La question revient sans cesse dans le paddock :
l’énorme exposition médiatique du MotoGP, accentuée par l’arrivée
de Liberty Media, ne risque-t-elle pas d’éclipser les catégories
Moto2 et Moto3 ? Pour Hervé Poncharal, président de l’IRTA et
manager de l’équipe Tech3, la réponse est claire : l’élite ne tue
pas ses cadettes, au contraire.
« C’est normal que les projecteurs soient braqués sur le
MotoGP. Mais cela ne veut pas dire que Moto2 et Moto3 sont
en danger », explique Poncharal dans
une interview accordée à
GPOne. « Je comprends
l’inquiétude, mais il faut rappeler que le Moto2
et le Moto3 sont le vivier, la pépinière de la catégorie reine.
Elles ne peuvent pas disparaître, sinon la MotoGP
s’effondrerait elle-même. »
Poncharal prend l’exemple d’autres sports où la
hiérarchie est tout aussi marquée : « quand on regarde la
Formule 1, la F2 et la F3 n’ont pas la même visibilité, et pourtant
elles continuent d’exister et de former les futurs champions. Le
modèle est exactement le même. »

Hervé Poncharal :
« le Moto2 et le Moto3 sont des étapes
indispensables »
Il insiste également sur le rôle pédagogique et sportif de ces
catégories intermédiaires, qui servent de filtre avant l’accès à
l’élite : « le Moto2 et le Moto3 sont des étapes
indispensables. Elles forgent le caractère, l’expérience et la
vitesse des jeunes pilotes. Sans elles, on aurait des
rookies en MotoGP complètement perdus. »
Le patron de
Tech3 se dit confiant quant à la gestion de
Liberty Media, qui a déjà commencé à injecter
une nouvelle énergie dans le championnat : « Liberty a
montré avec la F1 qu’ils savent développer un produit sans tuer les
disciplines annexes. Je suis convaincu qu’ils
feront de même avec la MotoGP. »
Pour Poncharal, il ne faut pas voir la MotoGP
comme une menace, mais comme un moteur d’attractivité pour
l’ensemble des catégories : « quand un jeune spectateur
découvre la MotoGP et s’y passionne, il finit par regarder aussi la
Moto2 et la Moto3 pour voir d’où viennent ses idoles.
L’effet d’entraînement est réel. »
En conclusion, Hervé Poncharal balaie d’un
revers de main le spectre d’une disparition des catégories
inférieures : « arrêtons de voir la MotoGP comme un
prédateur. Elle est le sommet de la pyramide,
mais une pyramide sans base ne tient pas. Moto2 et Moto3 sont là
pour rester. » Cette intervention montre que la résistance
s’organise dans le paddock contre les excès d’une vision purement
business. La bataille pour l’âme du MotoGP ne fait que
commencer.
