Depuis là-haut, le Bon Dieu devait être bien songeur. S’il avait eu tout cela, autrefois, pour le grand boum, peut-être que tout en aurait été modifié. Pensez : des canons à photos pour se faire une idée de la création ; des kilowatts de sono pour écouter pépier les petits oiseaux ou rouler la mer ; sept cents projecteurs pour faire toute la lumière là et encore là ; et puis, pour le septième jour, des feux de Bengale comme s’il en pleuvait, comme s’il en éclatait, qui fileraient et gicleraient et zébreraient un ciel tout neuf.
Devant 30 000 personnes, a lieu, place de la Bourse, la fête de la lumière, de l’image, de la musique, lors de la Nuit Gironde, le 25 septembre 1987 à Bordeaux.
Archives Michel Lacroix / Sud Ouest
Le Bon Dieu devait être bien songeur. En constatant que les hommes n’arrêtaient pas de faire du plus en plus grand. Depuis la fin d’après-midi, ils avançaient. En files étirées dans le cours de l’Intendance, en rangs relâchés, place Jean-Jaurès et le long des barrières métalliques puis en rang piétinant jusque sur les quais, face à la place de la Bourse.
Il y eut…
Vers 21 h 30, les quais étaient envahis et la tribune officielle se garnissait tranquillement. Le mouvement se précipita avec les premières grosses gouttes qui appelèrent les premiers applaudissements.
Sur la place, gonflait la masse blanche et boudinée d’une énorme montgolfière. Avec quinze minutes de retard seulement et devant peut-être 30 000 personnes commença le voyage en pays de Gironde.
L’énorme montgolfière de 20 mètres de diamètre se gonflant pour la Nuit Gironde sur la place de la Bourse à Bordeaux, le 25 septembre 1987.
Archives Michel Lacroix / Sud Ouest
La montgolfière servait de support aux images, lors de la Nuit Gironde à Bordeaux, le 25 septembre 1987.
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On le savait, les moyens mis en œuvre devaient être fabuleux. On le vit, le résultat fut stupéfiant. Il y eut des forêts jaillissant sur la pierre des façades, il y eut des naïades dorées imprimées sur les milliers de gouttelettes d’eau ; il y eut des chevaux caracolant d’un mascaron à une gargouille et des drapeaux français agitant le bleu de la nuit.
La nuit était Gironde
Il y eut aussi dans le ciel lourd de nuages un mirage filant, un hélicoptère crachant des lumières coloriées, une trapéziste blanche accrochée à une étoile d’acier. Et l’espace était balayé de laser laiteux tandis que la montgolfière crachait son feu comme une gueule de dragon en colère.
L’hélicoptère au-dessus de la montgolfière, le 25 septembre 1987, pour la Nuit Gironde à Bordeaux.
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Le spectacle fut gigantesque et le Bon Dieu a dû être étonné. Il en oublia même de lâcher les trombes d’eau qui inondèrent finalement les 30 000 spectateurs essayant de quitter, les feux éteints, l’enceinte du spectacle !
Un homme pris en charge par les secours lors de la Nuit Gironde, place de la Bourse à Bordeaux, le 25 septembre 1987.
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Les couples se séparèrent contraints, des femmes s’évanouirent et quelques-uns se blessèrent. Du haut de l’« Amerigo-Vespucci », miel et or, les marins italiens regardaient.
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