FRANCE – Les mises en garde de Beauvau n’auront rien changé. En ce lundi 22 septembre, jour de reconnaissance de la Palestine par la France et Emmanuel Macron au siège de l’ONU à New York, plusieurs édiles se mobilisent pour la Palestine.
Lancée par le Premier secrétaire du PS, Olivier Faure, la semaine dernière, l’idée de faire flotter le drapeau rouge, blanc, noir et vert de la Palestine sur les façades des mairies de l’Hexagone suit son chemin. Et ce, malgré la ferme opposition du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau.
Car en fin de semaine dernière, il avait donné pour consigne aux préfets de faire respecter un « principe de neutralité des services publics ». Une décision pas toujours comprise et acceptée par les édiles concernés. Certains citant l’exemple du drapeau ukrainien flottant sur de nombreuses mairies françaises depuis février 2022 pour condamner une décision à géopolitique variable. Ou une forme de « zèle politique », comme dénoncé par l’édile DVG de Corbeil-Essonnes Bruno Piriou. Dans sa ville le drapeau de la Palestine flotte sur le fronton de mairie depuis plus d’un an déjà. À côté de celui de l’Ukraine.
« L’État non seulement ne demande pas le pavoisement, mais demande le non-pavoisement », avait encore insisté samedi le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, Hugues Moutouh. Malgré cela, le drapeau palestinien flotte ce lundi sur le perron de mairies de toutes tailles.
Prolongation du geste d’Emmanuel Macron
C’est le cas dans des grandes villes comme Nantes ou Lille, à l’initiative des édiles socialistes Johanna Rolland et Arnaud Deslandes. Même si celui hissé à Lille a finalement été retiré ce lundi matin après avoir flotté depuis la mi-septembre sur le fronton. Mais là où les drapeaux palestiniens sont les plus nombreux ce lundi, c’est en Île-de-France, où une ribambelle de communes ont suivi le mouvement. Souvent dans un geste voulu comme une prolongation des efforts consentis par Emmanuel Macron pour parvenir à cette reconnaissance lors du sommet onusien sur la solution à deux États. Durant ce sommet, la France sera d’ailleurs suivie par d’autres pays (Andorre, Belgique, Luxembourg, Malte et Saint-Marin). Sachant que dès dimanche, le Royaume-Uni, le Canada, l’Australie et le Portugal avaient déjà officialisé la reconnaissance de la Palestine.
C’est ce qu’explique le maire socialiste de Saint-Denis Mathieu Hanotin, qui était présent avec Olivier Faure ce lundi matin pour voir flotter le drapeau. « Il ne s’agit pas d’un acte militant de longue durée », mais un « choix » fait au moment où Emmanuel Macron doit officialiser la reconnaissance par la France de l’État de Palestine lors de l’Assemblée générale de l’ONU.
En banlieue parisienne, La Courneuve, Nanterre, Bagneux, Gennevilliers, Ivry-sur-Seine, Stains ou Corbeil-Essonnes exhibent aussi le drapeau sur leur fronton. Quitte à se mettre à dos le ministre de l’Intérieur. C’est le cas de la maire PCF de Malakoff, Jacqueline Belhomme. Cette dernière refuse de retirer le drapeau palestinien « avant mardi ». Malgré une injonction du tribunal administratif de Cergy Pontoise, sur recours du préfet des Hauts-de-Seine. Face au refus de l’édile, le préfet a de nouveau saisi la juridiction et réclame désormais une « astreinte financière ».
À Saint-Ouen, en revanche, le maire socialiste Karim Bouamrane compte déployer le drapeau de la Palestine et celui d’Israël. Comme c’est également le cas à Rouen. En revanche, Créteil passe son tour, comme l’a fait savoir le maire socialiste Laurent Cathala, qui estime que « la première de ses responsabilités doit être de préserver la cohésion sociale au sein de la commune ».
Chemins de traverse
Hors de Paris ou des grandes villes aux mains des socialistes, des drapeaux palestiniens flottent aussi. Comme à Grabels, dans l’Hérault, ou à Montataire, dans l’Oise. Mais rarement très longtemps. C’était le cas jusqu’à vendredi dans les Pyrénées-Atlantiques, où le maire communiste de Mauléon-Licharre, commune de 3 000 âmes, a été contraint de le retirer après saisine de la justice administrative par le préfet du département. Dans le Finistère, c’est le maire de Carhaix qui refuse de retirer le drapeau de son fronton, comme le rapporte Ouest-France.
Dans les Landes, le maire PCF de Tarnos a également été épinglé pour son initiative par le préfet. Sur X, ce dernier expliquait dimanche soir qu’il « saisira demain matin (ce lundi) la juridiction administrative afin de faire respecter la neutralité du service public ».
Pour éviter de tomber sous le coup d’une décision administrative, certaines villes ont donc emprunté des chemins de traverse. À Brest, la mairie sera illuminée ce lundi aux couleurs de la Palestine. De son côté, le maire socialiste de Marseille Benoît Payan a promis de réaliser lundi « un acte fort ». Sans préciser lequel, même si on sait déjà qu’il ne s’agira pas d’un pavoisement de drapeau.
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