C’est rarement le nom qui ressort en premier des rencontres du RCT. Pourtant, Pierre Mignoni hésite rarement à le coucher sur les feuilles de match. Titulaire à 21 reprises sur ses 27 apparitions de la saison dernière, Lewis Ludlam a entamé l’exercice dans la peau d’un taulier du paquet d’avants avec les pépins physiques de Charles Ollivon et Esteban Abadie.
Il faut dire qu’en seulement une année passée dans le Var, le troisième ligne anglais (29 ans, 25 sélections) a déjà pris beaucoup d’épaisseur au cœur du vestiaire. « Même s’il n’est pas capitaine et qu’on ne le dit pas trop, c’est vraiment un leader de l’équipe, pointe Sergio Parisse, entraîneur de la touche. Lewis travaille dans l’ombre, mais c’est quelqu’un de très apprécié. On a de la chance de l’avoir. »
« Il nous amène énormément d’énergie »
L’ancien capitaine de Northampton cultive en effet le paradoxe. Car c’est bien loin des projecteurs qu’il rayonne. Concasser, embêter, pourrir les rucks et plaquer à tour de bras… Voilà le « job » qui incombe en grande partie à Ludlam au sein du huit de devant. Ses statistiques défensives, qui tournent souvent autour des quinze plaquages par match, l’illustrent fort bien.
« Il abat un travail énorme en défense et dans les rucks, reprend son coach. C’est plus compliqué à voir mais, parfois, les ballons adverses sont lents parce que Lewis est là et qu’il ralentit la sortie. À l’arrivée, on ne va pas dire “Super, Ludlam a ralenti le ballon de trois secondes”, car la balle sort et que ça joue. Sauf qu’on se rend compte que ces trois secondes nous permettent de bien nous replacer en défense et de faire une bonne montée. »
C’est bien connu. Il y a ceux qui brillent, puis ceux qui éclairent. Et, décidément, le natif d’Ipswich semble pour l’instant appartenir à la seconde catégorie. Le centre Antoine Frisch lui en est reconnaissant : « Il nous amène énormément d’énergie au quotidien. En match, je pense qu’on a tous vu ses énormes qualités, que ce soit au plaquage, en porteur de balle, ou sur les doubles efforts après les plaquages. Franchement, ça apporte beaucoup à l’équipe. »
« Si le staff veut que je joue n° 9, je jouerai n° 9 »
Mais « Ludz » le ferrailleur pourrait ne pas en rester là. Cette saison, avec le départ du tank Facundo Isa, Toulon a potentiellement perdu un peu de puissance dans ses rangs en troisième ligne. Ludlam, lui, dit s’en tenir « au besoin de l’équipe et du staff » : « Si je dois plus porter la balle, c’est OK. Si mon travail est de plaquer, je plaque. Je m’en fous du boulot qu’on me donne. Je fais tout pour gagner chaque match pour Toulon. C’est le plus important. Si le staff veut que je joue n° 9, je jouerai n° 9 (sourire). […] Je dois tout donner pour l’équipe, avec mon corps, mon énergie. Si je fais ça, c’est que j’aurai fait du bon boulot. » L’ancien n° 8 qu’est Sergio Parisse sait que son joueur peut aussi apporter en attaque : « Lewis, comme Tuifua ou d’autres troisièmes lignes, a aussi la capacité de porter la balle. Il n’a pas un gabarit énorme [1,90 m pour 112 kg], ce n’est pas un monstre, mais quand même. Il est dur au contact, travaille bien avec le ballon et est intelligent, car il arrive à faire des différences et à jouer ses duels en un contre un. Dans les lancements de jeu, c’est donc possible qu’il se retrouve dans des situations où il pourra plus s’exprimer. » Et mettre à profit cette énergie si contagieuse.
« Français express »
Le flanker n’en est pas à une adaptation près en bord de rade. Ici, l’Anglais « [se] fou [t] des nationalités » et se dit avant tout « Toulonnais ». Sa maîtrise de la langue de Molière, déjà très bien avancée grâce en partie à l’aide de sa sœur, professeure de français, fait partie des signes qui ne trompent pas. « Je pense que depuis qu’il a mis les pieds ici, Lewis s’est adapté très vite en tant qu’homme, estime Parisse. Il a vite commencé à parler français, ce qui n’est pas évident pour tous les joueurs, notamment les Britanniques. Il y en a qui sont en France depuis cinq, six ou sept ans et qui disent à peine trois mots d’affilée. Lui, franchement, a été très bon là-dessus. »
« Il est très important que j’apprenne, ajoute l’intéressé. C’est mon équipe et on est en France. Ce n’est pas parfait, mais je suis beaucoup aidé. » Pour l’instant, il le leur rend bien.
Ollivon et Sinckler toujours plus proches d’un retour
Si Toulon n’a pas joué le week-end dernier face à La Rochelle, l’infirmerie, elle, continue d’évoluer. Forfait depuis le début de la saison après s’être fait enlever les broches de son avant-bras, Kyle Sincker a « eu le feu vert des médecins pour reprendre », dixit Sergio Parisse, entraîneur de la touche.
Mateo Garcia, touché au genou, a lui aussi repris l’entraînement à 100 %. Il est disponible.
Tout comme Charles Ollivon, dont le retour se précise de semaine en semaine, même si ça ne sera pas pour ce déplacement à Bayonne. « On est très à l’écoute de Charles, raconte Sergio Parisse. Il s’entraîne bien. C’est un athlète, il est très bien revenu. Mais, sur une blessure de huit ou neuf mois, tu n’es pas à une semaine près ou deux de reprendre. Ce qui est sûr, c’est qu’il a très envie. Il amène beaucoup d’énergie. Dans sa tête, je pense qu’il est prêt depuis plusieurs week-ends (sourire). Il est vraiment tout, tout proche de rejouer ».
Côté blessés, toujours gêné par son pied douloureux depuis le début de la saison, Matthias Halagahu s’est, comme prévu, fait opérer cette semaine. Son indisponibilité est estimée de quatre à six mois. Enfin, Gianmarco Lucchesi (genou, reprise course) et Gabin Villière (opérations doigt et pubalgie) sont quant à eux toujours forfaits. F. DA.
Le groupe complet. Avants : Brennan, Gros ; Baubigny, Damond, Ivaldi ; Gigashvili, Narmania, Priso Mouangué ; Alainu’uese, Mézou, S. Rebbadj, Ribbans ; Abadie, Coulon, Ludlam, Mercer, Ollivon, Quere-Karaba. Arrières : Le Bail, Serin, White ; Garbisi, Hervé ; Brex, Frisch, Nonu ; Dréan, Ferté, Tuicuvu ; Domon, Jaminet.