Architecte du sacre parisien en C1, le technicien espagnol a décroché lundi, au Théâtre du Châtelet, le trophée récompensant le meilleur entraîneur de la saison écoulée.
Signé Luis Enrique. Si le Paris Saint-Germain est monté sur le toit de l’Europe le 31 mai dernier, à Munich, après une finale en forme de démonstration face à l’Inter (5-0), c’est pour tout un tas de raison. À commencer par les montagnes de gazodollars engloutis sur le marché des transferts au fil des ans par le «Qatar-SG», il faut le dire. Si on parle des performances individuelles, Ousmane Dembélé, Gigio Donnarumma, Achraf Hakimi ou encore Vitinha sont à mettre en avant. Luis Campos a sa part, Nasser Al-Khelaïfi aussi. Sans oublier les petits coups de pouce du destin qui vont bien, comme la pluie de blessures qui s’est abattue sur Arsenal avant la demi-finale entre les deux clubs ou la sortie de piste du Barça, contre l’Inter.
Tout cela est vrai. Ce qui l’est encore davantage, c’est que le triplé magique du PSG porte la marque de Luis Enrique à tous les étages. Le mercato, c’est lui. La philosophie de jeu, c’est lui. Le turnover, la gestion des hommes et des organismes, c’est lui. La main de fer aussi et le choix de replacer «Dembouz» dans l’axe, aussi. Un chef d’orchestre, un gourou, un guide. Déjà lauréat de la C1 en 2015, avec le Barça de Léo Messi, la fierté est 1000 fois plus forte.
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Laborantin génial
C’est donc sans surprise qu’il a hérité du trophée Cruyff récompensant le meilleur entraîneur de la saison ce lundi, au Théâtre du Châtelet, lors de la cérémonie de remise du Ballon d’or. Il n’avait pas de compétition, tant il a touché au sublime en 2024-25. Il n’a pas juste fait triompher le Paris Saint-Germain, il a fait triompher ses idées, son jeu, son dogme. Au FC Barcelone ou avec la sélection espagnole, il a fait ce qu’il pouvait, en étant limité dans son expression par la présence de stars comme Léo Messi dans un cas et le cheptel de joueurs à sa disposition dans le deuxième. À Paris, aucune superstar pour freiner son projet et il pouvait recruter les profils idéaux pour son foot. Un coach ? Un laborantin génial, qui a été au bout de son dogme.
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Le tout avec des pouvoirs dont ses prédécesseurs n’auraient même pas osé rêver. Jugez plutôt. Malgré une deuxième partie de saison étincelante, Gigio Donnarumma a été évincé sans pitié par la seule volonté de Luis Enrique de disposer d’un gardien plus performant à la relance. La version officielle veut toutefois que les exigences salariales de l’Italien n’ont pas aidé. Mais dans tous les cas, «Lucho» visait «un autre profil de gardien», tout simplement. Quel autre coach aurait été autorisé à faire cela dans le concert mondial ?
Johan Cruyff aurait adoré.
Carles Rexach à L’Équipe
Roi soleil, Luis Enrique a les pleins pouvoirs au sein d’un PSG qui ne sait décidément pas faire dans la demi-mesure. Au début de l’ère QSI, l’agent Mino Raiola faisait la pluie et le beau temps sur les bords de la Seine (Ibrahimovic, Maxwell, Matuidi…), où on parlait beaucoup l’italien. Puis le club de la capitale a tout misé sur les noms, les stars, le clinquant en vue de la Coupe du monde au Qatar (Neymar, Mbappé, Messi, Ramos…). Et maintenant, place au «Luis Enrique FC». Pour le meilleur et pour le pire ? Jusqu’ici, c’est le meilleur. Ce ne sera peut-être pas toujours le cas. Le management de l’Espagnol de 55 ans pourrait en irriter certains sur la durée, dans le vestiaire ou même dans les locaux de la Factory. Jusqu’ici, tout va.
Et dans tous les cas, l’histoire retiendra que c’est grâce aux préceptes du sorcier espagnol que le club de la capitale a réussi là où il échouait depuis 2011 et la prise de contrôle par QSI. C’est son football qui a permis aux Rouge et Bleu de régner sur l’Europe. Et c’est donc fort justement que le technicien des Asturies se voit récompensé par le trophée Cruyff ce lundi, au Châtelet.
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Quelle plus belle récompense pour celui qui estimait, en 2016, que le regretté Johan Cruyff incarnait «la quintessence du football» ? Et Cruyff, aurait-il aimé le jeu du PSG de Luis Enrique ? «Johan aurait adoré, affirme Carles Rexach, ancien adjoint de la légende néerlandaise, pour L’Équipe . Dans le foot, il y a des modes. Aujourd’hui, tout le monde veut jouer comme le PSG car c’est l’équipe la plus attrayante, la plus spectaculaire».
Marquer l’histoire
Pour Luis Enrique et ses hommes, le plus dur ne fait toutefois que commencer. Gagner, c’est bien. Continuer à gagner, c’est encore mieux. Et c’est encore plus difficile… Le coach espagnol ne cache en tout cas pas son ambition de «marquer l’histoire» en gagnant «une deuxième Ligue des champions d’affilée». Avec un effectif aussi jeune et qui n’est appelé qu’à progresser dans les années à venir, ça n’a rien d’une mission impossible. Une dynastie à Paris ? Même si la concurrence (Liverpool, Arsenal, Barça, Bayern, City, Real, Chelsea…) ne l’entend pas de cette oreille… Pour l’heure, le patron, c’est le Paris Saint-Germain de Luis Enrique. Fiesta.