Le dirigeant français a, ce jeudi à Kigali, été confirmé à la tête de l’Union cycliste internationale pour un troisième mandat. Avec de nombreux dossiers en tête.
Seul candidat en lice, David Lappartient a, ce jeudi à Kigali, été réélu à la présidence de l’Union cycliste internationale. Lors de sa première élection à la tête de l’UCI, en 2017, David Lappartient affirmait sa volonté de faire du cyclisme «le sport du XXIe siècle». Un vœu accompagné de multiples défis. Le Français devra notamment, encore et toujours, s’appliquer à restaurer la crédibilité d’un sport devant toujours se débattre avec sa mauvaise réputation et ses vieux démons. Pour cela, le dirigeant breton (52 ans), également président du conseil départemental du Morbihan et membre du Comité international olympique, promet de lutter pied à pied contre « toutes les fraudes».
La sécurité
Les chutes font partie de la course cycliste mais leur multiplication et leur violence inquiète. David Lappartient résumait durant le Tour de France : «Cela va de plus en plus vite. J’ai regardé la courbe des vitesses des classiques, on a gagné quasiment 2 km/h en 5 ans. C’est énorme. Il y a eu énormément d’améliorations d’abord sur les vélos. Au cours des 10 dernières années, on a quasiment eu plus d’améliorations que pendant 70 ans d’après-guerre. Les pneumatiques ont vraiment changé. Ils sont larges, avec beaucoup plus de rendement…» Les casques cagoules ont été interdits au printemps, comme la longueur minimale sur les guidons qui a été votée. Mais le chantier de la sécurité reste considérable. Notamment en raison des aménagements routiers (ralentisseurs, chicanes…) qui se multiplient et sont «très accidentogènes».
Entre 1996 et 2010, la crédibilité des vainqueurs du Tour a été nulle ou pas loin. Derrière, la crédibilité ne se regagne pas tout de suite
David Lappartient
La lutte contre le dopage
Dès 2017, David Lappartient avait promis de lutter pied à pied contre « toutes les fraudes» (dopage et fraude technologique). Celui qui fut président de la fédération française (2009-2017) devra poursuivre cette œuvre de longue haleine. Indispensable pour la crédibilité et l’avenir de la discipline marquée au fer rouge par le poids des affaires : «On a un passé qui est le passif. On a un passé qui ne nous a pas servis. Entre 1996 et 2010, la crédibilité des vainqueurs du Tour a été nulle ou pas loin. Derrière, la crédibilité ne se regagne pas tout de suite. Il faut forcément du temps. Le doute peut être là. Oui, c’est une particularité du cyclisme. Mais chez nous, on cherche. Quand on cherche, on peut trouver. Il y a d’autres sports au sein desquels l’énergie dépensée pour l’antidopage n’est pas forcément le motif premier d’action», résume, déterminé, le président de l’UCI.
L’internationalisation
Les championnats du monde organisés pour la première fois en Afrique à Kigali, au Rwanda, mettent en lumière un continent et une volonté que résume David Lappartient : «Il y a vraiment un engouement du cyclisme en Afrique. Il y a des athlètes africains qui marchent. L’Érythréen Biniam Girmay a gagné le maillot vert l’année dernière sur le Tour. Son compatriote Daniel Teklehaimanot avait porté le maillot à pois en 2015. Le maillot jaune a été porté par un coureur sud-africain (Daryl Impey en 2013). On voit bien que le cyclisme bouge, vit. Au Centre mondial du cyclisme (à Aigle, en Suisse), on accueille beaucoup de coureurs africains. On a des jeunes femmes qui marchent pas mal aussi. On a des athlètes de qualité. Pour moi, ça va vraiment continuer de grandir. L’Érythrée, l’Éthiopie, le Rwanda, il y a quand même quelques très bons coureurs, très bons pays en Afrique. Je pense qu’on va continuer à avoir d’autres Biniam Girmay qui vont arriver.»
En 2027, on va encore franchir un cap parce qu’on passe de 13 à 20 championnats du monde. Avec encore plus d’athlètes
David Lappartient
Le cyclisme féminin
«Le développement du cyclisme féminin est une priorité absolue», expliquait David Lappartient dans Ouest France il y a quelques années. Paris-Roubaix (en 2021) et le Tour femmes (en 2022) se sont installés dans le calendrier de l’élite féminine qui comprend 29 épreuves dans 12 pays et sur trois continents pour 84 jours de course. 4 Monuments sur 5 et les 3 grands tours du calendrier masculin sont représentés. 15 formations World Team (dont FDJ-Suez) composent une élite au sein le salaire minimum annuel est de 44000 euros bruts. Et 7 Pro Teams complètent le plateau d’un ensemble qui tend à se professionnaliser.
Les championnats du monde 2027 en France, en Haute-Savoie
David Lappartient se projette avec plaisir : «Je suis très heureux parce que c’est quand même un peu mon bébé, cette affaire. C’est-à-dire qu’au début, quand je suis arrivé, quand j’ai présenté ça comme projet dans ma campagne électorale en 2017, on m’a un peu pris pour un fou. Et le bébé est bien né en 2023 (tous les quatre ans, durant les années pré-olympiques, les «Championnats du monde de cyclisme UCI» rassemblent en un même lieu plusieurs championnats du monde de cyclisme dans différentes disciplines : route, piste, VTT, BMX, paracyclisme, gravel…). Et en 2027, on va encore franchir un cap parce qu’on passe de 13 à 20 championnats du monde (12 sites de compétition). Avec encore plus d’athlètes. C’est plus de 10 000 athlètes. 289 titres. On ne se compare pas aux Jeux olympiques mais en volume de compétitions, de durée, de nombre d’athlètes, c’est à peu près la même chose. Donc, ça va être énorme.»