© Shutterstock - En 1925, la capitale frôlait les trois millions d’habitants. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2,1 millions. Une chute qui reflète l’histoire sociale et urbaine de Paris.

© Shutterstock – En 1925, la capitale frôlait les trois millions d’habitants. Aujourd’hui, ils ne sont plus que 2,1 millions. Une chute qui reflète l’histoire sociale et urbaine de Paris.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, Paris connaît son âge d’or démographique. En 1921, la ville atteint un record de 2,9 millions d’habitants, un chiffre qui se maintient jusqu’aux années 1950. Les rues sont bondées, les logements saturés, et la capitale vit au rythme de l’arrivée constante de jeunes provinciaux, de migrants venus d’Algérie, des colonies françaises ou de l’étranger. Cette effervescence contribue au dynamisme économique et culturel de l’entre-deux-guerres, mais place aussi la ville au bord de l’asphyxie. 

La décroissance engagée dès les années 1950

À partir des années 1950, le mouvement s’inverse. Paris perd progressivement des habitants, jusqu’à tomber à deux millions au début des années 1980. L’exode vers la banlieue, la construction de grands ensembles en périphérie et la transformation du tissu urbain expliquent ce reflux. Les familles quittent le centre-ville, trop cher et trop exigu, au profit de logements plus grands et plus accessibles dans la proche couronne. La capitale, autrefois en croissance constante, entre dans une période de stagnation.

Une ville cosmopolite qui se renouvelle

En 1926, seuls un tiers des Parisiens étaient nés dans la capitale selon la dernière étude de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publiée cette semaine. Un siècle plus tard, la proportion est quasiment la même : 30 %. Si le volume de population a diminué, la diversité est restée une constante. En 2020, un quart des habitants sont nés à l’étranger, contre environ 10 % dans l’entre-deux-guerres. Paris continue donc d’attirer de nouveaux arrivants, même si elle n’assure plus la même croissance démographique.

Un déficit d’enfants et beaucoup de célibataires

L’une des explications à la baisse de population tient à la structure familiale. Déjà en 1925, la natalité parisienne était faible, les enfants moins nombreux qu’en province, et les adultes célibataires surreprésentés. Aujourd’hui encore, la capitale accueille une majorité de jeunes actifs et de célibataires, mais reste peu adaptée aux familles, qui préfèrent s’installer en banlieue ou en province. Les faibles des naissances, conjuguée à la hausse des prix immobiliers, entretient la tendance à la baisse.

Des inégalités inchangées

La géographie sociale de la capitale n’a guère évolué. Dans l’entre-deux-guerres, l’ouest concentrait déjà les classes aisées et leurs domestiques, tandis que l’est abritait les familles ouvrières. Un siècle plus tard, le clivage demeure, mais s’exprime désormais dans l’accès au logement et dans la ségrégation résidentielle. Paris, plus petite par sa population, reste une ville profondément inégalitaire.

Une capitale en perte d’habitants mais pas d’attractivité

Si Paris a perdu près d’un million d’habitants en un siècle, elle reste une destination majeure pour les étudiants, les artistes et les migrants du monde entier. La capitale conserve son pouvoir d’attraction, mais ne parvient plus à retenir les familles qui la quittent pour trouver plus d’espace ailleurs. Paris n’est donc pas une ville dépeuplée, mais une ville qui change de visage et dont la vitalité repose désormais davantage sur les flux que sur la croissance interne.