Les agents des Douanes de La Rochelle ont vite flairé la bonne prise. Le jeudi 30 janvier 2025, ils contrôlent deux Bordelais sur l’aire de repos de Saint-Léger, le long de l’A 10. Une odeur qu’ils connaissent bien embaume la Renault Megane. Un paquet de 1 034 grammes d’herbe de cannabis est posé sur la plage arrière. De la came de qualité, constateront les Douanes, avec un niveau de THC de 18 à 20 % quand la moyenne est de 14 %.
Le duo se présente sans avocat devant le tribunal correctionnel de Saintes, jeudi 25 septembre. Le conducteur, 23 ans, dit qu’il a été payé 200 euros pour transporter la marchandise depuis son quartier du Grand Parc, à Bordeaux, jusqu’à la place Saint-Pierre, à Saintes, où un inconnu devait la récupérer. Il ne peut pas donner de noms, trop dangereux. Il est sous contrôle judiciaire dans une autre affaire, des violences en bande, « une bagarre qui a mal tourné », résume-t-il.
Petites coupures
Les deux hommes ne sont visiblement pas préparés à l’exercice. Ils n’ont pas de justificatifs, s’embrouillent dans leurs explications. Le passager, 21 ans, affirme qu’il ne connaissait pas le motif du voyage, contrairement à ce qu’il a admis en audition. S’il avait 3 030 euros en petites coupures sur lui, c’était pour acheter une voiture. Un classique des excuses bidon, ironise la substitut du procureur, Céline Diard, qui moque leur manque d’imagination. « Vous prendrez les explications que vous voudrez. Le plus plausible, c’est qu’ils ont fait ça pour l’argent. »
« On ne veut pas de déversement important de stupéfiants sur Saintes. Ça passe par des condamnations à la hauteur », poursuit-elle. Le tribunal la suit dans ses réquisitions, avec pour chacun une peine de trois ans dont deux avec sursis probatoire, aménageable, l’interdiction de paraître en Charente-Maritime, et une amende de 10 340 euros, soit 10 euros par gramme de drogue interceptée. « J’ai l’impression d’être le plus grand des voyous. Déjà qu’on ne s’en sort pas, ce sont des sommes qu’on ne pourra jamais payer », soupire le conducteur.