lire plus tard
Pour sauvegarder cet article, connectez-vous ou créez un compte franceinfo
Sans paiement. Sans abonnement.
Fermer la fenêtre d’activation des notifications France Info
créer votre compte
se connecter
Fermer la fenêtre de présentation
Publié le 25/09/2025 23:43
Mis à jour le 25/09/2025 23:50
Temps de lecture : 5min – vidéo : 7min
Henri Guaino, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, lorsque ce dernier était président de 2007 à 2012, s’est exprimé sur la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris à l’encontre de l’ancien chef de l’État. Il a répondu aux questions de Léa Salamé dans le 20h du jeudi 25 septembre, jour où a été rendu le jugement.
(France 2)
7min
Henri Guaino, l’ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, lorsque ce dernier était président de 2007 à 2012, s’est exprimé sur la condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris à l’encontre de l’ancien chef de l’État. Il a répondu aux questions de Léa Salamé dans le 20h du jeudi 25 septembre, jour où a été rendu le jugement.
Le jugement rendu par le tribunal correctionnel de Paris, jeudi 25 septembre, a condamné l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy à cinq ans de prison pour des faits d’association de malfaiteurs. Son ancien conseiller spécial, Henri Guaino, était présent sur le plateau du 20h le soir même pour livrer son ressenti face à cette annonce judiciaire d’ampleur.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Léa Salamé : Henri Guaino, quelle a été votre réaction quand la nouvelle est tombée ?
Henri Guaino : C’est d’abord une réaction de surprise, comme tout le monde, parce que le début de l’audience ne laissait pas présager une telle sentence. Quand vous êtes disculpé sur les principaux chefs d’accusation, forcément, on ne s’attend pas à une peine aussi lourde et avec une telle volonté d’humilier. Parce qu’il n’y a pas d’autres mots.
Pourquoi trouvez-vous que cette peine est humiliante ?
Je pense que le mandat de dépôt avec exécution provisoire est humiliant, puisqu’il s’agit de faire en sorte que, de toute façon, il aille faire le passage en prison. L’exécution provisoire, elle a sa place dans le code pénal, elle est nécessaire pour beaucoup de cas. C’est sûr que si vous avez un pédophile, un tueur en série, un violeur, ou quelqu’un de très violent qui est dangereux, vous pouvez faire une exécution provisoire, c’est tout à fait normal, vous l’enfermez tout de suite. Là, ça ne correspond à aucun de ces cas, il ne risquait pas de s’enfuir, il ne risquait pas de recommencer tant qu’il n’est plus ministre ni président de la République. Il s’agit de le mettre en prison. Vous savez, c’est la même histoire que celle de Mme Le Pen, je ne suis l’avocat ni de l’un ni de l’autre, mais il y a un problème quand on dit : « je ne veux pas qu’elle se présente à la présidence de la République, donc je fais une exécution provisoire ».
Donc vous êtes en train de dire que la justice est politique à vos yeux ?
Pas du tout. Je ne rentrerai pas sur le terrain de la politique. Je pense qu’il y a un problème avec la justice. Il y a des magistrats politisés, mais ils ne sont pas tous politisés. Il y a aujourd’hui dans la justice une forme d’ivresse de toute puissance, c’est-à-dire qu’il n’y a plus de limites. Dans le rendu des jugements, il y a forcément une part de subjectivité, puisque ce sont des hommes qui rendent des jugements. La question est de savoir quelle doit être la part de subjectivité. Aujourd’hui, il n’y a plus de limites. On vous dit qu’il ne pouvait pas ne pas savoir et qu’il a laissé faire. C’est une intime conviction. Avez-vous une moindre preuve ? Ils ne violent pas la loi en faisant ça, mais ils poussent tellement loin la subjectivité que ça devient insupportable, c’est-à-dire que ce n’est plus de la justice.
La présidente parle d’une exceptionnelle gravité, comment réagissez-vous ?
Qu’est-ce qu’il y a d’une exceptionnelle gravité ? Concernant les motifs d’inculpation pour lesquels il a été relaxé, pourquoi est-ce que ça a été le cas ? Parce qu’il n’y avait pas de preuves. C’est-à-dire qu’en réalité, la première partie du jugement dit, qu’au fond, ce qu’a fait le parquet financier n’apporte aucune preuve, aucun élément qui permette de le condamner. Donc, les faits d’une exceptionnelle gravité ont disparu du paysage. Ensuite, on dit : « l’association de malfaiteurs est un fait d’une exceptionnelle gravité ». Mais pour cela, il faut qu’il y ait une préparation. Où sont les preuves, les indices de la préparation ?
Au-delà même du cas de Nicolas Sarkozy, du mal qu’on lui fait sans avoir de preuve, il y a une deuxième chose qui est dramatique dans cette histoire, c’est qu’on a là une sorte de coup d’État judiciaire contre la séparation des pouvoirs. Pourquoi ? Parce que pour qu’il y ait un pacte de corruption, il faut des contreparties. C’est un coup d’État judiciaire contre la séparation des pouvoirs parce que la séparation des pouvoirs est le fondement même de l’État de droit et c’est le fondement même d’une constitution démocratique.
Or, qu’est-ce qu’on a fait ? Pendant tout le procès, on a cherché la preuve qu’il y avait une réunion de malfaiteurs qui cherchaient à soutirer de l’argent à la Libye à travers l’action extérieure du ministre de l’Intérieur et ensuite celle du président de la République. On n’a parlé que de ça, c’était le cœur des débats. Cela veut dire que la politique étrangère de la France et l’action du ministre de l’Intérieur ont été jugées par le tribunal correctionnel. C’est impensable, nous sommes sortis de toutes les limites.