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Rédaction Nantes
Publié le
26 sept. 2025 à 19h58
La globe-trotter australienne d’origine indonésienne, accusée d’avoir tué Florent Grégoire, un jeune « woofer » nantais de 29 ans, dans la principauté d’Andorre en 2016 a été condamnée ce vendredi 26 septembre 2025 à vingt ans de réclusion criminelle par la cour d’assises de la Loire-Atlantique. Ichsanna. W, une « étudiante » et une « chercheuse indépendante en architecture » de 65 ans, a aussi fait l’objet d’une interdiction du port d’arme soumise à autorisation administrative pendant quinze ans et d’une interdiction définitive du territoire français. Sur le plan civil, elle devra verser 98.000 € de dommages et intérêts aux proches de Florent Grégoire. Retour sur le procès où la personnalité de l’accusée a interrogé.
Sans signe de vie depuis 2016
L’enquête avait démarré avec la déposition d’Anita Grégoire à la gendarmerie de La Chapelle-sur-Erdre pour signaler la disparition de son fils : cet ancien ingénieur informatique allait « beaucoup mieux d’un point de vue psychologique » depuis qu’il avait commencé à s’adonner au « woofing » deux ans plus tôt.
Ce « mode de vie » consiste à « proposer ses services dans des fermes – bio notamment – en échange du gîte et du couvert » avait expliqué la présidente de la cour d’assises de la Loire-Atlantique aux jurés au premier des cinq jours du procès.
Alors qu’il était jusqu’alors « quotidiennement » en contact avec sa famille, Florent Grégoire n’a plus jamais donné signe de vie depuis le 10 septembre 2016. Le jeune Français « solitaire » et « très indépendant », selon sa mère, avait pourtant pris un billet de bus pour regagner la gare de Toulouse-Matabiau deux jours plus tard et se rendre au mariage d’un couple de « très bons amis à lui » en Bretagne.
Il était « inconcevable » qu’il n’honore pas son invitation à la noce « sans donner aucune nouvelle », avait témoigné par la suite le futur marié.
Il est « caché par les services secrets français »
Très vite, les soupçons de ses proches s’étaient portés sur Ichsanna Samba Rukmi Widhyastuti, qui s’était présentée à eux comme « la compagne » de ce jeune « déprimé ».
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Une enquête pour « disparition inquiétante » avait été ouverte : cette femme « un peu folle » tenait des propos « incohérents » et « contradictoires » et avait créé des faux comptes sur Facebook.
« Mon collègue a reçu un mail de Florent, s’il vous plaît laissez-le tranquille : il est encore vivant, il est au Royaume-Uni », avait par exemple écrit l’accusée sous une fausse identité.
La globe-trotter – qui a voyagé entre-temps dans « une vingtaine de pays » – avait finalement été interpellée trois ans plus tard, en novembre 2019, sur le tarmac de l’aéroport Charles-de-Gaulle à Roissy à la sortie d’un vol Air France Lisbonne-Paris.
Un de ses ex-compagnons avait alors produit une « note détaillée » aux enquêteurs pour témoigner sur le « rapport à l’argent » de cette femme « manipulatrice » et « dangereuse », capable de dire de « nombreux mensonges ».
L’accusée disait pourtant « ignorer » qu’il y avait eu de « très importants retraits d’argent » sur le compte bancaire de Florent Grégoire depuis sa disparition, et avait affirmé que le jeune Français « travaillait pour la DGSE », qu’il était d’ailleurs « caché par les services secrets » et qu’elle en était elle-même « la cible ».
Elle était en effet née un 13 novembre, qui est « le jour des attentats du Bataclan »… Ses déclarations « fluctuantes » et « infirmées par beaucoup de témoins » avaient donc conduit le juge d’instruction à la mettre en examen pour « meurtre ».
« Un meurtre sans cadavre, c’est rare mais ce n’est pas extraordinaire »
Dans cette affaire de « meurtre sans cadavre », l’avocate générale avait elle-même requis vingt ans de réclusion criminelle pour Ichsanna Samba Rukmi Widhyastuti. Par les « scénarios » et les « élucubrations » qu’elle a « fomentés », cette femme « a condamné l’âme de Florent Grégoire à errer dans l’obscurité », avait dit la magistrate aux jurés. « C’est une perversion supplémentaire qui confine à l’insupportable pour ses proches. »
« On va vous dire qu’il s’est suicidé, mais il n’y a aucun élément au dossier qui vient l’accréditer », avait répété la représentante du ministère public aux jurés de la cour d’assises de la Loire-Atlantique.
Cette dernière « ne croit pas » non plus à la thèse de la « disparation volontaire » alors que Florent Grégoire était « en liens constants avec sa famille ».
« Un meurtre sans cadavre, c’est rare mais ce n’est pas extraordinaire : actuellement il y a un procès ultra-médiatisé à Albi », avait rappelé l’avocate générale à propos du procès de Cédric Jubillar, jugé pour le meurtre de sa femme. Elle avait aussi cité « la jurisprudence » de Maurice Agnelet, un « ex-avocat » condamné « pour le meurtre de son ancienne amante ».
La représentante du parquet était donc « lassée des élucubrations » de cette accusée qui « essaie de noyer le poisson », et des « tentatives d’intoxication » de son « esprit tortueux » et de sa « mise en scène de la petite amie éplorée ».
« Elle me fait penser aux meurtriers qui participent à une battue citoyenne pour retrouver le corps de la personne qu’ils ont tuée », avait-elle ajouté, en citant l’affaire « plus que connue » de Jonathann Daval. Elle avait donc supplié les jurés de « ne pas tomber dans le panneau » que la sexagénaire leur tendait.
GF (PressPepper)
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