La défausse de Barrot sur le pavoisement des drapeaux palestiniens en mairies en dit long

CHARLY TRIBALLEAU / AFP

La défausse de Barrot sur le pavoisement des drapeaux palestiniens en mairies en dit long

POLITIQUE – « Vous me permettrez de me tenir à l’écart de ces polémiques futiles ». Dans le sillage de la reconnaissance française d’un État palestinien ce lundi 22 septembre, la classe politique française se déchire sur le pavoisement du drapeau rouge, noir, blanc et vert sur les mairies. Un sujet sur lequel ni Jean-Noël Barrot ni l’Élysée ne souhaitent se mouiller.

« Vous me permettrez de me tenir à l’écart de ses polémiques futiles qui ne sont pas à la hauteur de ce que nous vivons. Aujourd’hui, c’est un jour historique pour la paix et je ne souhaite pas qu’il puisse être instrumentalisé, aux fins de polémiques politiciennes, aux fins de nous diviser dans un moment où nous avons besoin d’être unis pour être forts », a déclaré le ministre sortant des Affaires Étrangères sur TF1 avant de s’envoler pour le siège de l’ONU à New York.

Relancé pour savoir si ces propos s’adressent à son collègue démissionnaire de l’Intérieur Bruno Retailleau qui a passé consigne pour interdire ces pavoisements, le chef de la diplomatie française s’en tient à son absence de position : « Je récuse toute tentative d’importer dans notre pays, aux fins de diviser, cette question israélo-palestinienne à laquelle la France s’évertue à trouver une solution. » La déclaration est dans la ligne de l’Élysée qui, lors d’un point avec la presse ce vendredi 19 septembre sur le déplacement onusien, s’est refusé à tout commentaire sur le sujet.

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Ces esquives sont-elles la preuve d’un malaise au sommet ? Pour le Palais et le Quai d’Orsay, il s’agit avant tout de ne pas accentuer un clivage déjà très fort sur le territoire national. Car derrière la polémique sur le pavoisement des drapeaux, c’est plus largement la reconnaissance par la France de l’État de Palestine qui est discutée.

Au-delà du clivage gauche-droite, les divergences se font entendre jusque dans le camp présidentiel où l’accélération d’Emmanuel Macron sur ce sujet interroge. Ce lundi, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet a ainsi fait part de ses « réserves », soulignant sur franceinfo que « les conditions préalables qui avaient été fixées par le président de la République lui-même (…) ne sont pas assurées ». Selon l’étude d’opinion YouGov pour Le HuffPost réalisée cet été, seule une très courte majorité (53 %) d’adhérents macronistes se disent pour.

Dans ces conditions, toute prise de position tranchée de la présidence sur le pavoisement des drapeaux est susceptible d’enflammer un peu plus le débat. D’autant que l’exécutif n’avait rien trouvé à redire en 2022 lorsque pléthores de mairies avaient décidé de hisser le drapeau ukrainien après la guerre d’agression menée par la Russie, et qu’il peut difficilement condamner un geste symbolique qui accompagne un acte diplomatique aussi fort, et résultant de son initiative. S’immiscer dans ce débat, c’est prendre le risque de voir la parole présidentielle à la tribune de l’ONU décrédibilisée par ces embrouilles nationales, alors qu’États-Unis et Israël tentent déjà d’en minimiser la portée.