Un geste tendre au coeur d’un protocole qu’elle maîtrise jusqu’au bout de sa voilette. Sans oublier les symboles, comme ce collier de perles offert par Elizabeth II et qu’elle avait déjà porté à ses funérailles. Cette fois, il s’agit des adieux à la doyenne des Windsor. Camilla étant absente pour cause de sinusite, c’est sa belle-fille qui réconforte une fois de plus Charles III. Ses fils, eux, le chagrinent doublement : Harry par son absence et William par son excès de présence, et son impatience à s’imposer. Kate offre un peu de chaleur humaine… et beaucoup de stabilité. Alors, autour du monarque malade, on mise sur cette diplomate pour apaiser les tensions. Et éclairer un règne déjà crépusculaire.
Il aura fallu tous les fastes de la monarchie pour masquer à Trump les manifestations contre sa venue en Angleterre. Un banquet à Windsor dans le prestigieux hall Saint-George, une table longue de 50 mètres croulant sous l’argenterie, des tenues d’apparat et même un porto millésimé 1945 en l’honneur du 47elocataire de la Maison-Blanche. Mais, ce soir-là, le joyau de la Couronne est incontestablement la future reine, toute en délicatesse et tempérance, au point d’éblouir le tumultueux invité en chef. Un exploit qui n’a rien d’anecdotique : depuis le retour au pouvoir du milliardaire, les relations de l’Amérique avec son principal allié s’étaient dégradées. Elles se présentent désormais sous de meilleurs auspices.
L’arrivée du « power couple » à la soirée. En robe couture et manteau de dentelle dorée, la princesse est coiffée d’une tiare qu’affectionnait lady Diana.
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Face à la goujaterie, la courtoisie est assurément la meilleure des réponses. Kate le sait mieux que personne. Alors, quand, le 17 septembre, Donald Trump, tout juste descendu de son hélicoptère, ne trouve rien de mieux que de la complimenter sur son physique en guise de salutations – « Ah vraiment, vous êtes très belle, sublime » -, la princesse de Galles esquive par son sourire le plus poli. Plus tard dans la soirée, devant les 160 invités du dîner d’État au château de Windsor, le président américain, toujours balourd, réitère dans son discours : « Catherine est si radieuse et si belle. » Réduite à sa seule plastique, Kate, une nouvelle fois, réplique avec élégance. La classe, tout simplement.
Durant cette visite d’État du couple Trump en Angleterre, la princesse de Galles a occupé un rôle majeur. Le 18 septembre, elle a accueilli Melania Trump dans les jardins de Frogmore House, pour participer à diverses activités avec de jeunes scouts. Une expérience inédite pour Kate, qui ne s’était jamais occupée seule du déplacement d’une première dame étrangère sur le sol britannique. Comme si elle était déjà un peu reine.
Médiatrice, un rôle qui colle à la peau de Kate
Certains prétendent que Camilla prendrait ombrage de l’incroyable aura de Catherine. Ainsi le prouverait cette récente vidéo qui a fait jaser sur les réseaux sociaux, dans laquelle on croit voir l’épouse de Charles III remettre Kate à sa place, d’un signe de la main agacé, alors que celle-ci discutait avec Melania Trump. Il s’agissait là, assurément, d’une simple question de protocole, que nous autres plébéiens ne pouvons comprendre. En réalité, Camilla a été le chaperon de Kate à ses débuts dans la famille royale. Elle lui a montré comment éviter les embûches et les maladresses. « Même si, dans les sondages, la princesse de Galles est bien plus populaire que la reine, cela n’entrave en rien leur complicité », assure une source proche du palais.
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Charles III a rapidement compris que sa belle-fille était un atout inestimable pour l’institution monarchique. Qu’elle réussirait à combler le vide laissé par la disparition de lady Di… Les scandales en moins. Il n’a jamais rien eu à reprocher à Catherine, dont l’adage pourrait être « jamais un faux pas, jamais un faux pli ». Il l’appelle parfois sa « belle-fille bien-aimée ». Mais plus qu’une bru, elle est aussi cette fille qu’il rêvait d’avoir, lui qui n’avait pas tu sa déception à la naissance de son deuxième garçon. C’est que Charles et Kate partagent plusieurs passions, un goût pour la nature, une appétence pour la peinture. Parfois, il l’invite dans sa loge au théâtre de Covent Garden pour un concert ou un opéra. Comme il le faisait autrefois avec sa grand-mère chérie, Queen Mum. Un divertissement moins au goût de William.
Avec le roi et Donald Trump au centre d’une tablée de 160 invités. Elle arbore les broches de l’ordre de la famille royale, ornées des portraits de Charles III et d’Elizabeth II.
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En 2010, le jour de ses fiançailles, Kate confiait avoir été « accueillie à bras ouverts » par son futur beau-père. Quelques mois plus tard, celui-ci lui rendait la pareille en déclarant « être chanceux » de la compter dans son clan. L’épreuve du cancer, que le destin a choisi de leur faire traverser en même temps, les a encore rapprochés. En mars 2024, quelques jours avant de révéler au monde entier quel mal la rongeait, Catherine avait consulté Charles III, au cours d’un déjeuner en tête-à-tête, dont tous deux étaient sortis particulièrement émus, selon des témoins de la scène.
