L’Allemagne devrait sortir de sa léthargie économique l’an prochain, mais en se reposant largement sur un surplus d’endettement public, préviennent jeudi les principaux instituts de conjoncture du pays, qui appellent à accélérer les réformes structurelles.
La hausse du Produit Intérieur Brut (PIB) de la première économie européenne devrait atteindre 0,2% en 2025, contre 0,1% anticipé au printemps, puis 1,3% l’an prochain et 1,4% en 2027, détaillent cinq grands instituts économiques dans leurs prévisions d’automne. L’Allemagne se sortirait ainsi de la récession des deux années passées, mais son économie demeure «toujours sur un terrain instable», a expliqué Geraldine Dany-Knedlik, de l’institut DIW, dans un communiqué commun.
Pour relancer l’économie, le gouvernement du chancelier conservateur Friedrich Merz a promis des milliards d’euros d’investissement publics dans la défense et les infrastructures au cours des prochaines années, mettant fin à des années de gestion budgétaire rigoureuse limitant la capacité d’endettement du pays. Mais «cette politique budgétaire expansionniste masque les problèmes structurels» du pays, a déclaré l’économiste devant la presse.
Coûts des salaires et de l’énergie élevés dans le pays, pénurie persistance de main d’oeuvre qualifiée et baisse de la compétitivité: les obstacles structurels restent nombreux en vue de relever dutablement le potentiel de croissance du pays. Les instituts appellent donc à des réformes «fondamentales» dès cet automne.
Les principales fédérations patronales allemandes ont déjà mis la pression sur le chancelier lundi, soulignant «l’urgence» de réformes pour relancer l’économie. «Sans un tel ensemble de réformes claires» , les impulsions budgétaires «risquent de s’essouffler tôt ou tard», a insisté jeudi Stefan Kooths, économiste de l’institut IfW de Kiel (nord). Il a comparé l’économie allemande à un «drogué» recevant sa dose sous forme des milliards promis pour les infrastructures : «un drogué se sentira mieux après la piqûre, mais aucun médecin ne dirait “Ah, maintenant le patient est guéri”.»
Les instituts ont présenté une douzaine de réformes clés, entre mieux diversifier les relations commerciales, face à la fragilité des chaînes d’approvisionnement, encourager les personnes âgées à travailler davantage, supprimer les obstacles à l’immigration de talents étrangers et accroître l’efficacité de l’administration publique.
Friedrich Merz promet depuis l’été un «automne des réformes», visant retraites, chômage et assurance-maladie, tout en devant composer avec le Parti social-démocrate, allié de la coalition et attaché à préserver l’État-providence.