Le Mali célèbre, ce lundi 22 septembre, le 65e anniversaire de son accession à l’indépendance. L’Allemagne demeure le premier pays occidental qui a reconnu la souveraineté internationale du Mali. Une reconnaissance qui permet de maintenir la coopération bilatérale entre Bamako et Berlin, même si les deux coups d’Etat militaires au Mali ont dégradé les relations diplomatiques entre les deux pays.
La fidélité de Berlin
Malgré la dynamique de rupture enclenchée par les autorités de la transition malienne, notamment sur le plan sécuritaire, l’Allemagne est l’un des rares pays occidentaux, qui continue de jouir de la confiance de Bamako et des Bamakois que nous avons rencontrés.
Mahamadou, enseignant à la retraite, déclare : « Jusqu’à preuve du contraire, l’Allemagne ne s’est jamais départie des problèmes du Mali et n’a jamais cautionné quoi que ce soit s’agissant des sanctions contre le Mali. Malgré les multiples crises, l’Allemagne est restée fidèle au Mali. »
L’Allemagne a participé à la sauvegarde des manuscrits de TombouctouXander Heinl/photothek/picture alliance
Un fonctionnaire à la retraite, Ousmane, rappelle quant à lui : « De l’indépendance à nos jours, nous avons toujours aimé les Allemands, comme les Allemands nous ont aimés. Le Mali et l’Allemagne, c’est deux familles voisines. Je ne peux rien [il manque quelque chose ici ]de grave à l’Allemagne. »
Et Zana, communicateur, estime : »malgré les tensions que nous avons eu ici avec certains pays occidentaux, l’Allemagne a su tenir son rang. L’Allemagne a toujours reconnu la souveraineté du Mali et ne s’est jamais mêlée des affaires intérieures du Mali. »
D’ailleurs, Berlin poursuit ses activités d’aide au développement, principalement au profit des populations rurales dans plusieurs domaines.
Des échanges qui continuent
Seydou Lou Bereté, enseignant-chercheur à l’université de Bamako, énumère les institutions allemandes toujours présentes au Mali : « Le centre culturel germano-malien, la fondation Friedrich Ebert ou encore le GIZ (l’agence de coopération allemande, ndlr) qui continue de travailler avec les autorités maliennes et les populations maliennes ».
Il rappelle par ailleurs que « tout récemment, les autorités maliennes et allemandes ont organisé une session de discussion qui a porté sur les infrastructures agricoles, l’accès à l’eau potable, l’amélioration du système éducatif, l’amélioration de la situation sanitaire et alimentaire … L’Allemagne a initié des centaines de projets et activités au Mali pour des centaines de millions d’euros. L’Allemagne est un pays fiable. »
Au chevet du Mali
Selon Dr Aly Tounkara, directeur exécutif du centre d’études sécuritaires et stratégiques au Sahel, le respect de la souveraineté du Mali est le point fort de la collaboration entre les deux pays :
« La force de l’Allemagne réside dans le fait qu’elle a été au chevet du Mali dès les premières heures de l’indépendance. Dans le même temps, toutes les actions qu’elle mène se font dans des conditions tout à fait respectueuses. La posture colonialiste ou condescendante est un trait qui ne rime pas avec la coopération allemande. Ce qui fait que l’Allemagne est à la fois appréciée par l’élite au pouvoir, mais également par les communautés et particulièrement celles qui bénéficient de ses différents apports dans les localités comme Mopti, Gao, Ségou ou même Kidal. »
Ulf Laessing de la fondation allemande Konrad Adenauer indique pour sa part que les coups d’Etat militaires n’ont pas affecté les relations entre le Mali et l’Allemagne.
« L’Allemagne a certes réduit sa coopération avec le Mali avec des coupes budgétaires au niveau de l’aide au développement, mais elle reste toujours engagée aux côtés du Mali », rapelle ainsi Ulf Laessing.
Lors des récentes consultations germano-maliennes tenues à Bamako, en mai dernier, l’Allemagne a réaffirmé son soutien au processus de transition au Mali.
Mais Berlin s’interroge toutefois sur la situation politique et les restrictions aux libertés fondamentales dans le pays.