Même si robots, trous noirs, extraterrestres, chercheurs et laboratoires habitent le nouvel ouvrage de Tom Gauld, celui-ci n’est pas dédié spécifiquement aux gens qui ont un doctorat en physique ou en biologie moléculaire. Au contraire!

Selon l’auteur, La physique pour les chats et ses autres ouvrages semblables s’adressent avant tout aux gens qui, comme lui, sont simplement intéressés par la façon dont le monde fonctionne autour d’eux.

«Ce que je veux faire, avec mon travail, c’est humaniser la science. Je veux rappeler [au public] que la science n’est pas faite par des weirdos qui ne nous ressemblent pas, mais bien par des weirdos qui nous ressemblent. Ils sont tout autant humains que nous», explique l’artiste pince-sans-rire, en entrevue au Soleil.

Issu des écoles d’art d’Édimbourg et de Londres, Tom Gauld a un peu hérité d’une piqûre pour les sciences grâce à son grand-père, un biologiste marin.

«Il recevait le magazine The New Scientist chaque semaine et, quand il finissait sa lecture, il le donnait à mon père. Il y en avait toujours des copies dans la maison», raconte celui qui célébrera ses 50 ans en 2026.

La plupart de ses dessins publiés dans La physique pour les chats sont d’ailleurs parus à l’origine dans le New Scientist. Un magazine scientifique, basé au Royaume-Uni et à New York, avec lequel il collabore depuis une dizaine d’années.

<em>La physique pour les chats</em>, Tom Gauld, 164 pages.

Au-delà des différentes branches scientifiques, Tom Gauld aime fouiller les questions éthiques derrière certaines technologies, rigoler des contradictions humaines, explorer des enjeux sociaux, etc.

«J’aime dessiner des machines excentriques et des robots! Vous pouvez le remarquer en regardant la couverture du livre. J’aime créer des choses rigolotes», affirme celui qui collabore également avec The Guardian, le New York Times et le New Yorker.

Tom Gauld ne s’en cache pas: certains sujets sont toutefois devenus un peu moins amusants dans les derniers temps. Comme la question de l’intelligence artificielle.

«J’ai dessiné beaucoup de robots intelligents. À l’époque, ça m’apparaissait comme une vision ridicule du futur, mais récemment je les lisais à nouveau et je ne les trouve plus drôles. En particulier depuis que mes livres ont été utilisés par l’intelligence artificielle pour se développer.»

«C’est un peu comme pendant la pandémie! Je ne dessinais plus de bandes dessinées sur l’apocalypse ou sur des virus. Des sujets que je trouvais pourtant drôles auparavant», explique l’auteur.

«Malgré tout, je pense que l’IA demeure une technologie intéressante. C’est plutôt le capitalisme et les compagnies derrière ces outils qui m’inquiètent davantage.»

—  Tom Gauld, bédéiste et illustrateur, au sujet de l’IA

Tom Gauld laisse sa marque à Québec

À ses débuts, il y a plus de 20 ans, Tom Gauld n’imaginait pas que ses dessins comme son humour seraient un jour exportables.

«À l’époque, mon éditeur anglophone et moi-même ne pensions pas que les livres seraient traduits. Nous pensions que mon humour était trop britannique, que le traduire serait trop difficile… Mais finalement, avec de bons traducteurs, tout est possible», se réjouit l’homme qui collabore notamment avec Éric Fontaine pour les versions québécoises de ses œuvres.

«Je me demande également si, avec Internet et les plateformes comme Netflix, nous ne sommes pas devenus plus familiers avec l’humour des autres [cultures]», ajoute-t-il, réfléchissant à haute voix.

L'humour simple et efficace de Tom Gauld rencontre à nouveau la science dans <em>La physique pour les chats</em>.

Aujourd’hui, l’artiste se dit ravi de pouvoir voyager en Europe comme en Amérique du Nord pour partager ses dessins avec un vaste public.

Dans les derniers jours, il a d’ailleurs participé à plusieurs activités qui lui sont dédiées dans la capitale nationale. Grand entretien, atelier de dessin et séance de dédicaces lui ont permis de rencontrer ses jeunes admirateurs comme ses plus âgés.

L’auteur jeunesse qui signe Le petit robot de bois et la princesse-bûchette a également inauguré une exposition ludique offerte dans trois bibliothèques jusqu’au 21 janvier.

L’univers rigolo de Tom Gauld a pris d’assaut les bibliothèques Gabrielle-Roy, Monique-Corriveau et Paul-Aimé Paiement pour quelques mois.

Les passants pourront ainsi découvrir en grand format le style «simple», mais unique de Tom Gauld, et ce, un peu partout à travers les bibliothèques, sur les étalages de livres comme dans les vitrines.

«Je pense que ça aide mon humour. Plus les personnages sont simples, plus je crois que les gens sympathisent avec eux. Tu as un attachement pour eux donc c’est encore plus drôle quand les choses virent mal — ou bien! — pour eux», estime l’artiste, qui aime dessiner dans un environnement contraignant de quelques cases.

Les curieux qui souhaitent en apprendre davantage sur la démarche de création de Tom Gauld pourront d’ailleurs visiter Dans l’atelier de Tom. Présentée à la Maison de la littérature dès le 30 septembre, dans le cadre du festival Québec en toutes lettres, l’exposition mettra en lumière des carnets de croquis et des planches originales afin de plonger dans les «coulisses» de ses œuvres.

La physique pour les chats est offert en librairie.

Pour plus de détails sur les expositions autour de Tom Gauld, on peut visiter les sites web de la Bibliothèque de Québec et de Québec en toutes lettres.