… Lucas Hernandez. Entre le «Rekordmeister» et les Bleus, les deux larrons ont en effet disputé 115 matchs ensemble. Ils ont eu le bonheur de soulever la Ligue des champions, en 2020, mais aussi la Coupe du monde, deux ans auparavant. Ils font d’ailleurs partie des nombreux champions du monde 2018 à évoluer en Ligue 1, avec Ousmane Dembélé, Djibril Sidibé (Toulouse), Corentin Tolisso (Lyon), Olivier Giroud (Lille), Paul Pogba (Monaco) et Florian Thauvin (Lens). À l’époque de la campagne de Russie, Hernandez et Pavard étaient les titulaires sur les côtés de la défense du sélectionneur Deschamps. Deux joueurs qui ont pourtant une nette préférence pour la charnière centrale.
Pavard, à peine arrivé et déjà taulier ?
Depuis, ils ont perdu leurs galons de titulaire en équipe de France. D’ailleurs, ils ne sont même plus certains d’être appelés à chaque fois. Deschamps a toutefois un faible pour Hernandez, son expérience et sa faculté à évoluer naturellement axe gauche. Et ce même s’il n’est que rarement – voire jamais – titulaire dans les grands rendez-vous avec le PSG. Pavard, lui, passe derrière Dayot Upamecano et William Saliba, Ibrahima Konaté aussi. À Marseille en revanche, il devrait vite devenir indispensable, lui qui a marqué pour sa première sortie, contre Lorient (4-0). Et pour cause, il l’était encore la saison dernière chez le vice-champion d’Europe. Une chose est sûre : s’ils venaient à se croiser sur la pelouse du Vel’, Benjamin Pavard et Lucas Hernandez devraient, le temps d’un match, faire une croix sur leur amitié.