Par
Antoine Blanchet
Publié le
22 sept. 2025 à 6h06
Le vieux wagon de métro bringuebale puis ralentit jusqu’à un quai dépeuplé. Ce mercredi 6 décembre 2023, il est environ 6h30. La station Réaumur Sébastopol, située dans le 3ᵉ arrondissement de Paris, somnole. De la rame de la ligne 3, une seule personne s’échappe. Sonia* doit prendre sa correspondance. Dans le couloir qui sépare les deux lignes, elle ressent une présence. Un homme est derrière elle. La quinquagénaire n’a pas le temps de réaliser. Elle est poussée au sol.
L’individu, surgi de nulle part, tente d’enlever les vêtements de sa victime. Elle se débat, crie, griffe. Il met sa main sur sa bouche pour la faire taire. Les secondes défilent. « Police », hurle soudain une voix sous la voûte de briques blanches. C’est un autre usager. Son cri a un effet salvateur. Le prédateur s’enfuit et laisse sa proie en état de choc.
Trois victimes en une nuit
Cet épisode traumatique, elles sont six femmes à l’avoir vécu, dont cinq dans les couloirs du métro, principalement sur la ligne 3. Derrière ces violences, Nidhal O.. Ce jeune homme de 27 ans comparaît devant la cour criminelle de Paris ce lundi 22 septembre 2025 pour agressions sexuelles et tentatives de viol. Passible d’une peine de 15 ans de réclusion criminelle, il se dit fou.
Son parcours d’errance et d’agressions s’étale sur quelques jours. Le 5 décembre, il agresse une jeune femme à la station Miromesnil. Le lendemain, il se livre pendant plusieurs heures à une véritable chasse sur la ligne 3. Quatre Septembre, Temple, Réaumur-Sébastopol : chacune de ces stations. D’une démarche décrite comme nonchalante, Nidhal O. pousse, plaque, commet des attouchements. À chaque fois, les cris le font déguerpir. Le 7 décembre, il commet une nouvelle agression à la station Palais Royal.
Tentative de viol dans un appartement
La nuit d’après, il franchit une étape supplémentaire dans le crime. Vers 2 heures du matin, il suit une jeune femme qui rentre à son domicile dans le 10ᵉ arrondissement. Légèrement alcoolisée, elle pense qu’il s’agit d’un voisin. Devant la porte de son appartement, Nidhal O. l’entraîne à l’intérieur et la pousse sur le lit. Il se déshabille et tente d’enlever ses vêtements. « Tu sais ce qui va t’arriver », lance-t-il à la victime terrifiée.
Les cris de la jeune femme réveillent un voisin. Il se rend dans le logement. L’accusé tente de mentir et déclare que sa proie est sa compage. L’explication ne tient pas. Le prédateur prend la fuite. Une course poursuite s’engage dans les escaliers. Le jeune homme est finalement maîtrisé. Il pleure et supplie pour qu’on le laisse partir. Rien n’y fait. La police l’interpelle au milieu de résidents interloqués.
Une voix de femme qui pousserait à l’acte
L’enquête réalisée par la police judiciaire permet peu à peu d’identifier les multiples victimes de Nidhal O.. Originaire de Tunisie, il est SDF depuis son arrivée en France en 2019. Il a été déjà condamné pour violences en Belgique. Face aux enquêteurs, il élude, voire affabule. Pour l’une des agressions, il demandait juste de la monnaie. Pour une autre, c’était juste un « jeu ». Pour la tentative de viol dans l’appartement, il assure avoir rencontré la jeune femme dans la rue et voir sympathisé. Arrivé chez elle, il l’a poussée sur le lit « pour rigoler ».
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Face au poids des accusations, le discours de Nidhal O. évolue. Il reconnaît des « erreurs », et affirme entendre une « voix de femme dans son oreille ». C’est elle qui le pousserait à commettre ses actes. Néanmoins, l’expertise psychiatrique n’a pas révélé d’abolition ou d’altération du discernement. Antisocial, il aurait développé un mépris de l’autre et serait intolérant à la frustration.
Des femmes traumatisées
À l’inverse, les psychologues sont beaucoup plus parlant lorsqu’il s’agit des victimes. Âgées de 17 à 51 ans, toutes ont été très marquées par les agissements de l’accusé. Certaines ont développé des troubles anxieux et de l’hypervigilance. L’une d’elles a même dû changer ses habitudes de transport.
L’audience est prévue pour durer jusqu’au 25 septembre 2025.
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