Par

Mathias Souteyrat

Publié le

25 sept. 2025 à 17h15

Si le plus important a été dit et déjà connu lors des révélations de Mediapart (vidéo de la sextape, chantage, mobile politique et détournement de fonds), les auditions des principaux prévenus au procès du chantage à la sextape à la mairie de Saint-Etienne révèlent son lot de nouveaux éléments.

« Nous, on le voit dans les affaires de stups »

Après les révélations dans la presse, en août 2022, un groupe Signal, une messagerie ultra-sécurisé où les messages s’effacent au fur et mesure, est créé dans le cercle très proche de Gaël Perdriau.

Dans ce groupe, le maire, son directeur de cabinet, l’attaché de presse, le directeur de la communication. « M. le maire m’envoie un SMS pour passer par Signal pour avoir des messages sécurisés », selon Pierre Gauttieri. « Ce sont mes avocats qui me l’ont conseillé, pour que chacun ait le même niveau d’information », rappelle Gaël Perdriau.

La présidente relève : « Nous, on le voit (cette application) dans les affaires de stups [comprenez trafic de drogue] ».

Samy Kéfi touche toujours des indemnités de la Région

Samy Kéfi, adjoint chargé de l’éducation à la mairie, a démissionné de ses mandats d’élus stéphanois, pas de son poste à la Région où il est en retrait. Celui qui a filmé et fait chanter Gilles Artigues avec un escort-boy, désormais serveur dans un restaurant en Auvergne, touche actuellement une indemnité de 50 % de la Région, soit 1 000 euros/mois.

Une situation qui n’a pas manqué de faire réagir les avocats lundi au passage du prévenu à la barre.

« Depuis trois ans, vous touchez 1 000 euros de la Région alors que vous êtes en retrait ? La dignité vous obligeait donc à démissionner à Saint-Étienne, mais quand on passe les frontières et que ça concerne la Région, il n’y a plus de dignité », lui lance l’avocat d’Anticor, contre la corruption et pour l’éthique en politique, à la partie civile.

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« J’ai toujours dit que j’attendais la décision de justice », répond l’ex-adjoint.

Avant la sextape avec un escort, l’idée d’un piège après le sport

Avant le piège de janvier 2015 dans une chambre d’hôtel parisien, les protagonistes de l’affaire avaient imaginé autre chose.

Samy Kéfi, qui se disait harcelé par Gilles Artigues de messages à connotation sexuelle (il n’y a jamais de plainte ou quelconques poursuites judiciaires sur ce présumé harcèlement), devait être l’appât et l’objet du piège.

Cette captation aurait dû être en Artigues et moi-même après du sport, mais aucune possibilité d’anticiper le vestiaire où nous serions allés après le sport.

Samy Kéfi

Le testament de Pierre Gauttieri… sans Gaël Perdriau

Directeur de cabinet du maire depuis le début du mandat, Pierre Gauttieri, également mis en cause dans le kompromat, a changé de version lors des différentes des gardes à vue. S’il a défendu Perdriau au début, fin septembre 2023, l’homme pris de remords a « craqué ».

Je lisais dans la presse que j’étais le seul responsable, il y avait d’autres responsables. J’avais un patron au-dessus de moi.

Pierre Gauttieri à propos de Gaël Perdriau

Gauttieri, sans avocat depuis le début du procès, explique à l’époque être au fond du trou. Il pense au suicide et envoie un message à sa femme pour préparer ses obsèques. « Je ne voulais pas que le maire y soit. »

Les écoutes pleines d’ambiguïtés avec sa mère et son épouse

L’affaire est sur la place publique depuis août 2022, les principaux suspects sont successivement entendus par les policiers… et discrètement placés sur écoute par les enquêteurs.

À l’audience, on apprend que le maire appelle sa mère après une garde à vue.

« C’est vrai ou ce n’est pas vrai ?, lui demande-t-elle. Oui oui, je savais, … Ça ne se fait pas enfin… Je ne sais pas ce qui peut sortir d’autres, souffle Perdriau. Tu as dit des choses incroyables. C’est vraiment violent. C’est une sale affaire. Je ne te comprends pas, je ne te connaissais pas comme ça… ». Gaël Perdriau fond en larmes au téléphone, notent les juges.

Dans une autre conversation téléphonique, cette fois-ci avec son épouse, le maire a cette phrase : 

Je ne sais pas qui à quoi. J’ai l’impression d’avancer sur un champ de mine, que ça peut péter n’importe où et n’importe quand.

Propos de Gaël Perdriau à son épouse tirés des écoutes téléphoniques

Le procès devait initialement se terminer ce vendredi 26 septembre. Il est finalement prolongé jusqu’au mardi 30 septembre.

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