Pour cette mise en scène d’ Orlando , des enfants visitent un musée et les tableaux prennent vie, c’est bien ça ?

« Je le reconnais, ça n’a rien de neuf, mais c’est volontaire. Je voulais qu’on emprunte à la culture populaire, comme dans le film La Nuit au musée.

La visite au musée, tout le monde connaît. C’était important de mettre les spectateurs dans une position qui puisse être une position néophyte et de ne pas se dire “Mon Dieu, je n’ai pas les références”. Je tiens à ce que n’importe quel néophyte d’opéra puisse entrer dans cette salle et ne pas se sentir complètement largué. Au musée, on a la même attitude en tant que spectateur que visiteur : on regarde des hommes du passé avec notre sensibilité du présent.

Je suis convaincue que notre sensibilité du présent peut faire une espèce de choc incroyable avec le passé. On sort du cliché en faisant le pari que ça peut être pour tous, du moment qu’on regarde avec un œil aimant. »

Vous voilà avec un quatuor de femmes pour les rôles principaux. Est-ce un choix de votre part, puisque les rôles de la pièce peuvent aussi être distribués à des hommes ?

« J’avais bien envie d’œuvrer à de nouvelles représentations du genre. La question de la transidentité est très baroque, je trouve. Le baroque est queer ! On continue de garder le masculin, mais par contre forcément on joue un peu sur la fluidité du genre et sur l’androgynie qui est inhérente, même à la voix, c’est-à-dire que de toute façon Orlando, on entend bien quand elle chante que c’est une femme. Cela a été un peu le parti pris aussi avec les costumes d’Alex Costantino. »

Entre la création à Paris et la reprise à Nancy, tout a changé dans la distribution. Cela vous a-t-il amené à faire des modifications ?

« Il y a beaucoup de choses qui se sont faites à Paris avec les interprètes qui, ici, du coup, ont été transformés par le simple fait que c’était des nouveaux interprètes. Et par les discussions qu’on a eues avec ces chanteurs, que c’est un casting de solistes qui est beaucoup plus proche de moi en termes de génération, de langue. On avait des références communes.

Il y a eu tout un travail avec le chorégraphe qui reprend la chorégraphie. Le fait de rencontrer les personnages par le corps est quelque chose qui me passionne. »

Vous avez eu recours à un coordinateur d’intimité. Pourquoi ?

« Il y a un trio, à la fin du premier acte, où j’ai voulu montrer le désir, rendre la scène sexy. Et comme il ne viendrait à l’idée de personne de réaliser un combat sans cascadeur, on ne peut pas réaliser une telle scène sans un coordinateur d’intimité. Monia Aït El Hadj a travaillé avec mon assistante et moi avant de travailler avec les trois solistes. Pour moi, ça avait aussi valeur de symbole, montrer que ce métier a aussi sa place sur une scène d’opéra. »

Opéra national de Lorraine, les 3, 7 et 9 octobre, à 20 h. Le 5 octobre à 15 h.