Durant tout le traitement de la princesse, le monarque s’est enquis de son état de santé. Lui qui déteste pourtant décrocher son téléphone. « Il est resté en contact étroit avec sa belle-fille bien-aimée tout du long », avait confirmé un porte-parole du palais. Entre le souverain et son héritier, la relation est en revanche plus compliquée. L’actuel détenteur du trône jugerait son successeur trop impatient d’y monter. William distille çà et là, parfois même lors de déclarations publiques, des indices sur ce qu’il prévoit pour son futur règne. De quoi irriter Charles III qui – bien que toujours soigné pour un cancer que l’on dit incurable – est loin de s’imaginer passer la main. « Le prince de Galles commence vraiment à marcher sur les plates-bandes de son père. Il est très clair qu’il a un besoin de s’affirmer, profitant d’une certaine vacance du pouvoir provoquée par la maladie de Charles », note Marc Roche, le plus francophone des « royal watchers » (« Ma vie chez les Windsor », éd. Albin Michel). Comme quand il a appelé à un cessez-le-feu à Gaza, un terrain diplomatique sur lequel il ne se serait jamais aventuré auparavant. Ces dernières années, William s’est mué en écologiste convaincu et a créé un prix consacré à l’environnement, le Earthshot Prize, sans rendre hommage à Charles, pourtant reconnu comme précurseur en la matière. Une véritable trahison.
Dans le verre de Kate, du Wiston Estate cuvée 2016. Trump, lui, ne boit jamais d’alcool. Même pas le cognac 1912 servi en apothéose.
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En août dernier, William, Kate et leurs trois enfants n’ont pourtant pas manqué d’aller passer une partie de leurs congés en Écosse, à Balmoral, où le roi et la reine séjournent à la belle saison, comme le veut la tradition. « Mais Charles et William n’ont pas discuté en tête-à-tête une seule fois », précise une source auprès du média en ligne Daily Beast. Ils ne se sont pas plus adressé la parole lors des funérailles de la duchesse de Kent, le 16 septembre à Londres. Pas un mot, pas un regard… C’est donc seule que la princesse de Galles est allée saluer le roi, sur le parvis de la cathédrale de Westminster. Comme à son habitude, elle a accompagné sa parfaite révérence d’une tendre bise sur la joue. La première fois qu’elle s’était permis cette familiarité en public, la presse anglaise n’avait pas manqué de s’en étonner. Mais c’est ça, le style Middleton : un parfait équilibre entre le conservatisme et la modernité, entre l’étiquette et la simplicité.
Adieu tiares et dentelles ! Le 18 septembre, Kate convie Melania à une journée champêtre. Ravie, la première dame confie qu’elle a un insecte préféré : la coccinelle.
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Aujourd’hui, elle semble être la seule à pouvoir faire le lien entre un père et un fils qui ne se comprennent plus. Médiatrice ? Voilà un rôle qui lui colle à la peau. En 2023, Charles avait chargé Catherine d’apaiser la situation entre Harry et Meghan d’un côté, et le reste de la famille royale de l’autre. Une mission dans laquelle elle a indiscutablement échoué… Mais, depuis quelque temps, la princesse de Galles serait déterminée à ce que des réconciliations aient enfin lieu. Du moins pour montrer le bon exemple aux enfants : George, Charlotte et Louis connaissent à peine Archie et Lilibet, leurs cousins exilés aux États-Unis. La princesse de Galles serait prête à pardonner au duc et à la duchesse de Sussex leur grand déballage médiatique, qui ne l’a pourtant pas épargnée. Dans son autobiographie « Le suppléant », Harry a égratigné celle qu’il a longtemps considérée comme une grande soeur. L’expert royal Duncan Larcombe souligne tout de même que le prince et la princesse de Galles n’ont pas publié de message pour l’anniversaire du prince Harry, ce 15 septembre : « Je pense que Kate veut lui signifier que la balle n’est pas dans leur camp mais dans le sien. » Alors, à l’heure où le duc de Sussex assure vouloir revenir plus souvent au Royaume-Uni, ne faut-il pas tourner la page ?
La princesse et son invitée se mêlent à un jeu scout: faire sauter des ballons à l’aide d’un parachute. À Windsor, sur le terrain de Frogmore Cottage.
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Après l’épreuve du cancer, Catherine semble vouloir écrire un nouveau chapitre de sa vie. En cette rentrée, elle a marqué son envie d’un nouveau départ en apparaissant avec une coiffure plus volumineuse et surtout plus blonde. Une transformation radicale qui a nourri les rumeurs et les commentaires nauséabonds. Certains sont allés jusqu’à dire que la princesse portait une perruque. « Que Kate ait quelques mèches plus claires ne devrait pas être un choc. Nos attentes envers la royauté moderne sont définitivement tout sauf modernes », a grondé le très sérieux « Times ». Prochain changement : Kate et les siens déménageront d’ici la fin de l’année à Forest Lodge, une élégante demeure au coeur du Windsor Great Park. Selon l’entourage de la famille, William et Catherine souhaiteraient y habiter « pour toujours », même quand ils deviendront roi et reine. Une petite révolution pour l’institution, mais c’est dans cette maison que la princesse envisage de construire l’avenir. Un avenir plus apaisé.