Au soir du 10 septembre dernier, les sourires irradiaient sur les visages des participants au mouvement « Bloquons Tout à Rennes ». Il faut dire que la journée avait été couronnée de succès. Plus de 10 000 personnes avaient manifesté dans le centre-ville de Rennes contre l’austérité et le projet de budget du gouvernent, un record pour une mobilisation en dehors du cadre des syndicats. Le matin même, plus de 1 000 manifestants avaient réussi à paralyser la rocade sud pendant plusieurs heures, faisant naître l’espoir d’un mouvement appelé à s’installer.

Mais depuis, l’élan semble retomber. Les tentatives de blocages aux aurores, la semaine dernière, ont été rapidement déjouées par la police. Si la grande manifestation intersyndicale du 18 septembre a permis au mouvement de conserver sa dynamique, « Bloquons Tout » peine à se structurer. Vendredi dernier, à peine 200 participants se sont retrouvés à l’université Rennes 2 pour discuter des suites à donner à la mobilisation.

Des effectifs insuffisants

Le compte rendu de cette réunion, que Le Télégramme a pu consulter, dresse un bilan en demi-teinte. Les militants regrettent notamment l’échec des dernières actions de blocage face à la présence massive des forces de l’ordre. Certains soulignent également les difficultés de réussir à mobiliser des effectifs suffisants sur le terrain. « On n’est pas assez nombreux à mener des actions », écrit un militant sur un canal de discussion privé. « Organiser des choses tous les trois jours sur Rennes, ça ne fonctionne pas », ajoute un autre. « Les appels perdent leur force et on se fait réprimer ».

Dans ces boucles de discussions liées au mouvement, les échanges restent toujours nombreux et les idées ne manquent pas : opération caddies vide dans des grandes surfaces, vélorution sur des ronds-points… Les propositions fusent pour relancer la mobilisation. Mais peu d’actions trouvent ensuite un véritable écho et une diffusion à plus grande échelle. Dimanche dernier, l’appel à un rassemblement festif, place de la mairie relayé sur les principaux réseaux sociaux du mouvement, n’a rassemblé que quelques dizaines de jeunes militants politisés.

Plus de continuité dans les zones rurales

Fin 2018, le mouvement des Gilets Jaunes avait réussi à structurer la contestation en organisant des occupations de ronds points et des manifestations dans les grandes villes chaque samedi. Pour « Bloquons Tout », la bonne formule n’a pas encore été trouvée malgré l’adhésion de près de la moitié de la population selon les sondages.

Au final, c’est en dehors de Rennes et du cercle étudiant que le mouvement semble trouver une certaine continuité avec un autre profil de militants. À Châteaugiron, le village des indignés qui s’est établi en bordure de la voie rapide, est toujours debout. À Guichen, après une manifestation qui a rassemblé 200 personnes, une assemblée populaire est organisée jeudi 25 septembre visant à rassembler tous les militants du sud du département.

Vers une régionalisation

Pour tenter de trouver plus d’écho, « Bloquons Tout » semble désormais se diriger vers une régionalisation. « Puisque le mouvement n’a pas d’organe national pour coordonner les dates, faisons le à l’échelle de la région », écrit un militant sur une boucle de discussions. Une première grande assemblée régionale bretonne sera ainsi organisée samedi 27 septembre à Callac dans les Côtes-d’Armor.

La date du jeudi 2 octobre, choisie par l’intersyndicale pour organiser la prochaine journée de mobilisation devrait permettre une forte remobilisation. Les braises peuvent encore se rallumer.