Lucile Guittienne, la nouvelle directrice du Muséum d’histoire naturelle et du jardin botanique de Bordeaux, a pris ses fonctions le 1er septembre. Elle vient de Nancy, où, en gérant deux musées, elle a ouvert la science à un large public, grâce à des expositions décalées, originales. Son souhait : que ces deux musées bordelais soient perçus comme des espaces de découverte et de plaisir.

Vous avez deux établissements à gérer. Quel est votre premier chantier ?

Le premier chantier, c’est toujours le même quand on arrive dans un nouveau poste : la découverte. Le but, c’est de rencontrer tout le monde, pour voir comment on travaille ensemble et comment on devient une seule et même équipe. On est deux sites de culture scientifique, dans une complémentarité. Ce qui est intéressant avec ces deux entités, c’est de toucher la biologie dans son ensemble.

Qu’est-ce que vous voudriez apporter à ces deux musées ?

L’idée est de créer l’émotion avec les personnes qui y viennent et, pour ce faire, amener un côté décalé. Pour que le public s’y retrouve, se sente à l’aise dans ce qu’on propose. Cela n’empêche pas d’être toujours très respectueux des sujets. Mais à certains moments, on peut faire un petit pas de côté. Je suis pour une muséologie dite « immersive ». C’est fini l’époque où les musées étaient des lieux d’apprentissage : nous sommes des lieux de plaisir.

Vous proposez donc une vulgarisation des sciences ?

Non. C’est de la médiation scientifique. C’est rendre un propos complexe accessible à un public spécifique pour chaque exposition. Et puis aller sur des thématiques d’exposition qui s’intéressent à la sociologie, à la philosophie, parce que nous sommes des humains, et que nous avons une place dans ce qu’on appelle la zoologie.

Allez-vous collaborer avec d’autres institutions ?

C’est une région qui est grande, riche, il y a beaucoup de choses à voir, d’acteurs très divers avec qui nous allons travailler : des lieux scientifiques, de culture, des artistes… Notre place, en tant que lieu culturel qui dépend d’une collectivité, c’est de s’intéresser aux artistes émergents. On peut proposer de créer des œuvres in situ.

Vous avez une pièce préférée au Muséum ?

Sur les 4 000 animaux présentés ? Non. Mais les collections ostéologiques sont très belles. Je les aime parce qu’elles sont accessibles. Le public, quand il regarde un animal naturalisé, va se demander « Comment est-il mort ? », « Est-ce qu’il a été vivant ? » En revanche, quand on voit le squelette, c’est graphique, et compréhensible immédiatement.

Quels projets d’exposition avez-vous ?

Dès l’année prochaine, en octobre 2026, nous aurons une exposition sur les félins au Muséum, retravaillée à partir de ce qui avait été présenté au Muséum national d’histoire naturelle. En parallèle, un autre projet est né : permettre au public de participer et même de créer des expositions. Car l’autre facette de mon travail, c’est se demander comment on est utile aux visiteurs.

Museum d’histoire naturelle, 5 place Bardineau à Bordeaux. 05 24 57 65 30. Jardin botanique, esplanade Linné, à Bordeaux. 05 56 52 18 77.