On sait désormais à quoi vont ressembler les infrastructures portuaires qui vont être édifiées à Toulon pour le porte-avions de nouvelle génération (PANG/PA-NG). Le chantier, qui doit débuter en 2026, verra la construction, entre les appontements Milhaud et Brégaillon, d’un nouveau bassin de radoub, deux quais et une zone industrielle dimensionnés pour l’accueil et la maintenance du successeur du Charles de Gaulle, qui doit prendre ses quartiers dans la base navale varoise à partir de 2035.
C’est la première esquisse de ce qu’on appelle, au ministère des Armées, le « PIPANG », acronyme pour « Programme d’Infrastructure du Porte-Avions de Nouvelle Génération ». Intégré au programme d’ensemble PA-NG, dont l’autre volet porte sur le développement et la réalisation du futur navire, le PIPANG est piloté par la Direction Générale de l’Armement (DGA) avec le Service d’Infrastructure de la Défense (SID).
Il s’agit donc d’édifier dans la rade de Toulon un nouveau pôle industrialo-portuaire taillé pour l’accueil et la maintenance du successeur du Charles de Gaulle. Le futur porte-avions, long de 310 mètres pour une largeur maximale de 85 mètres au niveau du pont d’envol (39 à la flottaison) et dont le déplacement atteindra 78.000 tonnes à pleine charge, sera en effet beaucoup plus gros que son aîné, bâtiment de 42.500 tpc mesurant 261 mètres de long pour 64 maximum de large (31 à la flottaison). Il ne sera pas possible de le faire passer en cale sèche aux bassins Vauban, trop étroits (40 mètres), comme c’est le cas avec le Charles de Gaulle.
L’objectif est donc de creuser un nouveau bassin pour les passages en cale sèche du PA-NG, en particulier ses arrêts techniques majeurs, programmés tous les 10 ans. L’ouvrage mesurera de l’ordre de 360 mètres de long pour 60 mètres de large, la piste oblique du bâtiment allant logiquement déborder au niveau de sa partie la plus large sur le terre-plein bordant cette nouvelle forme. Celle-ci fera partie d’une nouvelle zone située entre l’appontement Milhaud 6, où stationne le Charles de Gaulle, et le port de Brégaillon, à La Seyne-sur-Mer. Implanté sur des terrains actuels de friches et pour partie gagné sur la rade, ce nouveau pôle, relié à Brégaillon par un nouveau pont, accueillera des bâtiments et ateliers, tous les outillages nécessaires à la maintenance du porte-avions, dont des grues, mais aussi un nouveau quai d’environ 400 mètres de long où viendra stationner le PA-NG. Le site sera doté d’un deuxième quai de même capacité, ce qui laissera la possibilité d’accueillir un second porte-avions si la France décide de le construire. On notera que les installations nucléaires resteront celles déjà en place pour les sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) et le Charles de Gaulle dans la zone de Missiessy.
« Milhaud 7 » doit voir le jour avant l’arrivée du PA-NG à Toulon, qui est aujourd’hui prévue en 2035. En provenance de Saint-Nazaire, où il sera construit par les Chantiers de l’Atlantique en coopération avec Naval Group, le bâtiment verra ses deux chaufferies K22 chargées en combustible nucléaire à Toulon (ses premiers essais étant menés avec des diesels-générateurs d’appoint alimentant le bord et la propulsion électrique). A l’issue, les essais, cette fois avec la propulsion nucléaire, reprendront en 2036, sachant qu’entretemps les travaux pour achever les fonctions militarisées du bâtiment se poursuivront. L’objectif est une mise en service en 2038, le PA-NG allant jusque-là cohabiter dans la rade varoise avec le Charles de Gaulle.
La DGA et le SID ont lancé les procédures en vue de la réalisation de la nouvelle infrastructure en 2023, notamment les autorisations environnementales. Le programme devrait être engagé l’an prochain, dans la foulée de la signature du dossier de lancement en réalisation (DLR) du PA-NG, prévue à la fin de cette année. Les travaux préparatoires commenceraient alors dès 2027, avec d’abord les opérations de dragage, avant de passer à la construction du bassin en lui-même et l’aménagement du reste du site d’ici 2035.
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