« En ce jour historique, j’ai souhaité que nous fassions flotter le drapeau de la Palestine sur le fronton de notre Hôtel de Ville pour exprimer notre soutien à la démarche de reconnaissance engagée, au nom de la France, par le président de la République. » Ainsi s’est justifiée Nathalie Appéré, ce lundi 22 septembre, après son choix de se joindre à la cinquantaine d’édiles qui, en France, ont décidé d’afficher les couleurs palestiniennes. Manière aussi, selon l’élue, de marquer la solidarité de sa ville « envers les populations civiles, qui sont les premières victimes des crimes de guerre ».

Ce, malgré les mises en garde du ministre de l’Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau. Samedi 20 septembre, il avait en effet estimé que « seul le drapeau tricolore a droit de cité », s’appuyant sur la loi. La place Beauvau avait d’ailleurs demandé aux préfets de saisir systématiquement les tribunaux si des mairies bravaient son interdit. Logiquement, la préfecture d’Ille-et-Vilaine annonçait, en milieu d’après-midi, appliquer cette directive : « Le principe de neutralité du service public interdit de tels pavoisements. En cas de refus du maire de retirer le drapeau palestinien, la préfecture saisit sans délai la justice administrative. »

Les oppositions annoncent des recours au tribunal

Dès la matinée, le LR Thomas Rousseau annonçait également son intention de porter l’affaire devant le juge. « Nos bâtiments et services publics doivent rester neutres de toute cause politique », dénonçait celui qui est en lice pour la mairie aux prochaines municipales. Même récrimination du côté du RN, par la voix de son chef de file Julien Masson : « À six mois des municipales, la maire PS Nathalie Appéré veut uniquement plaire à son extrême gauche LFI/EELV qui déteste notre drapeau tricolore, importe les conflits et bordélise notre démocratie. »

Le drapeau palestinien, a tenu à préciser Nathalie Appéré, devait être retiré en fin de journée, après le conseil municipal qui, hasard du calendrier, se tenait ce lundi. Ce conseil, sans surprise, a été l’occasion pour ses opposants au sein de l’assemblée de lui reprocher sa décision. « Vous avez franchi une ligne rouge, a dénoncé Charles Compagnon, probable candidat en mars 2026. D’abord sur le plan juridique : le code des collectivités territoriales l’interdit (…). Ensuite, sur le plan politique. En affichant un camp, vous importez des fractures dans notre ville, au risque d’attiser des tensions entre nos propres habitants. »

« Indécent », rétorque la gauche

Un reproche repris par son alliée, la macroniste Carole Gandon : « Hisser un drapeau n’a sauvé aucune vie au Proche-Orient. En revanche, cela aura abîmé Rennes et placé notre ville dans l’illégalité. » Avant d’annoncer que son groupe, et celui de Charles Compagnon, comptaient également saisir le tribunal. « Les frais juridiques devraient être imputés à votre compte de campagne. »

Sur les bancs de la majorité de Nathalie Appéré, le pavoisement du drapeau palestinien a, au contraire, fait consensus, au moment où « la commission d’enquête du Conseil des droits de l’homme de l’ONU qualifie de génocide les agissements du gouvernement d’Israël », selon l’élue du groupe PS Flavie Boukhenoufa. À gauche, les critiques de l’opposition ne sont pas passées comme une lettre à la poste. Olivier Roullier, du groupe Génération. s, a rétorqué à Charles Compagnon : « Décider de lancer une polémique au moment où le président reconnaît l’État de Palestine : vous aussi vous avez choisi un camp et ce n’est pas celui de la République. Et faire cela au moment où des gens meurent, c’est indécent. »

À noter : la Ville votait, ce lundi, deux subventions, d’un montant total de 15 000 €, dont une de 10 000 € en soutien aux populations civiles de Gaza.