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Rédaction Nantes
Publié le
23 sept. 2025 à 18h13
Les protagonistes d’un trafic de drogues à Nantes (Loire-Atlantique) lié au meurtre d’un habitant de Gennevilliers (Hauts-de-Seine) et à la tentative de meurtre d’un habitant de Villejuif (Val-de-Marne) sont jugés depuis lundi 22 septembre 2025 devant la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes.
Pour rappel, Amin, un habitant de Gennevilliers de 31 ans, s’était écroulé sur le parking de l’hôtel Golden Tulip de Carquefou (Loire-Atlantique), près de Nantes, dans la nuit du 23 au 24 février 2022, vers 00h30, alors qu’il venait d’être atteint d’une balle en plein cœur. Antonio, un jeune de 19 ans de Villejuif qui l’accompagnait, avait lui été blessé par balle à un pied, mais était parvenu à prendre la fuite à travers champs.
Cette nuit-là, le véhicule dans lequel se trouvaient les deux victimes avait été la cible de coups de feu tirés par les occupants cagoulés d’un second véhicule qui avait surgi devant l’hôtel, au niveau du portail, en « pleins phares » : deux personnes en étaient alors descendues. La vidéosurveillance de l’établissement avait tout filmé et les deux veilleurs de nuit présents lors des faits avaient dans un premier temps pensé à « une attaque de l’établissement » et s’étaient enfermés à l’intérieur.
L’instruction – conduite par la Juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Rennes, compétente en matière de criminalité organisée – a permis d’établir un lien entre ces faits criminels et la gestion du point de deal du 38 rue Watteau, situé au cœur du quartier des Dervallières à Nantes.
Le « Roi » désigné par un renseignement anonyme
Antonio a d’ailleurs reconnu devant les enquêteurs qu’il y travaillait comme « guetteur » pour « 2.400 € le mois complet » : il avait été contrôlé quelques jours plus tôt sur le point de deal. Les deux hommes auraient été « recrutés par des gros de Paris » pour venir officier à Nantes.
Selon ses dires, le défunt Amin – pour sa part vu à deux reprises en janvier 2022 sur le célèbre point de deal – et lui ont été victimes d’un « guet-apens » alors qu’ils pensaient être conduits à une « fête » avec « des filles et de l’alcool » par un chauffeur.
Ils se seraient ainsi faits « rafaler » à cause d’une « erreur » de « 10.000 à 15.000 € » dans la « comptabilité » du point de deal.
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L’enquête a permis de remonter jusqu’à Billal, l’autoproclamé « roi des Dervallières », identifié comme l’instigateur de ce rendez-vous et comme l’auteur du tir mortel : son ADN a été découvert sur un fusil-mitrailleur. Celui d’un certain Driss a aussi été prélevé sur un pistolet Herstal, la deuxième arme ayant servi cette nuit-là. Quatre protagonistes du dossier avaient par la suite trouvé refuge dans un Airbnb loué à Challans (Vendée).
Selon un renseignement anonyme parvenu aux oreilles de la police judiciaire de Nantes le 4 mars 2022, le « roi des Dervallières » reprochait aux victimes d’avoir « détourné des produits stupéfiants […] et de l’argent » issu de son trafic.
Les deux tireurs et les deux responsables du point de deal ont ensuite été désignés nommément le 16 mai 2022.
Rendez-vous aux assises
Sa comparution était très attendue, lundi 22 septembre 2025, mais Billal sera finalement jugé ultérieurement en raison d’un pourvoi en cassation formé par ses avocats contre l’ordonnance de renvoi devant les juges : il n’a pas encore été examiné par la Cour de cassation.
Selon les techniques spéciales d’enquête mises en œuvre par les enquêteurs dans cette affaire, Billal gérait « à distance » l’approvisionnement du point de deal du 38 rue Watteau, et « fixait des rendez-vous entre les intermédiaires » pour récupérer les fonds.
Un mois avant la fusillade, des échanges interceptés par les enquêteurs faisaient état d’un « trou » dans la caisse. « Faut tous les baiser, faut rien laisser passer », avait à l’époque grondé le « roi », détenu à la prison de haute sécurité de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais).
Jusqu’au 1er octobre 2025, date à laquelle le délibéré de ce premier volet judiciaire est attendu, onze prévenus seront donc jugés uniquement pour les délits relatifs au trafic de stupéfiants et pour « association de malfaiteurs ».
L’un d’eux est absent puisqu’il a été écroué dans une autre affaire quelques jours plus tôt et sept d’entre eux sont libres. D’autres ont déjà été condamnés par le biais d’une Comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) – une alternative à l’audience publique – ces dernières semaines.
Certains protagonistes de ce dossier reviendront devant la justice d’ici à quelques mois, cette fois devant la cour d’assises d’Ille-et-Vilaine, pour le meurtre d’Amin et la tentative de meurtre sur Antonio. Pour l’heure, la date n’a pas encore été fixée.
RB et CB (PressPepper)
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