Moins d’un an après son premier coup d’éclat majeur au Grand Prix de Monaco 1984, le Brésilien Ayrton Senna s’est offert à Estoril, en 1985, sa toute première pole position. Le lendemain, dans des conditions dantesques, il est allé conquérir son premier succès en Formule 1, au volant de la Lotus 97T, et a offert à l’écurie sa première victoire depuis le décès de Colin Chapman.
En tête du début à la fin d’une course interrompue au bout de deux heures, il allait terminer plus d’une minute devant son plus proche poursuivant, Michele Alboreto (Ferrari), prenant même un tour au troisième, Patrick Tambay (Renault).
Lors des qualifications, il avait devancé Alain Prost de près d’une demi-seconde, et son équipier Elio de Angelis de plus d’une seconde. Au terme de la séance, il se fixait l’objectif de « s’envoler en tête pour éviter tout problème dans le premier tour », et allait en effet s’y tenir le lendemain.
Après la première boucle, Senna menait avec 2″5 d’avance, et il avait porté cette marge à 30 secondes au moment où la pluie abondante avait piégé Prost. Le Français avait fait un tête-à-queue qui l’avait contraint à l’abandon. Même si Senna avait agité le bras pour signifier aux commissaires que les conditions n’étaient pas tenables, ceux-ci voulaient atteindre les 75% de la distance afin d’entériner le résultat de la course et de distribuer l’ensemble des points.
La démonstration d’Ayrton Senna sous la pluie d’Estoril.
Photo de: Sutton Images
Après l’épreuve, le Brésilien, qui venait de remporter le premier de ses 41 succès en F1, décrivait les conditions dans lesquelles il venait de s’imposer : « C’était une course difficile, une course tactique. Le grand danger était que les conditions changeaient tout le temps. Il était difficile de garder le contrôle de la voiture en ligne droite, et la course aurait dû être arrêtée ».
« J’ai failli faire un tête-à-queue devant les stands, comme Prost, et j’ai eu de la chance de rester sur la piste », assurait-il. « On voyait beaucoup de voitures glisser dans tous les sens, uniquement parce qu’elles manquaient de grip et avaient trop de puissance. Le seul problème [pour moi] avec la voiture se situait au niveau des freins, mais il faut s’y attendre dans ces conditions. »
Et Senna de jouer la carte de la modestie, jugeant qu’il aurait tout aussi bien pu abandonner : « Une fois que l’on était proche de quelqu’un, on ne voyait plus rien. Les gens pensent que je n’ai pas fait d’erreur, mais ce n’est pas vrai, je ne sais pas combien de fois je suis sorti ! À un moment, j’ai même eu les quatre roues dans l’herbe, totalement hors de contrôle, et la voiture est revenue sur le circuit. Tout le monde a dit que c’était un ‘contrôle fantastique de la voiture’, mais c’était juste de la chance. »
VIDÉO – La première victoire d’Ayrton Senna
Dans cet article
Charles Bradley
Formule 1
Ayrton Senna
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