Publié le
23 sept. 2025 à 10h56
IATROPREV. Derrière ce sigle un peu barbare se cache une expérimentation autour de la sécurisation et l’optimisation des traitements médicamenteux des personnes âgées. Lancée par les CHU de Lille et d’Amiens, c’est une première en France. Objectif : lutter contre la iatrogénie médicamenteuse. Détails.
Le CHU de Lille veut lutter contre la iatrogénie médicamenteuse
Concrètement, IATROPREV expérimente une organisation innovante faisant appel à des modes de financements et d’organisation inédits « permettant de décloisonner le système de santé français et d’encourager la coopération entre les acteurs« , assure-t-on du côté du CHU lillois.
Clé de voûte du dispositif : une réunion de concertation mobilisant pharmaciens et médecins qui doit permettre notamment de valider collectivement les modifications du traitement des patients âgés.
« Cette seconde phase fait suite à une première expérimentation régionale menée de 2019 à 2024 dans les Hauts-de-France, dont les résultats prometteurs justifient aujourd’hui une extension nationale. »
La iatrogénie médicamenteuse chez les patients âgés est « fréquente et grave », insiste l’hôpital. Cette pathologie désigne l’ensemble des effets indésirables ou complications liés à la prise de médicaments. En clair, ce sont les problèmes de santé causés non pas par la maladie du patient, mais par ses traitements. « Elle représente 5 à 20 % des causes d’hospitalisations chez les plus de 65 ans, dont plus de la moitié sont évitables. Le taux de réhospitalisation à trente jours chez ces patients est estimé à 15 %. Ces patients complexes, du fait de leur polypathologie et polymédication (60 % des plus de 75 ans ont plus de cinq médicaments par jour), sont suivis en ville et à l’hôpital », détaille encore le CHU.
Une grande première en France
IATROPREV est une initiative pionnière en France qui a déjà démontré sa pertinence en Hauts-de-France avec plus de 7 000 optimisations thérapeutiques proposées auprès de 549 patients lors d’une première phase d’expérimentation (2019-2024).
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La mobilisation des médecins généralistes dans cette expérimentation a été particulièrement importante (376 médecins traitants). Leur participation, avec le soutien en relais des pharmaciens d’officine (295 pharmaciens), « a permis de maintenir dans la durée certaines modifications de prescription à trois mois (réduction des prescriptions inappropriées) et de mettre en œuvre des traitements de prévention (calcium, vitamine D, vaccination DTPolio) ».
Le modèle testé est apparu, par sa vertu pédagogique, un point d’appui pertinent pour soutenir en ville la prise en charge de la iatrogénie.
« Pour autant, sa faible diffusion a questionné sur sa reproductibilité (95 % des inclusions étaient concentrées sur les CHU de Lille et Amiens-Picardie) ». C’est pourquoi le Conseil stratégique de l’innovation en santé a recommandé de conduire une nouvelle phase expérimentale « pour tester la soutenabilité et la transférabilité du modèle et confirmer les premiers résultats d’efficacité sur l’ensemble du territoire ».
Lancé en juillet 2025, la deuxième phase de l’expérimentation sera déployée par 33 établissements, en partenariat avec leurs interlocuteurs de ville (notamment CPTS), dans quatre régions (Hauts-de-France, Pays de la Loire, Bretagne et Occitanie), pour une durée de trois ans. Elle bénéficiera d’un budget global de 1,3 M€. Environ 3 000 patients devraient bénéficier du dispositif.
« IATROPREV incarne parfaitement cette dynamique collective qui pourrait à terme permettre une évolution des parcours de soins aux bénéfices des patients et des professionnels », souligne Cécile Lambert, rapporteure générale Article 51 au Ministère de la Santé.
Affaire à suivre.
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