Malgré de fortes pressions des Etats-Unis et d’Israël, le Royaume-Uni et le Canada ont reconnu officiellement ce dimanche 21 septembre l’Etat de Palestine, avant l’arrivée des chefs d’Etats à New York pour la grand-messe de l’Assemblée générale de l’ONU. En vue d’un sommet lundi, qui doit se pencher sur l’avenir de la solution à deux Etats, coprésidé lundi par la France et l’Arabie saoudite, une dizaine de pays doivent en effet confirmer leur reconnaissance formelle de l’Etat palestinien.
«Aujourd’hui, pour raviver l’espoir de paix et d’une solution à deux États, je déclare clairement en tant que Premier ministre de ce grand pays, que le Royaume-Uni reconnaît officiellement l’État de Palestine», a annoncé le Premier ministre britannique Keir Starmer, dans une déclaration filmée publiée sur les réseaux sociaux.
Alors que le Royaume-Uni était depuis longtemps un proche allié d’Israël, Starmer avait déclaré en juillet que son pays allait reconnaître un Etat palestinien à l’occasion de l’Assemblée générale de l’ONU, sauf si Israël prenait une série d’engagements, dont celui d’un cessez-le-feu dans la bande de Gaza. Constatant une dégradation de la situation, le chef du gouvernement britannique avait estimé que cette mesure contribuerait à un véritable processus de paix. En réponse, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou l’a accusé de récompenser le «terrorisme monstrueux».
«Le Canada reconnaît l’Etat de Palestine et offre de travailler en partenariat afin de porter la promesse d’un avenir pacifique pour l’Etat de Palestine et l’Etat d’Israël. Le Canada inscrit cette mesure dans le cadre d’un effort international concerté visant à préserver la possibilité d’une solution à deux Etats», a de son côté affirmé son Premier ministre Mark Carney dans un communiqué.
Côté australien, le Premier ministre Anthony Albanese a annoncé que son pays «reconnaît officiellement l’État indépendant et souverain de Palestine». «Ce faisant, l’Australie reconnaît les aspirations légitimes et de longue date du peuple de Palestine à un Etat qui lui soit propre», a-t-il expliqué dans un communiqué.
Le ministère des Affaires étrangères portugais a de son côté dit vendredi que le Portugal «reconnaîtra l’Etat de Palestine» ce dimanche. Fin juillet, Lisbonne avait annoncé cette mesure compte tenu notamment de «l’évolution extrêmement préoccupante du conflit, tant sur le plan humanitaire que par les références répétées à une possible annexion de territoires palestiniens».
Un nombre croissant de pays, longtemps proches d’Israël, ont franchi ce pas symbolique ces derniers mois. Aujourd’hui, les trois quarts environ des 193 Etats membres de l’ONU reconnaissent l’Etat palestinien proclamé par la direction palestinienne en exil en 1988.
Le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a rétorqué ce dimanche que la création d’un Etat palestinien mettrait en danger l’existence d’Israël et promis de combattre les appels en ce sens. «Nous devrons […] lutter à l’ONU et sur tous les autres terrains contre la propagande mensongère à notre encontre et contre les appels à la création d’un Etat palestinien qui mettrait en danger notre existence et constituerait une récompense absurde pour le terrorisme», a-t-il déclaré.
Benyamin Nétanyahou a ensuite affirmé que son gouvernement allait étendre la colonisation juive en Cisjordanie occupée. «Nous avons doublé les implantations juives en Judée et en Samarie [nom donné par Israël à la Cisjordanie, NDLR] et nous continuerons sur cette voie, a-t-il ajouté dans une vidéo diffusée par son bureau.
L’un de ses ministres, Itamar Ben Gvir, chargé de la Sécurité nationale – et d’extrême droite -, a même proposé d’annexer la Cisjordanie : «La reconnaissance d’un État palestinien par des pays comme le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie […] impose une réponse immédiate : l’annexion immédiate de la Judée-Samarie [nom employé par Israël pour désigner la Cisjordanie occupée, ndlr]», a-t-il lancé dans un communiqué.
Ces nouvelles reconnaissances interviennent alors qu’Israël a lancé cette semaine une vaste campagne militaire terrestre et aérienne dans la ville de Gaza, dans le nord du territoire palestinien, pour y anéantir le Hamas. L’armée israélienne a prévenu vendredi qu’elle allait frapper avec une «force sans précédent» Gaza-City, après la fuite de près d’un demi-million d’habitants, aggravant la grave crise humanitaire dans ce territoire dévasté où l’état de famine a été déclaré par l’ONU.
Mardi, une commission d’enquête indépendante mandatée par l’ONU a établi qu’Israël commettait un génocide contre les Palestiniens à Gaza, ce que les autorités israéliennes ont nié.
L’attaque du 7-Octobre 2023 contre Israël par le Hamas a entraîné la mort de 1 219 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon des données officielles. Selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas à Gaza, les représailles israéliennes ont coûté la vie à 65 062 Palestiniens, en majorité des civils, dans la bande de Gaza, où le Hamas a pris le pouvoir en 2007.
Mise à jour : à 18 h 16, avec l’ajout de la nouvelle déclaration de Benyamin Nétanyahou.