À Blanquefort, les avis municipaux sur les sujets économiques sont à géométrie variable. Illustration le 22 septembre dernier en conseil municipal. Deux délibérations s’enchaînaient, l’une portant sur le projet de raffinerie Emme, l’autre sur la réindustrialisation de l’ex-site Ford par la société Axtom. Dans les deux cas, les élus étaient appelés à se prononcer sur le dossier de demande d’autorisation environnementale. Si le premier cité a suscité palabres, contorsions et divisions, le second est passé comme une lettre à la Poste, dans un climat de consensus politique conclu par un avis favorable unanime.
Contexte. Axtom a signé en juin 2023 une promesse de vente avec la firme automobile américaine pour transformer la friche en parc d’activité. « Pendant cinquante ans, ce site fut dédié à l’activité économique. La fermeture de Ford a traumatisé la population, laquelle est fortement en attente d’une requalification des lieux pour retrouver emploi et industrie », affirme la maire Véronique Ferreira.
Objectif : 2 500 emplois
L’usine reposait sur une dalle de 14 hectares entourée de parkings. « Disposer de 50 hectares d’un seul tenant en zone d’activité économique est une opportunité quasi-unique », soutient l’élue. Le site a fait l’objet d’une dépollution.
Axtom ambitionne la création de 2 500 emplois. S’agissant des aspects environnementaux du dossier, les collectivités ont demandé une densification relativement importante de la parcelle : 25 hectares de bâti, soit la moitié de la superficie. Pas d’un seul tenant mais de façon fragmentée. Le maintien d’une trame verte est prévu en cœur d’îlot, ainsi que des noues (fossés) paysagères. 2 000 arbres et arbustes seront plantés, notamment pour réduire l’effet îlot de chaleur. À l’époque de Ford, ils n’étaient qu’une cinquantaine.
Compensation
Le porteur s’est vu imposer (par l’État) des mesures de compensation liées à des enjeux naturels (présence du milan noir et du petit gravelot). « On pouvait s’interroger sur la présence d’habitats à cet endroit, concède l’élue. Cela a demandé un gros travail. » Et pas mal de sueurs froides pour trouver les terrains sans faire déraper le calendrier. Finalement, Axtom compensera sur plus de 6 hectares : quatre sur place et deux à Parempuyre, en limite de Blanquefort. En matière d’insertion paysagère, quasiment 40 % de l’emprise sera en pleine terre, ce qui permettra de travailler in situ à des solutions de stockage des eaux pluviales.
Plusieurs lots seront construits, certains dédiés aux TPE et à l’artisanat, d’autres plus spécifiquement à l’industrie. Le projet intègre la production électrique par les énergies renouvelables. Des panneaux photovoltaïques occuperont 30 % au moins des toitures et ombrières. L’élu d’opposition Luc Sibrac a salué les intentions, le « renouveau espéré ». « La grosse différence, c’est que nous avions des difficultés à parler avec Ford, reconnaît Véronique Ferreira. Là, avec Axtom, le travail est fluide. On se dit les choses. Il n’y a pas de cris, pas de larmes. »