Par

Ivan CAPECCHI

Publié le

24 sept. 2025 à 19h03
; mis à jour le 24 sept. 2025 à 19h09

Ce mercredi en fin d’après-midi, Clarisse Taron, procureure de la République de Strasbourg, a livré les derniers éléments de l’enquête concernant l’agression à l’arme blanche, survenue plus tôt ce même jour, au collège Robert Schuman de Benfeld (Bas-Rhin).

Les jours de l’enseignante poignardée dans un collège à Benfeld ne sont pas en danger

Vers 8h ce mercredi matin, une enseignante de musique a été victime d’un coup de couteau au visage, porté par un élève de 14 ans. Rapidement prise en charge par les secours et transférée à l’hôpital, ses jours ne sont pas en danger.

Le pronostic vital du mineur, qui s’est porté des coups de couteau au moment de son interpellation par les gendarmes, est lui engagé. « Il est actuellement sédaté pour au moins 48h », a fait savoir Mme Taron.

Un goût prononcé pour les armes et les références au nazisme

Cette dernière a détaillé le profil du jeune homme :

C’est un garçon qui n’avait pas d’antécédents pénaux. Il est suivi sur le plan éducatif quasiment depuis sa naissance, étant d’abord placé en famille d’accueil où il a subi des violences de la part de cette dernière, violences qui ont abouti à la condamnation de l’assistante familiale en 2024 par la cour d’appel de Colmar. Il a ensuite été placé en établissement, où il se trouve encore à ce jour.

Clarisse Taron
Procureure de la République de Strasbourg

« Il avait attiré l’attention pour son goût pour les armes, pour tout ce qui a trait à la Seconde guerre mondiale avec des références nettes au nazisme », poursuit la magistrate.

« Cet état d’esprit avait inquiété et il avait fait l’objet à la fois de mesures éducatives et de sanctions de la part de l’établissement pour avoir fait notamment des dessins qui avaient été jugés inquiétants par les personnes qui le prenaient en charge », indique-t-elle.

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En l’occurrence, un « dessin avec un soldat de profil levant le bras droit dans un salut qui semble hitlérien » et « un autre dessin avec écrit SS* dessus » avaient été retrouvés, entre mars dernier et aujourd’hui.

@lorraine.actu

Une enseignante a été agressée mercredi matin par un élève de 14 ans au collège Robert-Schuman de Benfeld (Bas-Rhin). L’agression s’est produite en début de matinée. L’enseignante, blessée par arme blanche, a été immédiatement prise en charge. Selon l’académie de Strasbourg, son pronostic vital n’est pas engagé. Le suspect, un adolescent de 14 ans, a été interpellé. Une enquête judiciaire est en cours. L’ensemble des élèves présents a été évacué et mis en sécurité dans la salle des fêtes de la commune, à proximité immédiate du collège, sous protection de la gendarmerie. Une cellule d’urgence médico-psychologique (CUMP) ainsi que l’équipe mobile de sécurité de l’Éducation nationale ont été déployées pour accompagner élèves, personnels et familles. Le préfet du Bas-Rhin, le recteur de l’académie de Strasbourg et la procureure de la République se sont rendus sur place dans la matinée. « Je condamne avec force cette agression et rappelle que la sécurité dans les établissements scolaires est une priorité », a déclaré Olivier Klein, recteur de l’académie de Strasbourg, qui a exprimé son soutien à la professeure blessée et à l’équipe éducative. De son côté, la ministre de l’Éducation démissionnaire, Élisabeth Borne, a annoncé « se rendre sur place immédiatement ». « Je condamne avec force l’agression d’une enseignante par un élève dans un collège du Bas-Rhin », a-t-elle réagi. « On entend l’alerte qui sonne, en fait tout le monde pensait que c’était une alerte incendie », a raconté Florine, 14 ans, interrogée par l’AFP devant l’établissement. « Mais lorsqu’on sort de la salle pour aller dans la cour, des profs nous disent que non, c’est pas une alerte de confinement, qu’il faut qu’on aille dans les salles, qu’on s’enferme, car il y a quelqu’un qui est là, et on a entendu la prof crier jusque dans notre salle de cours », a-t-elle poursuivi. « Ça me fait de la peine, parce que moi je l’aimais bien », a témoigné une autre élève de quatrième, au sujet de l’enseignante blessée. Je suis « choqué, j’ai aussi pleuré avant », a confié un élève de cinquième sans vouloir dire son nom. « J’étais choquée, stressée », a raconté de son côté Virginie, une mère venue récupérer sa fille en sixième. « Jusqu’au moment où on retrouve notre enfant, on est toujours un petit peu choqué. Ça fait toujours peur. On ne s’attend pas à ça ». Pour le maire de Benfeld, ce drame est un « événement isolé », survenu dans un « collège calme qui a un encadrement exemplaire ».

♬ son original – Lorraine Actu

L’adolescent bénéficiait d’un suivi psychiatrique

« Il avait d’ailleurs bénéficié d’un suivi psychologique et psychiatrique dans le cadre de la procédure d’assistance éducative, suivi dont on nous dit qu’il l’investissait peu », continue Mme Taron.

« Il avait aussi un suivi au titre de son handicap, reconnu comme tel, et qui lui valait un soutien particulier du collège », précise-t-elle.

Le jeune homme souffre d’une maladie génétique, la même que sa mère, et d’un handicap psychologique.

Le mineur n’a pas encore pu être entendu par les gendarmes

Pour le moment, il n’a pas pu être entendu par les gendarmes.

La professeure de musique a-t-elle été délibérément visée ? À ce stade, il est impossible de le dire.

Tout au plus sait-on qu’il n’a pas cherché à blesser d’autres personnes.

Deux enquêtes ouvertes

Deux enquêtes ont été ouvertes. Elles ont deux objets différents. La première porte sur l’agression, tandis que la seconde, sur les conditions d’interpellation du mineur, puisque ce dernier a été blessé durant celle-ci.

« Je tiens à dire dès à présent que le parquet n’a pas d’inquiétude particulière sur le comportement des forces de gendarmerie qui ont interpellé ce mineur mais il est normal de faire le point sur les conditions d’interpellation », a déclaré la procureure de la République de Strasbourg.

Le parquet national antiterroriste en observation

Mme Taron a également fait savoir que « le parquet est en contact avec le parquet national antiterroriste, qui procède à une évaluation de la situation, compte tenu du profil du mineur ».

Le parquet national antiterroriste « attend les résultats des premières investigations, notamment de la section de recherche, pour rendre son avis sur la situation ».

*Abréviation de Schutzstaffel, une des principales organisations du régime nazi.

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