Le temps presse. Ils n’ont pas attendu la nomination du nouveau ministre du Commerce pour envoyer la missive qu’ils tenaient prête depuis la fin de l’été. Dans un courrier adressé au Premier ministre, Grégory Doucet, maire de Lyon et Pierre Hurmic son homologue de Bordeaux en appellent, aujourd’hui, à l’Etat pour demander une expérimentation d’un encadrement des loyers commerciaux dans leur ville. « Afin d’éviter que certains propriétaires se fassent des culbutes de malades notamment quand les affaires changent », disait-il au Progrès, il y a quelques mois.

Au Premier ministre, les deux élus racontent comment « dans les rues les plus commerçantes, les loyers sont souvent totalement déconnectés de la réalité économique […] empêchant l’installation de nouveaux commerces indépendants, accélérant le départ des anciens et entraînant une multiplication des grandes chaînes commerciales. »

L’enjeu, donc : la survie du commerce indépendant. Entre le taux de vacance des cellules qui a augmenté de plus de 50 % entre Rhône et Saône ces trois dernières années et la baisse de chiffre d’affaires (-10 % à -30 %), le contexte est compliqué. Autre indicateur qui plombe le tableau, « l’Indice des Loyers Commerciaux (ILC) a bondi de 18 % en moins de 4 ans.

Un enjeu pour les prochaines élections municipales

La problématique, si elle est de plus en plus prégnante à Lyon comme dans l’Hexagone, n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit aussi dans un contexte, celui d’une fronde portée par une partie du secteur du commerce qui attribue les difficultés rencontrées aux politiques publiques déployées par les écologistes, tant à la Ville qu’à la Métropole.

Parmi les reproches, les problèmes d’accès causés par les travaux, l’augmentation des coûts de stationnement, la suppression de places de parking, et la mise en place de la ZTL. Symbole de la colère : les affiches sauvages « Doucet m’a tuer » collées sur les vitrines de locaux commerciaux vides et les manifestations organisées par le collectif des Défenseurs de Lyon. Relayée par la droite, l’inquiétude des professionnels est devenue, de fait, aujourd’hui, un enjeu pour la campagne des élections municipales de 2026.

Face aux attaques de son opposition, Grégory Doucet, candidat à sa réélection, joue la carte de l’action. Il se montre au chevet des commerçants : après ses assises du commerce, il avait annoncé un plan d’action de 54 mesures concrètes pour dynamiser le secteur et « faire du tissu commercial lyonnais l’un des plus dynamiques de France ». Il avait promis de travailler sur l’encadrement des loyers et de plaider cette cause au national. Avec cette lettre adressée au gouvernement, c’est désormais chose faite.