Publié le
22 sept. 2025 à 21h22
« Je ne sais pas quoi penser de vous. C’est déroutant, vous reconnaissez tout, pour mieux accuser les autres. Il est d’abord question de vous et de votre responsabilité pénale. » La présidente du tribunal correctionnel de Lyon est quelque peu décontenancée par l’attitude de Gilles Rossary-Lenglet, prévenu à la barre dans l’affaire du chantage à la sextape à Saint-Etienne. Ce qu’il faut retenir.
« C’est comme l’arme atomique »
C’est l’homme qui a révélé à Mediapart en mars 2022 l’origine de l’affaire du chantage à la sextape de janvier 2015 où un escort-boy est filmé avec Gilles Artigues, ex-premier adjoint à la mairie.
C’est aussi lui, l’homme de l’ombre sans aucun statut officiel, qui a fomenté le piège avec Pierre Gauttieri, directeur de cabinet de Gaël Perdriau.

Gilles Rossary-Lenglet, 53 ans, arrive dans la salle d’audience. (©Mathias Souteyrat / actu.fr)
« La vidéo doit servir pour le tenir et éviter qu’Artigues fasse un putsch et que Samy prenne la place au centre. C’est comme l’arme atomique. Il faut mettre en exergue l’homosexualité d’Artigues. Il y a assez dans la vidéo par rapport aux demandes de Pierre et Gael », rappelle le compagnon de Samy Kéfi à l’époque, entendu juste avant lui.
Il pouvait ne pas l’utiliser (la vidéo). Depuis le début, j’assume tout. J’assume d’avoir fait la balle (pour tuer Artigues). Je suis complice, on ne peut pas le nier.
Gilles Rossary-Lenglet
Prévenu dans l’affaire de la sextape
50 000 euros via des fausses factures
En échange de la réalisation du piège, Rossary-Lenglet a touché 50 000 euros via un système de fausses factures dans le cadre d’un détournement de fonds publics avec deux associations stéphanoises, France – Lettonie et AGAP. « Je n’ai jamais travaillé pour ces structures. Oui, je reconnais le recel. »
Votre région, votre actu !
Recevez chaque jour les infos qui comptent pour vous.
S’incrire
Filmer l’ancien maire avec une prostituée mineure venue de l’Est
Mais la soirée dans le prétoire n’est pas terminée. Un autre piège avait été imaginé contre Michel Thiollière, maire de Saint-Etienne entre 1994 et 2008 et sénateur de 2001 à 2010, qui s’est constitué partie civile.
Là aussi, les protagonistes sont inventifs. Filmer l’édile dans une relation sexuelle avec une prostituée mineure venue de l’Est.
Comme pour Gilles Artigues, le motif est d’ordre politique après le couac des cantonales à l’époque. « Le but est de faire tomber et de régler le problème Thiollière. »
Il faut bien choisir pour que ça soit bien sale. Il vaut mieux une fille de 16 ans, 17, c’est trop vieux. J’étais en lien avec une proxénète. La prostituée faisait 16 ans mais elle en avait 20 ans.
Gilles Rossary-Lenglet
Prévenu dans l’affaire de la sextape
On ignore d’ailleurs pourquoi ce projet machiavélique n’a pas été mis à exécution.
Mis en examen pour « participation à une association de malfaiteurs », « complicité de chantage », « utilisation, conservation ou divulgation d’un document ou enregistrement portant sur des paroles ou images à caractère sexuel et obtenu par une atteinte à l’intimité de la vie privée d’autrui », « recel de bien obtenu à l’aide d’un détournement de fonds », Rossary-Lenglet sera de nouveau entendu ce mardi 23 septembre pour cette deuxième journée de procès où seront entendus Pierre Gautierri et Gaël Perdriau…
Personnalisez votre actualité en ajoutant vos villes et médias en favori avec Mon Actu.