La toute dernière étude du SELL, intitulée «Les Français et le jeu vidéo», affirme que 40,2 millions de Français ont joué au moins une fois dans l’année aux jeux vidéo. Elle dresse le profil type du joueur, éloigné des clichés.
Les temps ont définitivement changé. Autrefois cantonné aux «geeks » et autres «otakus» de la cour de récré, le jeu vidéo est désormais, pour 62% des Français, un moyen de «développer des compétences ou un savoir-faire», et sont, pour 77% d’entre eux, «créés par de vrais artistes». Inédites, ces données sont issues de la toute dernière étude du Syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs (SELL), coréalisée avec la société de mesures d’audiences Médiamétrie, et publiée en cette fin du mois de septembre sous le nom «Les Français et le jeu vidéo».
L’on y apprend notamment que 40,2 millions de Français ont touché au moins une fois à un jeu vidéo durant l’année 2025 – un record absolu, alors que seuls 12 millions des Français jouaient au début des années 2000 -, et que le loisir progresse à une allure folle (+800.000 joueurs depuis 2024). «Aujourd’hui, 78% des joueurs sont des joueurs réguliers, jouant au moins une fois par semaine avec une accélération chez les adultes», assure James Rebours, président du SELL. Cette «régularité s’accompagne d’un allongement du jeu hebdomadaire de 38 minutes en moyenne – pour une pratique hebdomadaire de 7h55 pour ces joueurs réguliers».
Il faut dire que l’univers du jeu vidéo s’étoffe un peu plus chaque année: en 2024, la plateforme de jeux la plus populaire au monde, Steam, enregistrait près de 19.000 nouveaux jeux, contre 14.000 en 2023 et 12.300 en 2022. Une richesse de titres qui permet d’alterner grandes productions coûteuses (Assassin’s Creed Shadows, FIFA 26, Battlefield 6, Doom The Dark Ages…) et projets indépendants plus confidentiels (Hollow Knight Silksong , Baby Steps, Warhammer 40.000 Rogue Trader…).
Baby Steps, drôle de jeu sorti le 23 septembre, nous fait incarner un homme devant gravir une montagne à la seule force de ses pieds.
Gabe Cuzzillo, Maxi Boch et Bennett Foddy / Devolver Digital
«Parallèlement, la diversité des supports vient enrichir cette dynamique. Les joueurs combinent en moyenne 2,2 supports, confirmant une grande complémentarité dans les plateformes», assure encore James Rebours, trois mois après la sortie de la Nintendo Switch 2. Malgré la percée du smartphone, que les joueurs occasionnels emploient de plus en plus, la console (Playstation 5, Xbox Series, Nintendo Switch…) reste dominante et fédère 58% des joueurs. Le jeu PC rassemble, lui, 40% des joueurs.
49% des 65-80 ans jouent aux jeux vidéo
L’âge moyen des joueurs console est de 34 ans quand celui des joueurs PC est de 41 ans et celui des joueurs console portable de 31 ans. Le joueur français type a en moyenne 40 ans. Dans le détail, 90 % des 25-34 ans jouent aux jeux vidéo, 75 % des 35-49 ans, et 49% des 65-80 ans.
Les joueurs français plébiscitent à 39% les jeux «casuals» et, contre toute attente, les jeux de stratégie (Civilization, Age of Empire, Dawn of War…) à 28%. S’ensuivent les jeux de course automobile (27%), les jeux de rôle (The Witcher, Skyrim…) (27%) et les jeux de plateforme (Super Mario, Astrobot…) (26%).
Selon le SELL, 23% des joueurs français ont le sentiment d’appartenir à une communauté, et 60% des joueurs disent avoir créé des amitiés en ligne directement grâce au jeu. Si se revendiquer joueur de jeu vidéo pouvait être raillé il y a encore quelques décennies, c’est aujourd’hui pleinement accepté, car 39% des joueurs se considèrent comme «gamer». «Cette dimension collective transforme le jeu vidéo, véritable média relationnel où se tissent amitiés, échanges et appartenance à des communautés, faisant de ce loisir un marqueur identitaire et culturel fort pour toutes les générations», reprend James Rebours.
De plus en plus dépensier
Le joueur français est également dépensier: son panier moyen est à la hausse de 13%, avec 119 euros par an. 17,8 millions de joueurs sont d’ailleurs abonnés à une plateforme de jeu (Xbox Game Pass, PlayStation Plus…), et dépensent dans ces abonnements 19 euros par mois. Malgré leur attirance pour le dématérialisé, les Français restent attachés au physique, préférant à 67% acheter des jeux vidéo en boîte plutôt qu’en numérique. Soit parce qu’ils veulent «les revendre ensuite», soit parce qu’ils veulent «en faire la collection».
Globalement, l’opinion des Français sur le jeu vidéo est positive. 81% d’entre eux estiment que c’est un «secteur innovant». 77% pensent que les «jeux vidéo sont créés par de vrais artistes». 64% jugent l’activité «positive», et 62% considèrent que «le jeu vidéo permet de développer des compétences ou un savoir-faire». Dernière leçon du rapport: la pratique du jeu vidéo se féminise, avec une parité quasiment parfaite atteinte (51% de joueurs et 49% de joueuses).