Une cinquantaine de Belges soupçonnés d’être impliqués dans le trafic de drogue ont été arrêtés ces derniers mois dans le sud de la France, a déclaré le procureur de Marseille, Nicolas Bessone, lors d’une visite à Bruxelles axée sur la coopération franco-belge dans ce domaine. Depuis deux ans, des connexions transfrontalières ont été mises en évidence, notamment entre des narcotrafiquants du quartier bruxellois du Peterbos et ceux de certaines cités marseillaises, et de manière générale la Belgique s’inquiète d’une « exportation » sur son territoire des violences armées liées au trafic.
« Il y a quelques Marseillais installés à Bruxelles pour se livrer au narcotrafic », a dit Nicolas Bessone, interrogé par la chaîne RTBF.
Mais désormais il est aussi établi que des criminels belges sévissent sur le sol français, pour écouler de la drogue ou participer aux violences liées au contrôle des zones de deal. Selon le procureur français, une cinquantaine de Belges, dont environ vingt Bruxellois, ont été arrêtés ces derniers mois « dans le grand sud, entre les frontières espagnole et italienne », soit la zone de compétence du tribunal de Marseille en terme de criminalité organisée. Il s’agit « essentiellement de petites mains du trafic », a-il souligné.
Des « similitudes » entre Marseille et Bruxelles
Mais parmi ces interpellés figurent aussi « deux Belges arrêtés armés de Kalachnikov, venus pour exécuter un contrat ». Nicolas Bessone n’a pas précisé si ces suspects étaient recherchés dans le cadre d’enquête(s) en France ou en Belgique. A l’issue d’une visite de travail de deux jours à l’invitation du procureur de Bruxelles, Julien Moinil, Nicolas Bessone a fait état d’un « certain nombre de similitudes » entre la capitale belge et Marseille.
Il a relevé que l' »ultraviolence assez décomplexée » sévissait également à Bruxelles pour le contrôle des zones de deal, donnant lieu à des règlements de compte à l’arme de guerre. Il a aussi évoqué « le rajeunissement des auteurs et des victimes » de ces attaques armées. « Il est important que les autorités belges prennent conscience du phénomène pour éviter le nombre d’assassinats » déplorés à Marseille soit « 50 en 2023 », a-t-il rappelé.
« N’hésitez pas à durcir et à adapter votre législation à la hauteur de la menace », a aussi lancé Nicolas Bessone sur la RTBF.
« Est-ce qu’on estime que c’est cette contre-société qui s’érige en face de l’Etat qu’on veut pour notre jeunesse ? Il faut des moyens. » En février 2025 la capitale belge avait été secouée par une intense série de fusillades liées au narcotrafic, dont au moins une mortelle. A la mi-août le parquet de Bruxelles avait fait état de deux morts dans une nouvelle série d’une vingtaine de fusillades en l’espace de cinq semaines.