Les Américains ont leurs petites habitudes. Le drapeau sur le pas de la porte, le gun dans le salon au-dessus de la cheminée, The Star-Spangled Banner chanté à tue-tête à la moindre occasion et les « USA, USA » beuglés à la mort… Imaginez ça puissance 50.000 et vous avez une idée (sans les pistolets, normalement) de l’enfer dans lequel va être plongée la Team Europe au Bethpage Black Course, à Farmingdale, pour la 45e édition de la Ryder Cup à partir de ce vendredi et jusqu’à dimanche
Tenants du titre, les Européens espèrent bien faire la nique aux compatriotes de l’Oncle Sam, sur leurs terres, pour la première fois depuis 2012 et le miracle de Medinah, où la bande à Rory McIlroy avait réduit au silence tout un pays. Ça sera un peu plus dur durant ces trois jours près de New York, où les hôtes promettent à leurs invités « le chaos complet » dès ce vendredi. « Je suis à fond pour ça, ça correspond à qui nous sommes, les joueurs américains », a souhaité le n° 8 mondial Collin Morikawa.
Alors, ça va se matérialiser comment cette ambiance hostile digne d’un déplacement en Serbie en Ligue des champions ? « Ah bah ça va crier, ça va faire du bruit, ça va peut-être pousser les encadrements qui marchent le long des cordes, ça va haranguer des joueurs entre les coups, nous explique Thomas Levet, qui a disputé la Ryder Cup aux Etats-Unis en 2004 et est désormais consultant sur Canal+, qui diffuse la compétition. Il va y avoir des mots, des insultes, le trashtalk à l’américaine. Le joueur peut s’agacer très rapidement et puis perdre le contrôle totalement de son jeu. »
« Beaucoup d’Européens nous trouvent odieux »
Comme en 1999 dans le Massachusetts, où les Européens avaient perdu pied, et notamment Colin Montgomerie, insulté et attaqué personnellement par le public, tout comme la femme du capitaine de la Team Europe, sur qui un spectateur avait craché. Certains golfeurs avaient alors menacé de ne plus jouer aux Etats-Unis après cette Ryder Cup. « Je ne critique pas complètement les fans américains, mais ce n’est pas du chahut, c’est juste une stupidité embarrassante et totale, a lancé en début de semaine Ian Poulter, cinq Ryder Cup au compteur, sur la chaîne YouTube SportBible. On trouve ça nulle part ailleurs. »
« Toutes ces conneries qu’on entend, c’est de la folie. « Le trou ! Le trou ! » C’est un par 5 de 600 mètres, espèce d’idiot, a ajouté Poulter. En fait, j’aimerais juste emprunter le taser du vigile. En laisser un par trou, ce serait génial. Trop bien, juste là entre les deux yeux. Prends ça. »
« En tant qu’Américain, je pense que beaucoup d’Européens nous trouvent odieux, nous raconte Sean Sanguansap, spectateur présent dans le Wisconsin lors de la Ryder Cup 2021. Mais moi j’adore être Américain, nous faisons preuve du plus grand patriotisme envers notre pays lors de ces événements et nous sommes fiers de ce pays formidable. » Ce sentiment devrait être exacerbé par la présence de Donald Trump sur le parcours ce vendredi.
« Le président Trump est assez drôle »
Premier président en poste à assister à la compétition, le Maga’s chief officer, on ne le connaît que trop bien, ne devrait pas y aller avec des pincettes pour motiver ses troupes contre l’ennemi européen. « Le fait d’avoir notre président ici est extrêmement important pour nous, a indiqué Scott Scheffler, le n°1 mondial. Le président est assez drôle, il adore le golf et soutenir les golfeurs. Il m’arrive parfois de recevoir un appel ou un message de sa part après une victoire. C’est le genre de personne qui réussit à donner confiance à tout le monde autour de lui. »
Dans un contexte diplomatique tendu après qu’il a accusé l’UE de « se laisser envahir par les migrants » et de « continuer à acheter du pétrole à la Russie », dans un discours à l’ONU, mardi, cela pourrait-il provoquer d’autres débordements sur le Bethpage Black Course ? Pas à ce point pense Thomas Levet :
« Ça peut être un peu de distraction en plus, mais je pense que ça n’aura pas de répercussions. Les spectateurs ont été prévenus qu’il y aura une limite à ne pas dépasser. Le curseur, il est quand même assez haut, déjà. Après, la sécurité des joueurs n’est pas en question, il y a la police, il y a des gardes du corps. Mais oui, il y aura du public hyper bruyant comme à New York dans tous les sports. »
Casque de réalité virtuelle et « Sweet Caroline »
« Je pense que le mot « hostile » est très exagéré dans le cas présent, estime Sean depuis Milwaukee. Il y aura certainement de la folie, mais elle sera davantage liée à la fierté de soutenir son équipe qu’à l’hostilité envers l’autre. » Il n’empêche, les Européens n’ont cessé de rabâcher qu’il leur faudrait bien gérer cette pression mise par les supporteurs américains pour espérer soulever la 14e Ryder Cup de leur histoire. Pour mieux appréhender le public new-yorkais, ils ont ainsi réalisé une préparation adéquate.
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Rory McIlroy a ainsi expliqué qu’ils s’étaient équipés de casques de réalité virtuelle afin de simuler les bruits, les sons et l’ambiance de la foule en furie. Le Nord-Irlandais est un habitué de ce type d’atmosphère. En 2016, dans le Minnesota, les fans américains avaient chanté et chanté le tube de Neil Diamond Sweet Caroline, quelques mois après le divorce de McIlroy avec… Caroline Wozniacki. Aucun problème pour le récent vainqueur du Masters d’Augusta, qui s’en était servi pour performer.
« Je sais que 95 % des gens à Bethpage souhaiteront ma défaite et ils essaieront de me déstabiliser, a confié l’Espagnol Jon Rahm en conférence de presse. Quand vous savez cela à l’avance, c’est plus facile d’y être préparé. Je pense que vous pouvez même apprendre à vous amuser des noms d’oiseaux que certains utilisent et leur répondre sur leur ton de l’humour. Vous pouvez même vous servir de cette énergie. » Il ne reste plus qu’à espérer que Trump ne monte pas les droits de douane à 50 % en cas de victoire européenne dimanche soir.