Depuis le 1er septembre, quelque 9 200 étudiants font leur rentrée à l’Université de Toulon de façon échelonnée sur le mois. À terme, ils devraient, comme l’an passé être environ 10 500 pour une année à la fois sereine et charnière. Sereine car elle ne devrait pas connaître de grand bouleversement ou révolution. Charnière, parce qu’elle doit préparer l’avenir, avec en ligne de mire la nouvelle offre de formation pour 2029 et la définition d’une stratégie pour la recherche à l’horizon 2035. C’est ce qu’explique Xavier Leroux, le président de l’établissement.
Comment s’est passée la rentrée universitaire?
De façon sereine et simple. L’année dernière avait marqué un tournant majeur avec la mise en place d’une nouvelle offre de formation, orientée vers les besoins du territoire. Cette année est donc une phase de consolidation. Nous confirmons que les orientations prises en 2024 fonctionnent bien, tout en procédant aux ajustements nécessaires pour améliorer encore le dispositif.
Un événement marquant?
Oui: l’inauguration du bâtiment IUT Rénov et du jardin de l’IUT (campus de La Garde, Ndlr), qui ont considérablement amélioré l’image du campus et la qualité de vie étudiante. À cela s’ajoute l’ouverture, prévue en janvier, des Terrasses de Pi, un espace de restauration et de convivialité très attendu en centre-ville, géré par le Crous.
Cette année voit aussi le lancement du contrat d’objectifs, de moyens et de performance, le COMP. De quoi s’agit-il?
Le COMP, c’est le contrat d’établissement passé entre l’Université et le ministère de l’Enseignement supérieur. C’est un document stratégique qui fixera nos grandes orientations pour les cinq prochaines années. Il nous permettra de donner un cap clair et de rendre lisible notre projet pour le territoire.
Quels sont ses enjeux en termes de formation?
Le COMP prépare la prochaine grande évolution de l’offre prévue pour 2029. Nous anticipons déjà les compétences nécessaires demain, en lien avec les entreprises et acteurs socio-économiques. Nous poursuivons notre politique de mastérisation, qui vise à faire passer la part d’étudiants inscrits en master de 16% à 20% (contre 18% en moyenne nationale). En parallèle, nous développons l’alternance: mon objectif, lancé en 2023, était d’atteindre 1.000 alternants, soit 10% des effectifs. Nous sommes déjà à 900 et devrions atteindre cette cible très bientôt.
Vous évoquez les liens avec les différents acteurs du territoire…
Absolument. Ce contrat est le fruit d’un dialogue constant avec nos partenaires locaux et nationaux: collectivités, institutions, monde économique, vie étudiante. L’université ne peut agir seule: ce travail collaboratif garantit une stratégie pertinente et adaptée aux besoins du territoire, en formation comme en recherche.
Et au niveau de la recherche justement, quelles sont les priorités?
Nous avons lancé à l’automne 2024 une réflexion pour définir notre nouvelle offre de recherche, à horizon 2035. Le défi est majeur: d’ici à dix ans, la moitié de nos 300 enseignants-chercheurs partira à la retraite. Nous devons donc identifier les compétences à maintenir, à acquérir ou à réorienter, pour continuer à mener notre mission de service public: faire de la recherche fondamentale, qui nourrit la recherche appliquée de demain.
L’an passé, les universités s’inquiétaient de leur capacité à poursuivre leurs missions face au projet de loi de finances 2025. Qu’en est-il aujourd’hui?
L’Université de Toulon rencontre de vraies difficultés, mais grâce à une gestion rigoureuse, nous fonctionnons correctement. La situation reste cependant tendue et incertaine: la construction du budget 2026 (de l’État, Ndlr) ne se fera pas sans difficultés. Nous attendons les décisions du gouvernement et leurs modalités d’accompagnement. Ce que je sais, c’est que nous continuerons à assumer notre mission de service public et à avancer car 10.500 jeunes nous sont confiés. Mon objectif est de maintenir l’université comme un acteur de stabilité et d’équilibre sur son territoire.
De quel levier disposez-vous pour affronter ces difficultés budgétaires?
Une avancée importante est la possibilité de réorganiser les capacités d’accueil en interne. Nous pouvons désormais réduire le nombre de places dans certaines licences pour en augmenter dans d’autres, notamment les masters. Cette souplesse nous permet d’ajuster notre offre aux besoins des étudiants et du marché de l’emploi.
Un autre document important va être validé: le schéma directeur de la vie étudiante 2025-2030. Quelles en sont les principales mesures?
Ce schéma, issu d’une large concertation avec les étudiants et nos partenaires, vise à placer l’étudiant au cœur du projet universitaire, en améliorant son cadre de vie et ses conditions de réussite. Deux axes majeurs se dégagent: la santé, avec le renforcement du service de santé universitaire, et les rythmes étudiants, qu’il s’agisse de l’organisation de la semaine, des semestres ou même du cursus complet. Il faut tenir compte des parcours plus variés d’aujourd’hui, comme les années de césure ou l’engagement associatif. Un étudiant de 2025 ne suit plus ses études comme il y a quinze ans.